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1148. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Et voir laver la planche, la voir noircir, la voir nettoyer, et voir mouiller le papier, et monter la presse, et étendre les couvertures, et donner les deux tours, ça vous met des palpitations dans la poitrine, et les mains vous tremblent à saisir cette feuille de papier tout humide, où miroite le brouillard d’une image à peu près venue. […] Pour retrouver, il faut inventer du vraisemblable… Et il se met à regarder avec le plaisir exubérant d’un enfant qui contemple une boutique de joujoux, et il s’amuse une grande heure à voir nos cartons, nos livres, nos petits musées. […] * * * — Nous avons pris, ces temps-ci, un maître d’armes, un vrai maître d’armes, comme George Sand en mettrait un dans ses romans. […] Je n’entendais rien, mais quand il souriait, je souriais involontairement et dans la même pose de tête… Jamais âme pareille n’a été mise en deux corps. […] Il nous parle de son jardin, des choses qu’il veut y amener, des nouveaux arbres qu’il y plantera, de son dégoût absolu de l’arbre caduc, de son projet de tout mettre en arbres verts et de tuer ses grands arbres avec du lierre qui montera dans leurs branches.

1149. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Le courage mis à l’épreuve. — (V. […] Il y aurait certainement un grand nombre d’autres thèmes à énumérer, mais ceux que je viens de citer sont les plus fréquemment mis en œuvre38. […] Déro et ses frères et Der Teufel mit den 3 goldene Haaren (Grimm). […] Cf. avec le conte d’Andersen qui met en scène une théière un sucrier, des pinces à feu, etc. […] Le héros du conte a bien un fils qui abat les oiseaux tout préparés, mais encore faut-il qu’il fasse l’effort de tendre son arc et de les mettre en joue.

1150. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Injuste adversaire qui me met à égalité dans ses propos avec les Sudekum ! […] Aussitôt il se met en route. […] Et les révolutionnaires, quand ils ont à faire la guerre, s’y mettent bravement parce que c’est la tâche du jour et qu’il est de leur nature de mettre leur amour-propre dans leur travail.‌ […] Ce trait immédiatement nous emporte dans ces profondes parties de notre race (plus estimables qu’agréables) qui produisirent les Arnauld et tout le monde janséniste, Pascal mis à part, les Lamennais, les Proudhon. […] Je ne m’inquiète pas beaucoup de ce qu’il met en arguments logiques.

1151. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Ces grands noms que vont répétant les échos futurs, une fois livrés au tourbillon des âges, ne sont bientôt plus, si l’on n’y prend garde et si l’histoire authentique ne s’y oppose pas, que des espèces de bouts-rimés que chacun tire à soi, remplit à son gré, et sous lesquels on met un sens, des idées, des intentions que le plus souvent le personnage n’a jamais eus. […] L’Académie française, habile à profiter des vogues nouvelles et à les favoriser, mit au concours l’Éloge de Sully pour lequel Thomas fut couronné (1763) : ce discours de Thomas, « plein de vérités utiles et hardies », comme on les aimait alors, eut un grand succès. […] Il met son amour-propre à laisser paraître en nombre autour de lui ses secrétaires comme d’autres le mettraient à les dissimuler et à les effacer. […] Cependant le roi de Navarre se sauve des gardes et espions qui l’observent, et se dérobe, à Senlis, pendant une partie de chasse (1576) : Rosny l’accompagne dans sa fuite, et bientôt se met à apprendre sous lui la guerre. […] Ce qu’il fera en 1589, dans un des quartiers de Tours qui lui est confié, pour le mettre en défense, il le fit plus ou moins de tout temps.

1152. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Le président Hénault Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan33. […] En attendant, il entra dans le monde et se mit à vivre de la vie la plus répandue et la plus diversement amusée : il allait d’abord dans le monde de la finance, où se rencontraient toutes sortes de gens de qualité ; il voyait beaucoup les coryphées de la littérature, La Motte, Rousseau, La Faye et bien d’autres. […] Le cardinal Dubois d’abord se mit à rire ; il ne connaissait jusque-là le président que par ses chansons ou ses galanteries. […] Le président Hénault, qui prêtait volontiers aux autres, n’a jamais été homme à s’approprier le travail d’autrui ; il s’est fait aider de l’abbé Boudot et l’en a bien récompensé sans doute : mais ce qui distingue son utile volume, c’est le cachet qu’il y a mis. […] Et puis il se mit à faire le panégyrique de Mme de Castelmoron, et toujours en comparant ses excellentes qualités aux vices de Mme Du Deffand.

1153. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Lui-même il se propose, dit-on, de continuer le payement de cette dette de famille par la publication de quelques-uns des précieux manuscrits qu’il a entre les mains ; on ne saurait trop l’y exhorter, et dès à présent, pour avoir mis M.  […] Quoi qu’il en soit de ces aperçus toujours sujets à conjectures et qui demanderaient bien des développements, tel était, dans le plus beau de son rôle et dans l’ensemble de sa physionomie, l’homme qui, à vingt-deux ans, se mit à causer de toutes choses par lettres avec Vauvenargues ; et ici nous n’avons plus qu’à les laisser parler l’un et l’autre. […] Mes amis et ma famille s’y sont opposés : on m’a représenté que j’avais trop de bien dans ce pays-ci pour prendre un pareil parti ; j’ai cédé : il a donc fallu tâcher de se mettre ici à même d’aller son chemin ; je l’ai fait, et dans peu vous verrez si je vous trompe ; je ne saurais vous en dire davantage à présent. […] Cet aveu-là est bien naturel, mais ne vous met-il pas en colère ? […] Si c’est enfin la douceur d’une vie retirée qui vous flatte, mettez-vous donc à même d’en jouir, sans être perpétuellement aux ordres d’autrui !

1154. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

On remercia donc M. le Cardinal, en mêlant dans la réponse l’étonnement et la reconnaissance, et l’on se mit à sa disposition. […] Quatre ans après, lorsqu’on eut reçu le cardinal Dubois, on s’était mis en règle avec le présent, on n’en aurait plus été à chasser pour si peu l’abbé de Saint-Pierre. […] Il me mit entre les mains des mémoires faits par lui-même, pour le plan qu’il m’ordonna de lui dresser, de ce magnifique et rare collège qu’il méditait pour les belles sciences, et dans lequel il avait dessein d’employer tout ce qu’il y avait de plus éclatant pour la littérature dans l’Europe. […] On ne se met pas de gaieté de cœur dans cette mêlée des discussions contemporaines, dût-on se flatter de la dominer. […] Patin rappelle la belle préface que Vaugelas a mise en tête de ses Remarques ; et par ce côté l’Académie se montre fidèle, en l’étendant plutôt qu’en la restreignant, à sa mission première.

1155. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Il a mieux aimé mettre vaguement son don Diègue en quête par les rues et cherchant son fils presque à tâtons. […] Il est venu, comme on dit, la mettre au pied du mur, pour mieux voir de ses yeux la pure passion déployer ses ailes et s’envoler. […] Tout le monde se met alors autour de Chimène, le roi, don Diègue, don Sanche lui-même, l’infante qui refait son offre habituelle de lui donner Rodrigue de sa main. […] On l’a remarqué avec raison pour le Don Juan : il fallait qu’il passât par l’imitation de Molière pour que Mozart ensuite le mît en musique et qu’il devînt le type universel qu’on sait. […] Là du moins il n’y eut pas d’insulte, et il n’y eut de choquant que la mise en cause elle-même.

1156. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

De petits corps de volontaires catholiques s’étaient mis en campagne, devançant le mot d’ordre, et l’on escarmouchait déjà. […] Enfin il s’est mis sur son trône, et commence à se conduire comme un maître qui a la force à main. » Victor-Amédée donc, en personne, et Catinat général, son allié, s’avancèrent en forces pour tout réduire, pour nettoyer ces vallées de leurs habitants et les purger d’un des cultes les plus sincères et les plus innocents qui aient jamais été adressés à l’Éternel. […] À la fin du mois de juin, Catinat, dont c’était le pronostic, écrivait à Louvois : « La maladie et l’infection s’est mise dans ce malheureux peuple ; la moitié en périra cet été. […] On fut donc puni, pendant toute la durée de cette guerre qui se fit en Savoie depuis 1690, d’avoir agacé impolitiquement et sans motif les Vaudois en 1686, et d’avoir mis dans ces vallées un foyer sans cesse renaissant de haine et de vengeance. […] Bussy écrivait à cette occasion : « Il mettra la robe en honneur ».

1157. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Il y a parmi nous plus d’une tète ardente, plus d’un homme dangereux ; dans les deux premiers Ordres, dans l’aristocratie, tout ce qui a de l’esprit n’a pas le sens commun ; et, parmi les sots, j’en connais plusieurs capables de mettre le feu aux poudres. […] Deux incidents particuliers mirent Malouet en scène et méritent d’être rappelés : l’un, dans la séance du 21 novembre 1789, où il se vit dénoncé pour une lettre de lui écrite au comte d’Estaing, et qu’on avait interceptée. […] Le tort de l’abbé est dans la sauce qu’il y a mise, que surtout il y a fait mettre de toutes mains par ses amis, et qui jamais ne lui semblait d’un ragoût philosophique assez relevé. […] Ce fut surtout en ces années passées chez Malouet que ses opinions se modifièrent, et que la peur le prit sérieusement de voir la France mettre en pratique les doctrines de ses livres. […] Je secouai toutes mes préventions, tous mes doutes, et me voilà partageant son émotion, louant ses projets, son courage, exaltant ses moyens ; mais ma péroraison le mit en colère : « Vous réparerez mieux que personne, lui dis-je, le mal que vous avez fait. » — « Non », me répondit-il en relevant la tête, « je n’ai pas fait le mal volontairement : j’ai subi le joug des circonstances où je me suis trouvé malgré moi.

1158. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Le coup de tonnerre du 5 mars, la nouvelle de la rentrée en scène de Napoléon, qui brusqua la séparation du congrès, donna fort à réfléchir à M. de Talleyrand, et il mit dans toutes ses démarches des mois suivants une singulière lenteur. […] Mollien fait tout comme moi. — Je me suis mis à lire les articles littéraires des journaux qui arrivent ici, et j’en serai très probablement bientôt dégoûté. […] Quand on songe qu’en ses heures d’austérité il avait dit ce mot : « Il y a deux êtres dans ce monde que je n’ai jamais pu voir sans un soulèvement intérieur : c’est un régicide et un prêtre marié », on conviendra qu’il eut à y mettre du sien. […] Il voulut, comme on dit, mettre ordre à ses affaires ; avec l’art et le calme qui le distinguaient, il disposa le dernier acte de sa vie en deux scènes qu’on ne trouvera pas mauvais que je présente comme il convient et que je développe. […] Je mettrai encore cette lettre qui est adressée à la même personne et qui se rapporte au même temps.

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