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346. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Combinée avec les passions et les croyances d’un chacun, avec le talent naturel, la pauvreté a engendré sa part, même des plus nobles œvres, et de celles qui ont l’air le plus désintéressées. […] Je sais qu’un noble esprit peut, sans honte et sans crime, Tirer de son travail un tribut légitime, disait Boileau en faveur de Racine, et c’était une manière de concession. […] Sous l’Empire, relativement, on écrivit peu ; sous la Restauration, en écrivant beaucoup, on garda, je l’ai dit, de nobles enseignes. […] Mais qu’il faut peu de chose à travers ces nobles efforts pour les faire dévier et avorter !

347. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Cette noble femme, une fois associée aux destinées des petits-fils de Clovis, aurait tenté, dans toute sa carrière, de restaurer la puissance déjà déclinante de la vieille race, de combattre à mort l’opposition conjurée des leudes et des évêques, et de déjouer, au nom d’une haute et souveraine idée, les essais de féodalité ou d’aristocratie naissante, ou même d’organisation synodale. […] Nous ne croyons pas méconnaître le sentiment avoué du noble survenant, en disant que ce haut hommage ressort de son opposition même. […] Plus la forme était différente et plus le terrain des deux sujets éloigné, plus aussi la noble lutte avait tout son jeu. […] Au reste, ce qui est éclatant, noble et d’une élévation éloquente, je l’accepte de grand cœur et le salue.

348. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Rien ne me semblait plus beau, plus noble, plus passionné et plus élégant que ces histoires d’amour. […] Si je dis qu’il consiste, chez l’écrivain, dans l’invention et dans la peinture habituelles de personnages si beaux et si accomplis, de passions si fortes, de sentiments si nobles et si héroïques qu’on n’en trouve presque point de semblables dans la réalité, on me fera remarquer que le romanesque se confond avec la poésie et que, par exemple, tout le théâtre de Corneille est donc un théâtre romanesque. […] Maxime est beau, spirituel, instruit, excellent cavalier, habile à tous les sports, noble, fier, héroïque ; et, s’il se fait appeler Maxime Odiot, il s’appelle aussi Maxime de Champcey d’Hauterive. […] Et, si ce sont là actions pures, au moins nous avons vécu pendant une heure au milieu d’une humanité plus belle et plus noble, ce qui est un grand plaisir pour ceux qui n’aiment pas la réalité ou qui ne savent pas la voir.

349. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

J’ai, à mes risques, fondé la Revue Wagnérienne, je l’ai soutenue par beaucoup de sacrifices peu soupçonnés, sacrifices de temps, d’argent et autres (et cela malgré le secours à jamais admirable de quelques honnêtes gens épris d’art wagnérien), je l’ai conduite pure radicalement de toute concession et indéniablement vierge de compromis quels qu’ils soient avec l’argent ou la puissance : j’aimerais mieux qu’elle pérît plutôt que de déshonorer ces trois années de dévotion à un idéal d’art très vénéré, plutôt que d’en faire hommage à quelqu’un (même fût-il wagnérien) plutôt que de trahir la religion de mon maître Richard Wagner — celui qui ne craignit pas de faire la guerre aux grands… Et la Revue Wagnérienne, fière de son titre et d’avoir avant tout et constamment été une « revue wagnérienne » aura dit pourquoi, en 1887, après tant de luttes nobles et courageuses, le wagnérisme aura honteusement succombé à Paris. […] Carvalho rouvrira son usine ; les rendez-vous de noble compagnie continueront à s’y donner, sous les regards propices des agences matrimoniales, et l’on s’efforcera d’y célébrer dignement le vin, l’amour et le tabac, car c’est là, c’est là le refrain du bivouac. […] La lettre était datée : « Paris, le 7 mai 1841 » et on y voyait entre autres choses : « Le monde doit posséder un portrait de ce grand homme, clair et noble comme lui. […] Perron a donné à Wolfram une signification extraordinaire : ce rôle, le plus noble et le plus élégant (un souvenir du Don Ottavio de Don Juan) de tous ceux qu’a conçus le génie de Wagner, a trouvé en lui un digne interprète, surtout dans l’air du concours.

350. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Condorcet, né le 17 septembre 1743, en Picardie, d’une famille noble, dont les membres étaient avantageusement placés dans l’armée et dans l’Église, sentit de bonne heure une vocation irrésistible pour les sciences et les lettres. […] Biot, de plus intéressant, de plus digne, de plus noble, que ses éloges de Linné, d’Euler et de Haller. » L’extrême faveur dont jouissait alors la philosophie faisait qu’on passait volontiers à Condorcet quelques petits pamphlets anonymes et satiriques, dont il se donnait parfois le plaisir sous divers déguisements. […] Noble vieillard, ces paroles n’étaient pas dignes d’une bouche telle que la vôtre ; mais le vrai coupable est celui qui a pu vous les arracher ! […] Cette fin malheureuse et les circonstances touchantes qui l’accompagnèrent, le long deuil, le mérite et la beauté de sa noble veuve, cette pitié et cette indulgence mutuelle dont chacun avait besoin après tant d’erreurs et tant d’excès, ont pu recouvrir les torts de ses dernières années et faire remonter peu à peu son nom au rang d’où il n’aurait jamais dû le laisser déchoir.

351. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Insistant sur ce principe d’émulation et de noble zèle, elle est allée jusqu’à dire à son fils : On ne peut avoir trop d’ardeur de s’élever, ni soutenir ses désirs d’espérances trop flatteuses. […] Il nous présente en dix endroits de ses lettres Mme de Lambert sous un jour assez particulier : C’était, dit-il, ma plus ancienne amie, et ma contemporaine… Elle était née avec beaucoup d’esprit : elle le cultivait par une lecture assidue ; mais le plus beau fleuron de sa couronne était une noble et lumineuse simplicité dont, à soixante ans, elle s’avisa de se dédire. […] Elle dira en définissant toujours l’amitié, et les qualités qu’elle exige, et les vices de cœur qu’elle exclut : « Les avares ne connaissent point un si noble sentiment ; la véritable amitié est opulente. » Elle dira encore, en recommandant à son fils de se méfier des plaisirs : « Se livrer à la volupté, c’est se dégrader. […] La conclusion littéraire sur Mme de Lambert, sur cette personne de mérite, si délicate à la fois et si bien-pensante, et qui fit de ses qualités et de sa fortune un si noble usage, a été donnée dès longtemps par un de ses autres amis que j’ai déjà nommé, le judicieux marquis d’Argenson : Ses ouvrages, écrivait-il, contiennent un cours complet de la morale la plus parfaite à l’usage du monde et du temps présent.

352. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Elle est à la fois noble, élégante et positive. Positive, elle est plus utile à l’intelligence qu’à l’imagination ; élégante, elle reconnaît pour législateur le goût plus que le génie ; noble, mais dédaigneuse, si elle sait rendre l’expression des sentiments généreux et élevés, elle se refuse peut-être à la naïveté sublime. […] Non, sans doute ; ainsi que nous l’avons déjà dit, ils furent guidés par un plus noble sentiment, celui de commander le respect pour la loi ; d’en interdire l’examen indiscret ; de la transmettre par la parole parlée, sainte et mystérieuse ; d’en confier le dépôt directement à l’âme ; de ne point en enfermer le vaste sens dans les limites d’une expression matérielle : ils voulurent se réserver de celer au profane vulgaire les choses qu’il doit ignorer, et de mesurer l’instruction selon les castes et les tribus ; car les castes et les tribus, conservatrices des traditions, furent une institution nécessaire des premiers âges des sociétés humaines. […] L’homme tout seul peut bien avoir des sentiments nobles et généreux, puisqu’il y a des vertus obscures, des sacrifices ignorés ; mais comment l’homme aurait-il conçu de tels sentiments s’il n’eût pas vécu avec ses semblables ?

353. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Soumet, sur le ton solennel d’un prône ou d’un ordre du jour : « Les lettres sont aujourd’hui comme la politique et la religion ; elles ont leur profession de foi, et c’est en ne méconnaissant plus l’obligation qui leur est imposée que nos écrivains pourront se réunir, comme les prêtres d’un même culte, autour des autels de la vérité ; ils auront aussi leur sainte alliance ; ils n’useront pas à s’attaquer mutuellement des forces destinées à un plus noble usage ; ils voudront que leurs ouvrages soient jugés comme des actions, avant de l’être comme des écrits ; ils ne reculeront jamais devant les conséquences, devant les dangers d’une parole courageuse, et ils se rappelleront que le dieu qui rendait les oracles du temple de Delphes, avait été représenté sortant d’un combat. » Une fois qu’on en venait à un combat dans les formes avec les idées dominantes, on était certain de ne pas vaincre. […] Il en est résulté des impressions fâcheuses contre l’auteur ; le ridicule s’est tourné de ce côté pour se venger d’un poète trop dédaigneux de la faveur populaire ; et, laissant les nobles parties dans l’ombre, on a fait de son talent, aux yeux de bien des gens, une sorte de monstre hideux et grotesque, assez semblable à l’un des nains de ses romans.

354. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Sur les autres sujets d’investigation et de noble inquiétude où s’est aventurée la pensée ardente de ce siècle, la Revue encyclopédique conserve cette ligne avancée, ce poste honorable d’avant-garde philosophique, qu’il est toujours bon d’avoir essayé de tenir, même lorsque par endroits on serait contraint de se replier. […] Aussi, tout en félicitant les écrivains de la Revue de leur noble effort pour replanter un véritable arbre encyclopédique au milieu de notre sol poudreux et tant de fois balayé, nous les louons de ne pas négliger les morceaux de science et de littérature positive qui s’adressent à tous les bons esprits, et qui sont, d’ici à un assez long temps encore, les seuls produits toujours possibles et d’une culture qui ne trompe jamais.

355. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

Les affections morales, unies, dès la jeunesse, aux passions brûlantes, peuvent se prolonger par de nobles traces jusqu’à la fin de l’existence, et laisser voir encore le même tableau sous le crêpe funèbre du temps. […] Et c’est la plus grande, la plus noble, la plus fière des pensées humaines, la république, qui a prêté son ombre à ces forfaits exécrables !

356. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

André Fontainas L’action, sans surcharges d’inutiles ornements, court rapide et noble, en vers énergiques ou assouplis selon l’hymne qu’ils chantent ; de brutale fureur, de dédain hautain ou d’amour qui s’éveille, le drame est puissant et fort beau, en dépit d’un défaut d’unité trop apparent : de Swanhilde renonciatrice et superbe, de Swanhilde que l’amour attendrit, s’est, brusquement après l’épisode, déplacé l’intérêt pour se fixer au deuil et aux seules douleurs d’une mère. […] D’anciennes racines ne le lient point à ce sol, ni à ce splendide parler auquel, avec une noble humilité, il a dédié son livre le mieux achevé.

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