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1643. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Marier sa fille et la marier bien, l’élever, de longue main, en vue de ce grand fait du mariage qu’il croit la destinée la plus sublime de la femme, ce notable embarras qui a tant fait gauloiser l’esprit français, cette vieille difficulté que les moralistes de l’ancien temps, les moralistes anti-rêveurs, croyaient éternelle, — comme, du reste, ici-bas, toutes les manières d’être heureux, — Alexandre Weill a cru qu’il pourrait, en s’y prenant bien, la diminuer, ou complètement s’en rendre maître. […] Et d’ailleurs, sentimental, attendri, cordial, aimant la famille, un naïf au fond, une bonne pâte d’homme, que la Fantaisie, cette boulangère ravissante, qui a des écus intellectuels et des trésors de sensation, roulera jusqu’au dernier moment dans sa fleur de farine, sous ses roses mains potelées, l’auteur de Si j’avais une fille à marier !

1644. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Carlyle, je l’ai dit déjà ailleurs, est l’Hogarth de l’Histoire, — de l’Histoire qui a une verge de plus dans sa main, quand elle se sert de la caricature… Or, qui appartient plus à la caricature, à la cruelle, sinistre et déshonorante caricature, que la Révolution du 4 septembre et les crimes bas de la Commune de Paris ? […] Que ferait-il de tous ces enragés d’impuissance que nous avons vus à la besogne, ravalant l’atrocité de leurs actions dans la bêtise de leurs personnes, et salissant de leurs ignobles mains jusqu’à la flamme de l’incendie qu’ils avaient allumé ?

1645. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Magistrat, même la plume à la main, c’est surtout les bourreaux que M.  […] Demandez-vous ce qu’est Charlotte Corday elle-même, la femme la plus héroïque d’un siècle incrédule, en comparaison de la moindre martyre chrétienne qui va à l’échafaud et à la mort, une croix à la main !

1646. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Le roseau creux se casse et lui perce la main. […] sans être atroce… Pour ce qui est de l’Inquisition, de Maistre n’a touché ce sujet que de l’extrémité de sa plume, au lieu de le prendre carrément à pleine main.

1647. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

La main d’une Créqui n’a pas écrit le livre, mais l’esprit d’une Créqui y circule, ou du moins l’esprit d’une société qui fut la sienne. […] L’auteur de Volupté a-t-il bien vu et pouvait-il bien voir, sous son extérieur de grâce patricienne, cette femme qui répugne au pastel et qui méritait d’être peinte, non par une main plus habile que la sienne, mais peut-être plus sympathique ?

1648. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

C’est même la raison, par parenthèse, qui m’a toujours empêché de croire qu’eût-il vécu plus longtemps et n’eût-il pas eu dans le cœur le néant de tout, qui empêche de rien achever, Pascal eût pu élever à la religion le monument que l’on regrette, non que l’ordonnance d’un beau livre ne fût dans les puissances de ce grand esprit de déduction et de géométrie, mais la peur fait trembler la main et dérange les combinaisons de l’artiste, tandis que la terreur, tout le temps qu’elle ne vous glace pas, fait pousser le cri pathétique ; et le cri pathétique chez l’écrivain, c’est l’expression ! […] Quoiqu’il y ait là de bien grandes images qui frappent le front, les yeux et l’esprit comme une main, ce qui est plus beau que l’image encore, l’image, d’un physique si puissant, c’est l’accent, l’intime accent.

1649. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Dernièrement (si on se le rappelle), un travail de lui, insultant et faux, sur les filles de Louis XV, m’avait, dans un journal, passé par les mains, et je l’avais proprement et correctement déchiré en quatre morceaux, pour qu’il pût servir à quelque chose. […] Renan avait mis la main sur le sujet le plus scandaleux qu’on pût toucher, dans un pays qui avait plus de quinze cents ans de Christianisme dans la poitrine et qu’il fallait en arracher !

1650. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

La beauté désespérante d’une telle histoire faisait peut-être hésiter ou trembler les mains capables de récrire. […] Mais, puisqu’il faut se rabattre à la critique littéraire, disons que c’était presque une honte pour la littérature française que d’avoir de si magnifiques récits à mettre en œuvre sans une main qui fût attirée par ces magnificences et qui les plaçât dans la lumière, par amour seul de leur beauté.

1651. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

… Le nom, ce nom fascinateur d’Alfred de Musset, de ce poète qui fut toutes nos âmes et toutes nos jeunesses, devait nécessairement nous attirer vers le livre qui promettait sa vie et par quelque main qu’il fût écrit. […] II Et encore si toute cette parentaille, qui écrivaille, devait en savoir plus long que tout le monde sur celui dont elle écrit la vie, et qu’en raison de la parenté même elle eût dans les mains des faits, des renseignements et des détails qui éclaireraient son histoire et lui donneraient un intérêt de profondeur et de nouveauté… Mais le plus souvent il n’en est rien, et même, le plus souvent, c’est le contraire qui est le vrai !

1652. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Il y a quelque temps, le hasard, qui n’est pas toujours un imbécile, jeta dans nos mains un recueil de vers dont on a parlé bien sobrement, — l’auteur n’était pas de Paris, — et c’est ce recueil, très-inconnu en raison du peu qu’en ont dit les hospitaliers généreux de cette ville charmante, c’est ce recueil d’un luxe typographique qui est une poésie à lui seul que nous voulons signaler à l’attention de ceux-là qui aiment la poésie, et on ne peut l’aimer maintenant qu’avec désespoir. […] Dans son coquet chapeau de paille d’Italie, Dès qu’elle se montrait, les moineaux, fol essaim, S’en venaient picorer dans le creux de sa main La cerise pour eux sur la branche cueillie.

1653. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Je lui ai entendu dire à lui-même, à ce jeune homme du temps de la photographie victorieuse, dans les œuvres de l’esprit comme dans les œuvres de la main, qu’il n’y avait, en définitive, que des romans d’analyse. […] Waller Scott y a mis la main une fois, mais ce n’est que la lâcheté physiologique qu’il exposa dans son roman de La Jolie fille de Perth, et son poltron n’était pas son héros.

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