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307. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 451-455

PANARD, [Charles-François] à Couville près de Chartres en 1690, mort à Paris en 1765. […] Ses autres Comédies & ses Opéra comiques sont remplis de traits aussi agréables, & qui naissent également du fond du sujet.

308. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

PRÉVOT D’EXILES, [Antoine-François] Aumônier & Secrétaire du Prince de Conti, à Hesdin en Artois, en 1697, mort à Paris en 1763. […] Personne n’a su mieux aiguiser le sentiment par des Réflexions fines & délicates, par une Morale utile, & par l’adresse de la faire naître des circonstances, toutes les fois qu’il ne s’abandonne pas trop à l’envie de moraliser, qui paroît avoir été son foible dominant.

309. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IX. Du vague des passions. »

Les femmes, indépendamment de la passion directe qu’elles font naître chez les peuples modernes, influent encore sur les autres sentiments. […] Dégoûtées par leur siècle, effrayées par leur religion, elles sont restées dans le monde, sans se livrer au monde : alors elles sont devenues la proie de mille chimères ; alors on a vu naître cette coupable mélancolie qui s’engendre au milieu des passions, lorsque ces passions, sans objet, se consument d’elles-mêmes dans un cœur solitaire55.

310. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

La science de l’économie politique, qui ne commence qu’à naître et à balbutier en Europe, était déjà parvenue à une haute théorie de principes et d’application en Chine. […] « Je dois d’abord, disait-il, faire le bien où le ciel m’a fait naître. […] Il conserva son modique patrimoine, gage de son indépendance et héritage de son fils ; il vivait selon la condition à la fois digne et modeste dans laquelle il était  ; il refusa le don qu’on voulait lui faire de villes ou de provinces en propriété. […] Le père, le premier, avait la priorité de l’intelligence ; il savait ce que les fils ignoraient. […] … Magnifique solidarité entre les hommes nés et à naître et entre Dieu, justice et providence de toute cette famille humaine !

311. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

dans ces massacres et grandi dans ces ruines, Audin eut pour premiers spectacles les malheurs de sa ville natale ; et les premières impressions, qui pétrissent et moulent si bien l’âme d’un homme, qu’elles en arrêtent la forme à jamais, affermirent dans l’enfant lyonnais le christianisme de sa mère, et apprirent à cet être doux, fin et candide qu’il était et qu’il resta toujours, que la religion avait besoin, dans ce temps-là, pour se défendre, de ces doux auxquels elle a promis l’empire de la terre ! […] Cette composition était née. […] C’était bien dans ce pays intérieur, dans ce pays du logis, du home, où chaque maison, selon la grande expression de lord Chatam, est une « inviolable forteresse », que devait naître cette histoire intime qui, dans la vie de tout homme public, double son histoire extérieure. Elle devait y naître, mais y naître tard, dans ce repli des mœurs modernes qui se creusent comme nos fronts, comme le sol, comme tout ce que le temps approfondit en le rongeant ; le Temps, ce fossoyeur de gouffres ! […] Il se proposait de commencer par les réformateurs d’une époque où la révolte naissait de la révolte, et réalisait, dans la sphère morale, la divisibilité impossible de la matière à l’infini.

312. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

en 1610 au village et à la ferme d’Houay près d’Argentan en Basse-Normandie, il se nommait Eudes de son nom, et appartenait à une famille et à une race originale. […] À ce sujet, il parle de ses devanciers, et, sans les trop écraser, il les relègue assez légèrement dans le passé ; il s’empresse pourtant de proclamer que, quoi qu’on puisse tenter de nouveau et quel que soit le nombre et l’émulation des historiens présents et futurs, il y a fort à faire pour atteindre la grandeur et l’immensité d’un tel sujet : Mais qu’il en naisse tous les ans de nouveaux, dit-il ; ils ne mettront jamais ce sujet en sa perfection. […] N’accusons donc point Mézeray de ces lacunes, et sachons-lui gré plutôt de les avoir si bien signalées et définies : il a fallu deux siècles de défrichement et de critique, des travaux sans nombre et en France et dans d’autres pays, des systèmes contradictoires qui se sont usés en se combattant et qui ont fécondé le champ commun par leurs débris ; il a fallu enfin ce qu’invoquait Mézeray, l’appui des gouvernements dans les recherches, dans le libre accès aux sources et à toutes les chartes et archives, pour que les faits généraux qui se rapportent à cette première et à cette seconde race fussent éclaircis, pour que la société féodale fût bien connue, et que l’histoire du tiers état pût naître. […] Le sentiment national qui anime Mézeray s’exprime naïvement au début du règne de Charlemagne : « Que j’ai maintenant de plaisir, s’écrie-t-il, d’être Français, lorsque je vois notre monarchie s’élever à une gloire où jamais aucun État chrétien n’a su monter !  […] Aussitôt le mariage célébré en Normandie entre Blanche et le fils de Philippe Auguste, Louis emmène sa chère moitié à Paris : Les deux époux étaient à peu près pareils en âge, de treize à quatorze ans, tous deux d’un esprit enclin à la piété, éloigné du vice, pur, ouvert et sans fiel, et en tout tellement semblables l’un à l’autre, que de ce parfait rapport et de cette mutuelle correspondance naquit entre eux deux un amour saint, qui fut désormais l’âme de l’un et de l’autre.

313. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

M. de Chateaubriand, qu’il faut toujours nommer d’abord (ab Jove principium), non-seulement comme le premier en date et en rang, mais aussi comme le plus durable, comme l’aïeul debout qui a vu naître, passer et choir bien des fils et petits-fils devant lui ; M. de Chateaubriand, après s’être dégagé avec honneur de la politique et s’être voué uniquement à sa grande composition finale, aux vastes bas-reliefs de son monument, a eu cela de remarquable et de progressif de s’établir dans une existence plus calme, plus sereine et véritablement bienséante à tant de gloire. […] M. de Balzac est depuis, en effet, malgré les cinquante romans qu’il avait publiés d’abord ; nous voudrions ne pas ajouter qu’il a déjà eu le temps de mourir, malgré les cinquante autres qu’il s’apprête à publier encore. […] Une quantité de talents déjà nés sous la Restauration, mais qui ont développé depuis lors des secondes phases complètes, semblent merveilleusement s’y prêter pour le fond ; il leur manque seulement que l’impulsion leur en vienne de quelque part ; ils sont exactement disponibles : quel souffle donc les pourrait remuer et, si peu que ce fût, rassembler ? […] Une critique nouvelle, et sans prétention de l’être, faisant digue au mal, refaisant appui aux monuments, peut naître de là ; elle est toute née par la force des choses ; elle existe déjà de formation naturelle plutôt que de propos délibéré ; c’est la meilleure : on en voit déjà les caractères.

314. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Il était à Fontenay-en-Vexin, en 1639, et il ajouté un nom de plus à la liste déjà si brillante des poètes normands. […] Il eut dans le monde une autre maîtresse très agréable et l’une des femmes les plus distinguées d’alors, Mme d’Aligre, née Turgot, la même que La Bruyère a célébrée dans l’un de ses portraits les plus flatteurs. […] Chaulieu, jusque dans l’âge le plus avancé, se disait en sage qu’il faut laisser sa place à l’illusion, créer et favoriser le charme dès qu’il veut naître, et le prolonger aussi loin qu’on peut : Vous savez bien, écrivait-il à Mlle de Launay, que nous décidâmes l’autre jour que les chimères doivent avoir place parmi les projets des hommes… Croyez-moi, faites durer le charme au lieu de le faire cesser. […] Au sein de la joie et des plaisirs, il avait rimé et chansonné mille folies aimables, chères à ses sociétés, mais aussi légères que l’occasion qui les faisait naître, et dont toute la grâce est dès longtemps évaporée. […] Le marquis de La Fare, en 1644, c’est-à-dire plus jeune que Chaulieu de cinq ans, était entré de bonne heure au service ; il y avait débuté avec toutes sortes d’avantages : Ma figure, qui n’était pas déplaisante, dit-il, quoique je ne fusse pas du premier ordre des gens bien faits, mes manières, mon humeur, et mon esprit qui était doux, faisaient un tout qui plaisait assez au monde, et peu de gens, en y entrant, ont été mieux reçus… Voilà comment les honnêtes gens autrefois s’exprimaient en parlant d’eux-mêmes, sans se trop glorifier et sans se déprécier non plus, ce qui est une autre forme de vanité.

315. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Pour cela, je vais le faire naître, et je le ferai naître en observant les cas particuliers où il se, produit. […] Traduisez de même les autres expressions un peu compliquées ou vagues, en reproduisant les circonstances où elles peuvent naître. […] Dans tous les cas, j’ai recréé mon idée, en reproduisant la circonstance particulière qui l’a fait naître ; j’ai démêlé cette circonstance en la rendant sensible ; je l’ai rendue sensible en la grossissant ; et je l’ai grossie en la répétant plusieurs fois. […] Pour cela on met le mot dans les cas particuliers, singuliers et déterminés où il peut naître ; on le fait ainsi renaître ; et en répétant l’opération plusieurs fois, sur des exemples distincts et semblables, on finit par démêler la circonstance à laquelle il correspond.

316. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Aucun visage humain ne m’étonnera. » — Il ne dit pas : je suis la même année que Bonaparte ; mais : « L’année où je naquis, naissait en Corse… » 6. […] La littérature moderne naissait. […] Il dit très bien de lui-même : « J’étais sérieux et tendre. » Il était capable de tous les sentiments qui absorbent l’âme dans une contemplation muette, intime et délicieuse. […] Il était journaliste. […] Naissez !

317. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Frères jumeaux à l’origine, issus du même éclair, nés dans le même âtre, ils semblaient à peine distincts l’un de l’autre. […] Quand Héphestos naquit, Héra, sa mère, furieuse d’avoir conçu cet enfant difforme, le précipita dans la mer où il fut recueilli par des déesses nourricières. […] Les dieux existants naissent de ceux qui n’existent plus, et qu’a vus l’âge précédent. » — Ailleurs, un prêtre versant le Soma sur l’autel d’Agni, confond dans un même hommage les dieux passés, présents et futurs, les aïeux et les enfants de l’Ether, ceux qu’abolit déjà la caducité, et ceux qui naissent à la vie céleste. — « Adoration aux grands dieux ! […] Chacun de ses dieux naît du point lumineux d’un astre, d’une motte du sol, d’une vague marine, d’un météore de l’atmosphère, et il n’exprime d’abord que ce phénomène isolé. […] Il est leur aîné, il les a vus naître et surgir sur des dieux tombés ; il les verra décroître, périr à leur tour.

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