Nous sommes bien fous de nous mettre si avant dans le cœur des passions qui n’ont été qu’au bout de la plume de messieurs les poètes ! […] Rien de si commun dans les romans que de voir un seul chevalier mettre en fuite une armée entière. […] Le grand succès d’Esther, dit madame de Caylus, avait mis Racine en goût. […] L’Ésope à la cour ne parut au théâtre qu’en 1701 ; Boursault était déjà mort, et il n’avait pas mis la dernière main à son ouvrage. […] Je ne sais s’il faut beaucoup féliciter Boursault d’avoir imaginé le premier de mettre sur la scène Ésope et ses fables : cela paraît directement contraire à la nature du poème dramatique ; et cette manière de mettre l’instruction et la morale en apologue, au lieu de la mettre en action, loin d’être ingénieuse, a quelque chose de grossier.
salués d’applaudissements de triomphe, des milliers de savants s’emploieront à des investigations physiques presque infinitésimales ; à rechercher la composition atomique et la structure microscopique du corps ; à explorer les formes innombrables de la vie animale et végétale, invisibles à l’œil tout seul ; à découvrir des planètes qui ont parcouru, inconnues pendant des siècles, leurs orbites obscurs ; à condenser, par la puissance du télescope, en soleils et systèmes, ce qui était regardé récemment encore comme la vapeur élémentaire des étoiles ; à traduire en formules numériques l’inconcevable rapidité des vibrations qui constituent ces rayons, si fermes en apparence que les plus forts vents ne les ébranlent pas ; à mettre ainsi en vue les parties les plus mystérieuses de l’univers matériel, depuis l’infiniment loin jusqu’à l’infiniment petit ; mais l’analyse exacte des phénomènes de conscience, la distinction entre les différences, si fines pourtant et si petites, des sentiments et des opérations ; l’investigation attentive des enchaînements les plus subtils de la pensée, la vue ferme mais délicate de ces analogies mentales qui se dérobent au maniement grossier et négligent de l’observation vulgaire, l’appréciation exacte du langage et de tous ses changements de nuances et de tous ses expédients cachés, la décomposition des procédés du raisonnement, la mise à nu des fondements de l’évidence : tout cela serait stigmatisé comme un exercice superflu de pénétration, comme une perte de puissance analytique, comme une vaine dissection de cheveux, comme un tissage inutile de toiles d’araignées ? […] Soutenir le contraire, suivant eux, c’est introduire le scepticisme. — Selon les contemporains, la perception est l’acte commun du sujet et de l’objet : ma perception est mon œuvre, je mets dans le monde extérieur au moins autant que j’en reçois. […] « Si la psychologie, dit-il276, étudiait les affections et opérations au lieu des facultés, et réglait son langage en conséquence, il semble qu’on se débarrasserait d’un bon nombre de questions embarrassantes parmi lesquelles il faut mettre la controverse sur la liberté de la volonté, ce qui est littéralement la liberté d’une non-existence. » La question examinée de près se réduit, suivant l’auteur, à se demander, non pas si nous sommes libres d’agir dans certains cas comme il nous plaît, — car personne, je pense, ne conteste que nous le soyons ; — mais s’il y a des causes régulières qui nous mettent en état de « vouloir » agir comme nous agissons.
Il est bien plus naturel & plus juste de les considérer comme autant de préceptes mis en action, comme autant de préceptes mis en action, comme autant d’Apologues dont il est facile de tirer le sens moral ; & l’Apologue a toujours été regardé comme la tournure la plus propre à inculquer les leçons. […] Clément est-il mieux fondé à avancer que « le style de du Fresnoyest à lui ; qu’il s’est formé sur Lucrèce & sur Horace, mais qu’il ne les a point mis à contribution ; que l’Abbé de Marsy a le style de tous les Poëtes Latins de Collége ; que ce sont des membres de Vers, pris çà & là dans Virgile, dans Ovide ; qu’il n’a rien qui lui appartienne, rien qui lui soit propre, & c. » ? […] N’est-il pas arrivé à Virgile lui-même de mettre à contribution plusieurs Poëtes de son temps, comme on peut en juger par les citations de Macrobe ? […] Clément * met le Poëme de la Peinture au dessus de celui de Lucrece.
Aucun Poëte n’a mieux connu l’art de tout mettre à sa place, de ne faire dire à ses personnages que ce qu’ils doivent dire, & de régler toujours leurs moindres mouvemens sur la nécessité d’agir ; c’est par-là principalement que Racine s’est distingué des autres Tragiques. […] Si on en croit des Censeurs éclairés, il n’a pas conçu assez fortement la Tragédie ; il n’a pas mis assez d’action dans ses personnages. […] Ses Lettres contre MM. de Port-Royal suffiroient pour le mettre au dessus de l’Auteur des Provinciales, si elles eussent été suivies d’un plus grand nombre d’autres. […] Colbert, que ce Ministre lui envoya 100 louis de la part du Monarque, & peu après le mit sur l’état du Roi pour une pension de 600 livres. […] Boileau enfin, par sa sévérité, le mit dans le cas d’acquérir ce qui manquoit à sa perfection.
Il s’est mis lui-même à la suite, et, position qui le punit de l’avoir choisie, même quand il va seul comme aujourd’hui il ne fait jamais d’autre effet que d’être un homme de derrière quelqu’un. […] L’auteur de Césara 25, le prêtre de l’Église Hugo, est aussi, par la même occurrence, l’apôtre de cette autre Église humanitaire qui flambe neuf et va remplacer incessamment la vieille religion divine qui avait suffi jusque-là aux plus forts et aux plus nobles esprits, mais qui ne suffit plus maintenant, même aux plus imbéciles… Or, c’est dans les intérêts de cette religion humanitaire que l’auteur de Fanfan la Tulipe, laissant là les amusettes du théâtre où il s’est oublié si longtemps, s’est mis à écrire cette grande pancarte, qui aura plusieurs cartons, et qu’il appelle Les Chevaliers de l’Esprit, titre un peu vague. […] — dit-il — peut cependant être regardé par la pensée, comme par les yeux l’abime et le soleil. » Car ils ont beau se mettre un instant les pieds en l’air, comme Hérodiade dansant devant Hérode, ces culs-de-plomb, pour se faire légers ! […] Quand, sorti de chez sa maîtresse pour rentrer chez sa femme, il y trouve des enfants qui, tout à l’heure, par le fait du roman, vont le mettre au supplice (sa fille en voulant épouser le fils d’un ennemi politique, son fils en jugeant et en réprouvant sa conduite quand il accepte le ministère), ce père, qui aurait pu être sublime dans ce déchirement de Laocoon, dévoré non plus par des serpents, mais par ses propres enfants, a perdu le bénéfice et l’auguste caractère de la paternité, et tous les sophismes de l’auteur n’ont pas le pouvoir de les restituer à cette paternité souillée. […] S’il y a au fond de leurs doctrines de perdition, comme dans ce livre de Césara, malgré ses folies, un enthousiasme, une compassion, un je ne sais quoi qui puisse faire illusion encore aux âmes et aux esprits sur l’erreur radicale que respirent ces malheureuses doctrines, cet enthousiasme, cette compassion, ce je ne sais quoi qui fait illusion encore, c’est le Christianisme qui l’y a mis !
Celui-ci ne met point ses pas dans des pas. […] Antoine a bien compris l’importance, ici, de la mise en scène). […] Ou plutôt, mettons-nous un peu de musique dans l’esprit. […] Mettons un aqueduc d’eau bourbeuse. […] Quand je lis Saint-Victor, disait Lamartine, je mets des lunettes bleues.
On les met dans des maisons voisines, et on leur paye ration. […] Je me rappelle encore le sentiment de tristesse morne que cette Champagne mettait en moi. […] Elles mettent tout le poids de leur opinion dans le plateau français de la balance. […] La plaie d’un membre met la fièvre dans tout le corps. […] Condamné à l’amende et conduit en prison, il ne prit point des airs de martyr, et mit autant de grâce à subir sa mésaventure qu’il avait mis de bravoure à la provoquer.
Mais depuis quand est-il défendu aux poètes tragiques de mettre sur la scène des personnages vicieux ? […] Fouquet lui envoya sur-le-champ trente louis, au moment où il allait mettre son habit en gage pour dîner. […] Chacune des veuves a le ton, l’esprit et le langage du poète qui l’a créée et mise au théâtre. […] Une jeune princesse timide, innocente et vertueuse, telle que Rodogune, mettre sa main au prix d’un parricide ! […] À présent l’on n’y voit que ce que l’auteur y a mis, un pathétique de parade, des sentences ambitieuses, un charlatanisme de tréteaux.
Nous venions de nous mettre à table quand M. […] Seidel se mit avec nous à table. […] J’allai avec d’autres personnes, et bientôt après on se mit à table. […] Et de plus, est-ce que tout mouvement nous met debout ? […] Le corps, mis à nu, était enseveli dans un drap blanc ; on avait mis alentour de gros morceaux de glace, pour le conserver frais aussi longtemps que possible.
On avait essayé de l’y mettre, mais par morceaux. […] François Hugo qui dans ses précédentes préfaces, a joué aux petits ronds dans le puits de Shakespeare, a fini ce jeu et met la main sur une idée juste. […] C’est se mettre, soi et son obésité ou sa maigreur, entre le lecteur et Shakespeare : c’est ôter au lecteur son soleil ! […] Avec la profondeur de son génie, Shakespeare n’a pas oublié de mettre à côté de ce groupe de famille, pour lui donner un repoussé plus terrifiant, l’effrayante individualité du bâtard ! […] Elle était tirée d’un épisode du roman de Brut (1153), et elle avait été mise à la scène et jouée sous différents noms d’auteurs, je ne sais combien de fois.
Jugez de la part exorbitante que s’adjugent l’Église et l’État, puisque, avec des frais de culture si minimes, le propriétaire trouve dans sa poche, à la fin de l’année, 6 ou 8 sous par arpent, sur quoi, lorsqu’il est roturier, il doit encore payer les redevances à son seigneur, mettre pour la milice à la bourse commune, acheter son sel de devoir, faire sa corvée, et le reste. […] Parfois on le met en prison aux frais de la paroisse. […] Bien mieux, en vertu de l’ordonnance de 1680, chaque personne au-dessus de sept ans est tenue d’en acheter sept livres par an ; à quatre personnes par famille, cela fait chaque année plus de dix-huit francs, dix-neuf journées de travail : nouvel impôt direct, qui, comme la taille, met la main du fisc dans la poche des contribuables et les oblige, comme la taille, à se tourmenter mutuellement. […] Attachée d’abord aux vingtièmes et par suite répartie sur tous les propriétaires, elle vient, par arrêt du Conseil, d’être rattachée à la taille, et, par suite, mise sur les plus chargés703. […] Necker, 4 décembre 1780 : « Vous mettez toujours les impôts sur la classe des hommes utiles et nécessaires, qui diminue tous les jours : ce sont les laboureurs.