L’analyse rapide de quelques romans qui eurent de la vogue, sera la meilleure manière de donner une idée des goûts du public.
« Quant à ceux qui ont voulu assimiler ce drame à une simple pastorale, comme s’il s’agissait ici de bergeries et de moutons à la manière de Florian, nous conviendrons volontiers avec eux que le premier acte se rapproche en effet de ce genre, et qu’il nous offre un modèle de l’idylle aussi parfait qu’il ait été conçu par aucun des meilleurs poètes bucoliques de l’antiquité ; mais, pour le reste, nous leur demanderons dans quelle espèce de pastorale ils ont jamais vu le pathétique, la noblesse, l’élévation des sentiments portés au point où ils le sont généralement dans ce drame, le quatrième acte surtout, qui, sous ce point de vue, nous semble avoir atteint le comble de la perfection.
— Nous avons vu dans le quatrième chapitre que le degré de différenciation et de spécialisation des organes, chez les êtres vivants adultes, est la meilleure norme qu’on ait encore trouvée de leur perfection, et de leur supériorité relative.
Le plus mince avantage acquis par un individu, à quelque âge ou durant quelque saison que ce soit, sur ceux avec lesquels il entre en concurrence, ou une meilleure adaptation d’organes aux conditions physiques environnantes, quelque léger que soit ce perfectionnement, fera pencher la balance.
Il n’y réussirait pas si la nature n’avait laissé à cet effet, dans les meilleurs d’entre les hommes, un petit fonds de méchanceté, ou tout au moins de malice.
Où trouver un meilleur langage que celui-ci sur le libre arbitre : « c’est pour avoir confondu les désirs, les velléités, les penchants, avec la véritable volonté qu’on a cru trouver des difficultés insolubles relativement à la liberté morale ; on avait raison de nier la liberté relativement à l’existence et au mouvement des désirs, et par une fausse conséquence on a cru que la volonté et les actions manquaient également de liberté. » Entre les mains de Broussais, polémiste violent et vigoureux qui n’était pas précisément doué de ce que Pascal appelle l’esprit de finesse, la doctrine de Gall dégénéra en un matérialisme tranchant.
Mais comme les meilleures choses ont leurs inconvénients, l’étude trop exclusive de l’histoire de la philosophie n’a pas laissé que de produire quelques regrettables résultats. […] Tout au plus pourra-t-on dire que, s’il y a une cause prévoyante qui poursuit des fins, cette cause n’a pas su et n’a pas pu toujours trouver les meilleurs moyens d’arriver à ses fins. » Telle serait la seule conclusion légitime de l’expérience (j’entends au point de vue positiviste).
Avoir tout vu de la vie, en savoir tous les courants et tous les écueils, s’y être brisé, puis s’en être relevé, connaître les hommes par leurs passions et savoir s’en servir, avoir appris à ses dépens à toucher en eux les cordes qui résistent et celles qui répondent, avoir conservé au milieu de toutes ses traverses, et jusque dans les désastres où l’on est tombé par sa faute, son sang-froid, sa gaieté, son entrain, ses ressources d’esprit, sa bonne mine, son courage, son espérance surtout, cette vertu et cette moralité essentielle de l’homme ; quelle préparation meilleure, quand le ressort principal n’a point fléchi, quand le principe d’honneur a gardé toute sa sensibilité !
Est-ce au moraliste, enfin, qui ne prêche jamais la vertu qu’aux autres dans ses phrases, et qui s’enveloppe pour lui-même, pour sa conduite privée, de tous les vices du plus abject égoïsme, depuis l’abandon de son père et l’ingratitude envers sa bienfaitrice, jusqu’au déshonneur de sa concubine, jusqu’à la condamnation sans crime de ses enfants, jusqu’à la diffamation de ses meilleurs amis, jusqu’à l’invective contre la pitié même qu’on lui prodigue ?
Chacun jette sa ligne là où il croit qu’il fait le meilleur, ayant eu soin, avant tout, de sonder avec sa baguette la profondeur de l’eau pour s’assurer que la petite bouée pourra se maintenir en place.
Si nous voulions nous représenter une journée dans la vie de notre Mage, nous en trouverions la meilleure peinture en l’une de ces merveilleuses œuvres musicales du Maître… Ainsi, je choisirai, pour éclairer, dans la succession de ses émotions intérieures, une de ces journées de Beethoven, le grand Quatuor en Ut mineur.