Trop étranger que je suis habituellement à l’étude approfondie des littératures étrangères, persuadé d’ailleurs que la critique littéraire n’a toute sa valeur et son originalité que lorsqu’elle s’applique à des sujets dont on possède de près et de longue main le fond, les alentours et toutes les circonstances, il semble que je n’aie aucun titre spécial pour venir parler ici de Leopardi, et je m’en abstiendrais en effet si le hasard ou plutôt la bienveillance ne m’avait fait arriver entre les mains des pièces manuscrites, tout à fait intéressantes et décisives, sur l’homme éminent dont il s’agit, et ne m’avait encouragé à une excursion inaccoutumée, pour laquelle je vais redoubler d’attention en même temps que je réclame toute indulgence. […] Lorsqu’elle nous assaillira, lorsque essayant de couvrir nos yeux d’une main ténébreuse, elle menacera de nous entraîner dans les abîmes entr’ouverts sous nos pieds par l’ignorance, nous nous tournerons vers toi et nous trouverons la vérité sous ton manteau. […] O malheureux qui tombe à la guerre, non point pour la défense des rivages paternels, pour la pieuse compagne et les fils chéris, mais frappé de la main d’ennemis qui ne sont pas les siens, pour le compte d’autrui, et qui ne peut dire en mourant : Douce terre natale, la vie que tu m’as donnée, la voici, je te la rends ! […] Car, vous le savez, je n’ai pu lire moi-même ces pages que je vous offre, et il m’a fallu, pour les corriger, me servir des yeux et de la main d’autrui. […] Pères sont devenus, par un tour de main de l’imprimeur allemand, 55 Pères, et dès lors les plus modestes ont répété que Leopardi avait recueilli les fragments de cinquante Pères de l’Église.
Lorsqu’une main sanguinaire lia les mains qui avaient porté le sceptre de la France, le même envoyé de Dieu dit à son roi : — Sire, c’est ainsi que notre Seigneur fut conduit à la mort. […] Asham s’aperçut de la direction de mes pensées et tout à coup il prit ma main et la baignant de ses larmes, — Oh vous ! […] Je repoussai doucement cette main, et me recueillant par la prière j’y trouvai la force de répondre ainsi. […] La main retient les rênes des coursiers qui nous conduisent, la pensée ne peut conquérir un instant sur la mort. […] Mon souverain Maître à disposé de moi, mais puisqu’il me réunit à mon époux Il ne m’a rien demandé qui surpassât mes forces, et je remets sans crainte mon âme entre ses mains.
Il sortit son fusil à la main ; mais il tournait à peine l’angle de l’hôtel de Nantes, maison isolée et pyramidale qui existait seule sur le Carrousel, qu’un coup de feu de hasard vint l’atteindre en pleine poitrine ; il tomba philosophe, on le releva héros. […] Du Stoïcien menteur, du Cynique en délire, Dans leur main, chaque fois, le manteau se déchire. […] qu’alors sagement et d’un ton fraternel Vous m’avez par la main ramené jusqu’au Ciel ! […] » Ainsi veut la Nature, et je l’ai méconnue ; Et quand la main du Temps sur ma tête est venue, Je me suis trouvé seul et j’ai beaucoup gémi, Et je me suis assis sous l’arbre d’un ami. […] La nature, qu’on ne trompe pas, le découvre, et la main rejette le livre qui veut tromper le lecteur !
S’ils sont admirables, c’est par l’execution, c’est par la main de l’ouvrier et non par le dessein de l’artisan. […] Il est prodigieux que la main des hommes ait eu assez d’adresse pour arranger et pour réduire en forme de figures coloriées tant de filets differens. […] Enfin la main des ouvriers avoit bien acquis quelque capacité, mais les ouvriers n’avoient pas encore le moindre feu, la moindre éteincelle de génie. […] Ces grands hommes, qui pour ainsi dire, se sont formez de leurs propres mains, ne sçauroient former par leurs leçons ni par leurs exemples des éleves qui soient leurs égaux. […] Tout le monde sçait que les bas-reliefs du plus grand de ces deux arcs de triomphe sont de mauvaise main.
Qui disait cordier pourtant voulait désigner toujours (qu’on le sache bien) un fabricant tenant de l’artisan, qui avait son tablier, durant la semaine, et mettait lui-même la main à la corde. […] Et pour ce que les femmes ne se montrent volontiers en public seules, je vous ai choisie pour me servir de guide, vous dédiant ce petit œuvre… » Louise Labé se présente donc devant le public en tenant la main de cette demoiselle honorée dont elle se signe l’humble amie : voilà sa condition vraie et si peu semblable à celle qu’on lui a faite à distance. […] Mais celui qui désire plaire, incessamment pense à son fait, mire et remire la chose aimée, suit les vertus qu’il voit lui estre agréables et s’adonne aux complexions contraires à soi-mesme, comme celui qui porte le bouquet en main… » Tout ce passage du plaidoyer d’Apollon est comme un traité de la bonne compagnie et du bel usage. […] C’est qu’aussi Louise Labé, telle qu’on la rêve de loin et telle que nous l’avons devinée d’après ses aveux, demeure, par plus d’un aspect, le type poétique et brillant de la race des femmes lyonnaises, éprises qu’elles sont de certaines fêtes naturelles de la vie, se visitant volontiers entre elles avec des bouquets à la main, et goûtant d’instinct les vives élégances, les fleurs et les parfums. […] ainte-Beuve, mais on y trouve écrites sur les feuillets de garde, par une main qui doit être contemporaine de l’édition, les deux petites pièces que voici : I.
IV Il m’a été donné d’en connaître deux ou trois dans ma vie : madame Malibran, la séraphique inspirée de ce siècle, en était une ; Louis de Ronchaud, l’auteur de ce livre de Phidias que j’ai sous la main, en est un autre. […] Personne ne l’arrête pour lui tendre une main banale dans la foule, il parle à peu de passants ; mais quand il en rencontre par hasard un qu’il goûte ou qu’il aime, il revient sur ses pas, et il l’accompagne en sens contraire de sa route, comme quelqu’un à qui il est égal d’aller ici, ou là, et de perdre des pas ou du temps, pourvu qu’il ne perde rien de son cœur, de son esprit et de son goût pour ceux qui lui plaisent. […] Du dernier livre de poésie, ou de philosophie, ou d’histoire qui vient de paraître ; du dernier tableau qui vient de déceler un pinceau puissant, une touche neuve à l’exposition ; du dernier marbre qui palpite encore du coup de ciseau, ou qui sent encore la caresse de la main de son sculpteur, dans la galerie ou dans le jardin statuaire des Champs-Élysées. […] On peut se fier à la main tendue et ouverte du gentilhomme comme du paysan. […] Quelle main peut se poser sur la neige même du Jura, sans la sentir attiédie par le feu qui couve sous l’enveloppe glacée de ces collines ?
Rêveries que Lamennais eût désavouées tout le premier, si les événements lui avaient mis dans la main le pouvoir de réaliser la première par le rétablissement de l’inquisition, la seconde par le règne de la démagogie. […] Il y a en effet les paroles, expression des pensées, et un musicien invisible qui les accompagne avec un instrument sans nom, plus riche, plus doux et plus mélodieux que le plus parfait qui ait été fabriqué de main d’homme. […] Tous les angles s’émoussent ; les syllabes les plus rudes se polissent en se touchant, et, de ces mots si rebelles aux mains les plus habiles, se forme une langue musicale comme celles de l’antiquité. […] Je ne vois ses poésies ni dans les mains des jeunes gens, qui sont tout aux nouveautés retentissantes, ni dans les mains des pères, qui relisent les œuvres durables. […] Rien n’y est de seconde main ; rien non plus n’y est de trop.
Ce que voyant, maître Guérin, qui le surprend, le plaid sur l’épaule et la valise à la main, l’interpelle sur son invention. […] Malheur à qui tombe dans ses froides mains, à qui lui demande ce qu’elle ne peut rendre, un sentiment vrai et sincère ! […] Il a le pied dans tous les boudoirs et la main dans toutes les affaires. […] Quoi qu’il en soit, André, la lettre à la main, s’oppose au mariage, qu’il croit sacrilège. […] Ah de ma propre main, Je dois, pour te venger… — Jette-toi dans mon sein !
Cette institution, plus forte que la main qui prétendait la façonner à la servitude, n’avait pas tardé à créer contre tout despotisme une force ingouvernable par tout autre puissance que l’opinion. […] Sa cause ne fut point dans des hasards ; elle fut dans une pensée : cette pensée, rapide et universelle comme tous les mouvements intellectuels de ce pays où la main est si près de la tête, s’était développée d’abord dans sa littérature. […] Les baïonnettes elles-mêmes, comme on l’a dit, sont intelligentes ; les armes y obéissent à leur insu à la tête plutôt qu’à la main. […] L’esprit de la révolution française les avait franchis dans nos livres avant que la révolution elle-même soupçonnât en France, ce qu’elle portait de rénovation d’idées dans sa langue et dans sa main. […] Elle fit les gestes de la terreur sans en avoir ni la colère dans le cœur ni le glaive dans la main.
Une fois qu’il eut en main la dissertation latine de M. de Girac, il voulut savoir ce que d’autres à leur tour en penseraient ; il l’envoya à Costar, archidiacre du Mans, homme d’esprit, ou plutôt bel esprit de profession, ami et un peu copiste de Voiture, mais qui faisait aussi à Balzac de grandes démonstrations de fidélité et de tendresse. […] Mais Costar est un copiste avéré et compassé, qui a étudié Voiture, s’est guindé jusqu’à lui, s’est rendu capable, plume en main, de lui donner la réplique, et ne demanderait pas mieux que de faire croire en province que les beaux cercles de Paris lui manquent ou qu’il y manque lui-même. […] La Défense des ouvrages de M. de Voiture, dédiée à M. de Balzac, parut avec une préface de Martin de Pinchêne, neveu de Voiture, lequel reconnaissait tenir le manuscrit des mains de Conrart et prenait sur lui la responsabilité de la publication. […] Les deux chefs avaient vécu entre eux dans les termes les plus décents ; mais après leur mort, leurs disciples et les gens de leur suite n’y tinrent pas, ils en vinrent aux mains, ils se gourmèrent : c’est l’histoire du débat de Girac et de Coslar. […] En présence d’une dissertation écrite dans cette mesure et sur ce ton, il n’y avait pas, ce semble, de quoi si fort se courroucer, et Costar ne put d’abord prendre l’affaire en main que d’un air souriant et sur le pied d’une aimable controverse.
Avec ce missel, voilà ma chapelle complète, au moins telle quelle, venant de feu M. de Meaux ; nous verrons ce que cet abbé fera de plus quand il aura fini ses affaires, et qu’il verra ce qu’il aura de reste en ses mains. […] Ennuyé de perdre là mon temps à voir faire des grimaces, je profitai du moment qu’il regarda de mon côté, qui était celui de la porte : je m’avançai, lui mis le livre en main en lui faisant un court compliment ; à quoi, sans me dire un seul petit mot de M. de Meaux, il me répondit par cette dureté : « Vous m’avez bien pressé », o pour me reprocher mes paroles de ma précédente visite, où certainement je n’avais pas tort de lui avoir dit que les imprimeurs pressaient, parce que le livre était demandé et attendu avec impatience par le public… Je me retirai sans répliquer, bien résolu de ne paraître jamais, si je puis, à ce spectacle. […] Le prélat était en habits longs violets, soutane et simarre avec des parements, boutons et boutonnières d’écarlate cramoisi : il ne me parut pas à sa ceinture ni glands ni franges d’or, et il y avait A son chapeau un simple cordon de soie verte ; des gants blancs aux mains, et point de canne ni de manteau. […] On lava les mains sans façon et comme entre amis : le prélat bénit la table et prit la première place, comme de raison ; M. l’abbé de Chanterac était assis à sa gauche : chacun se plaça sans distinction à mesure qu’il avait lavé. […] M. l’archevêque prit la peine de me servir, de sa main, de tout ce qu’il y avait de plus délicat sur sa table ; je le remerciais chaque fois en grand respect, le chapeau à la main, et chaque fois aussi il ne manqua jamais de m’ôter son chapeau, et il me fit l’honneur de boire à ma santé, tout cela fort sérieusement, mais d’une manière aisée et très polie.