En me présentant aujourd’hui devant de nouveaux lecteurs, et en espérant qu’ils sont peut-être ou qu’ils seront à peu près les mêmes que ceux que j’avais hier, je n’ai qu’une bien courte préface à leur adresser, et je la ferai simplement en quelques mots. […] Je ne vois point surtout ce mot d’amoureux reparaître nulle part sous sa plume. […] On lit dans la correspondance d’Horace Walpole un mot sur l’abbé Barthélemy, un éloge qui a besoin d’explication. […] Outre un grand savoir, il a infiniment d’esprit et de polissonnerie (le mot est ainsi en français et souligné dans Walpole), et c’est une des meilleures espèces d’hommes qui soient au monde. Évidemment, Walpole ne se rendait pas bien compte de ce que signifiait le mot qu’il donnait en français ; il est probable qu’il entendait parler de ce badinage enjoué et vif que l’abbé Barthélemy avait dans un salon.
le plaisir d’une bonne odeur et celui d’un bon mot diffèrent-ils autrement que par des qualités intellectuelles qui ne sont plus le plaisir même et qui n’en peuvent résulter ? […] Ce mot de tendance, ici, est l’expression anticipée des directions que le mouvement prendra nécessairement par la constitution même des organes. […] Le mot de sensibilité est sans doute ici excessif, mais, comme dit Leibniz, il faut quelquefois parler abusivement pour parler fortement. […] Pour résoudre entièrement la question, il faudrait avoir pénétré l’énigme de la communication du mouvement, l’énigme de la force motrice et de la résistance, en un mot de l’être et de l’action mutuelle des êtres. […] Nous commençons par peiner, dans tous les sens du mot, avant de tendre vers un plaisir déterminé ; le besoin nous pousse par derrière, avant que le désir nous attire en avant.
Déjà les Latins employaient le mot genius (venu du grec gênios) et les Arabes le mot djinn qui en est sans doute le prototype. […] Ces grigris peuvent être des mots du Koran comme dans le chasseur de Ouallalane. […] Vampires : Dans le conte peuhl : « Les mots magiques » il est parlé d’une soukoun âdio ». […] Mot ouolof qui bénéficie du fait que c’est le premier que l’on entend en venant en Afrique pour désigner les êtres surnaturels des contes indigènes. […] Ce mot signifie surtout : ombre.
Le mot de madame, dès qu’on l’écrit ou qu’on le prononce, désarme et attendrit la pensée. […] Mme Stern a beau s’embourgeoiser dans la raison de Roland, cette femme pot-au-feu de la liberté, elle reste femme comme il faut, du moins dans le sens que le monde donne à ce mot-là. […] C’est le mot de l’Italien qui avait tué son père et qui disait : « J’ai fait un malheur » transporté dans l’ordre moral où nous ne voulons plus voir que des malheurs et non des fautes, tant nous fluons de pitié ! […] Ce mot-là (Dieu) recouvre, dit-elle, pour la plupart de ceux qui l’emploient, par son ampleur, le vide de la pensée. […] Le mot, qui veut être cruel, pourrait être charmant.
Il n’y a complète unification sociale que là où il existe, pour régler les rapports des unités associées, une certaine organisation politique, juridique, administrative, économique, — une loi, un pouvoir central, en un mot, un État. […] En un mot, tandis qu’une société industrielle se prête à la décentralisation des fonctions sociales, une société militaire est rigoureusement centralisée. […] Elle repose sur des équivoques, celles mêmes que recèle le mot de liberté. Il n’y a pas de mot qui soit entendu en des sens plus différents. […] Si en un mot l’unification des sociétés s’oppose nécessairement à leur sectionnement, elle ne s’oppose pas nécessairement à leur complication.
Avant de l’ouvrir, encore un mot, et mon préambule sera fini. […] Montrons-lui notre warrant, et plus un mot. […] Ils ont des sources et des ressources, dans le sens propre et primitif du mot. […] Tout cela se disait d’un seul mot : Eucolos. […] — Rien que sur ces deux derniers mots, il y aurait tout un chapitre.
Je vous en supplie, je vous en conjure, dites-moi dans quel salon, dans quel cabaret, dans quelle réunion mondaine ou intime vous avez entendu un mot spirituel prononcé par l’enfant gâté, un mot profond, brillant, concentré, qui fasse penser ou rêver, un mot suggestif enfin ! […] On y cherche le sens des mots, la génération des mots, l’étymologie des mots ; enfin on en extrait tous les éléments qui composent une phrase et un récit ; mais personne n’a jamais considéré le dictionnaire comme une composition dans le sens poétique du mot. […] En un mot, Eugène Delacroix peint surtout l’âme dans ses belles heures. […] J’ai dans le triple titre de ce chapitre adopté le mot fantaisie non sans quelque raison. […] On n’entendra pas, je présume, le mot dans un sens désagréable.
Deux ou trois mots de passe étaient exigés. […] Au premier mot il avait tout compris, tant son esprit était alerte. […] Souvent un auteur, une œuvre, sont appréciés d’un mot, mais ce mot est décisif et porte coup. […] Jamais auteur ne fut plus populaire dans le vrai sens du mot. […] Si nous ne craignions que le sens de nos paroles fût mal interprété, nous dirions qu’il s’y trouve d’exquises symphonies de mots ; les mots !
Mot brillant sans profondeur. […] Or, ce roman très simple se raconte en trois mots. […] La chimie n’est pas un vain mot, peut-être ! […] Il voudrait que tout son mépris, toutes ses colères, toutes ses douleurs, pussent tenir dans un seul mot qui serait la foudre, afin de prononcer ce mot. […] » supprimant ainsi d’un seul mot toute la philippique.
Mais le sentiment patriotique a changé de mesure, le mot nation est trop vaste, trop vague peut-être pour tenir en un poème. […] Zola a bien soin de n’en souffler mot. […] Puis, je serais plus à l’aise si vous vouliez remplacer ce mot d’idéal par celui d’hypothèse, qui en est l’équivalent scientifique. […] Ces lignes sont évidemment de la même inspiration que le commentaire lyrique du mot Cambronne dans les Misérables. […] Avant d’examiner le roman naturaliste et sociologique, disons quelques mots des mœurs mondaines qui, pour quelques-uns, ont un sujet préféré.
Faut-il définir par le mot brutal l’expression intime qui vient d’être formulée ? […] Ce sont des mots, du bafouillage, qui perdirent les républicains généreux, mais niais, de 1848. […] Hugo a possédé toute la magie et tout le prestige du Mot ; Vigny, toute la grandeur et toute la sérénité douloureuse de la Pensée. […] tu fis croire Que jaillissait l’idée au cliquetis des mots. […] Il fut un prestigieux virtuose, mais ce sont les mots qu’il a fait chanter bien plus que sa pensée et que son cœur.