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420. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Je ne parle en ce moment que de ce qu’il a observé lui-même et directement : car, pour ce qu’il n’a su que par ouï-dire et ce qu’il a recueilli par conversation, il y aura d’autres chances d’erreur encore qui s’y mêleront. […] Il est bien difficile que dans ce qu’on ne voit pas soi-même il ne se mêle un peu de crédulitéai, quand elle est dans le sens de nos inclinations et aussi de notre talent à exprimer les choses. […] Pour le reste la paresse même : peu de promenades sans grande nécessité ; du jeu, de la conversation avec ses familiers, et tous les soirs un souper avec un très petit nombre, presque toujours le même, et si on étoit voisin de quelque ville, on avoit soin que le sexe y fût agréablement mêlé. […] Mon père voyant les choses pacifiées, les bâtards réduits, punis, envoyés en prison ou exil, et tout leur parti débellé, ce qui fut une des grandes opérations de son ministère, il ne voulut pas aller plus loin ni mêler des intérêts particuliers sur motifs des grands coups qu’il frappa. […] Il est bien difficile que dans ce qu’on ne voit point soi-même il ne se mêle un peu de crédulité aj.

421. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

L’année suivante, en 1778, paraissaient les Poésies érotiques, petit in-8° de 64 pages, ne contenant pas encore les plus belles et les plus douloureuses élégies, celles qui formeront plus tard le livre quatrième ; mais le petit volume est déjà assez rempli d’Éléonore pour que ce nom domine ceux des Aglaé, et des Euphrosine, qui s’y trouvent mêlés. […] Le Mercure de France (8 janvier 1780) sait très-bien regretter, par exemple, que l’expression de la tendresse ne se mêle pas plus souvent chez le poëte à celle de la volupté, et que l’amour n’anime pas de couleurs plus riches son imagination et sa veine179. […] Garat applaudit au poëme188… » Comme on était alors dans tout le feu du projet de descente en Angleterre, Fontanes termina la séance par la lecture d’un chant de guerre contre les Anglais, mêlé de chœurs et dialogué, avec musique de Paisiello. […] Tissot, qui venaient de traduire avec feu les Baisers de Jean Second ; aux compliments gracieux qu’expriment ces petits billets rimés, il savait mêler en simple prose et dans la conversation des conseils d’ami et de maître191. […] On peut douter qu’il se fût jamais converti, même en voyant des preuves meilleures Il est au contraire très-aisé de soupçonner ce qu’il aurait pensé des tentatives et des élancements mystiques de la lyre nouvelle, et on croit d’ici l’entendre répéter et appliquer assez à propos à plus d’un poëte monarchique et religieux de 1824, à certains de nos beaux rêveurs langoureux et prophètes (s’il avait pu les voir), qui, en ce temps-là, mêlaient par trop le psaume à l’élégie et tranchaient du séraphin : Cher Saint-Esprit, vous avez de l’esprit, Mais cet esprit souvent touche à l’emphase : C’est un esprit qui court après la phrase, Qui veut trop dire, et presque rien ne dit.

422. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

. ; l’octosyllabe, tantôt disposé en quatrains, sizains, dizains ou douzains, tantôt mêlé selon diverses lois au vers de quatre742. […] Jamais les romantiques n’abusèrent de ce vers : ils le mêlèrent discrètement à l’alexandrin classique, pour le diversifier ; ils le ménagèrent précisément en raison des effets qu’on en peut tirer. […] Le bien est toujours mêlé de mal. […] Les Voix intérieures mêlent toutes les inspirations des deux recueils précédents : pensives méditations sur les faits du jour, délicieux appels à l’enfance, banales leçons aux épicuriens et aux riches, paysages précis et pittoresques, graves consultations sur le mal du siècle. […] Sa poésie est une causerie charmante où vibre toute son âme ; tout s’y mêle, tristesse et rire, sentiments intimes et impressions du dehors ; par un aisé passage et d’indéfinissables nuances, elle hausse, baisse, change le ton777.

423. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Ce néologisme s’entend aisément ; mais ce qu’il représente n’est pas très facile à déterminer, car le moderne change insensiblement, et puis ce qui est moderne est toujours superposé ou mêlé à ce qui ne l’est point ou à ce qui ne l’est déjà plus. […] Le Jardin des plantes ; un atelier de trente élèves ; une ville d’Asie Mineure racontée par un coloriste ; une partie de canotage la nuit ; quelques aperçus sur la cuisine russe ; une vente après décès d’artiste pauvre et malchanceux ; un atelier au crépuscule ; l’ouverture du Salon ; ce qu’on voit en omnibus le soir ; le corps d’un modèle ; une pluie de printemps au Palais-Royal ; une synagogue ; un bal masqué chez un peintre ; les amours d’un bohème et d’un singe ; un petit cochon dans un atelier ; l’auberge de Barbizon ; la forêt de Fontainebleau ; la Bièvre et ses paysages ; la plage de Trouville ; je ne sais quelle rue derrière Saint-Gervais ; une pleine eau, la nuit, dans la Seine, sous les ponts… — le tout mêlé de tirades amusantes et truculentes sur l’École de Rome, sur Ingres et Delacroix, sur les primitifs, sur le bourgeoisisme des artistes..   […] Mais il est peut-être vrai aussi qu’un roman doit être plus logique, plus lié, plus clair que la réalité, et que MM. de Goncourt se sont dispensés plus qu’il n’aurait fallu des règles les mieux fondées de la composition, de tout ce qui, dans une œuvre d’art, produit, pour employer leurs expressions « la tranquillité des lignes » et l’air de « santé courante », donne une impression de grandeur et de beauté, délivre de toute inquiétude l’émotion esthétique et mêle à l’admiration un sentiment de sécurité. […] Il se trouvait que ce farceur, ce paradoxeur, ce moqueur enragé des bourgeois avait, pour les choses de l’art, les idées les plus bourgeoises, les religions d’un fils de Prudhomme… Il avait le tempérament non point classique, mais académique comme la France…12 … Ce tableau était, en un mot, la lanterne magique des opinions d’Anatole, la traduction figurative et colorée de ses tendances, de ses aspirations, de ses illusions… Cette sorte de veulerie tendre qui faisait sa bienveillance universelle, le vague embrassement dont il serrait toute l’humanité dans ses bras, sa mollesse de cervelle à ce qu’il lisait, le socialisme brouillé qu’il avait puisé çà et là dans un Fourier décomplété et dans des lambeaux de papiers déclamatoires, de confuses idées de fraternité mêlées à des effusions d’après boire, des apitoiements de seconde main sur les peuples, les opprimés, les déshérités, un certain catholicisme libéral et révolutionnaire, le Rêve de bonheur de Papety entrevu à travers le phalanstère, voilà ce qui avait fait le tableau d’Anatole … 13 Anatole présentait le curieux phénomène psychologique d’un homme qui n’a pas la possession de son individualité, d’un homme qui n’éprouve pas le besoin d’une vie à part, d’une vie à lui, d’un homme qui a pour goût et pour instinct d’attacher son existence à l’existence des autres par une sorte de parasitisme naturel, etc. […] Ils vont poursuivant le détail de plus en plus, et, tourmentés du désir de donner avec des mots la sensation même des choses, il leur arrive, comme à l’auteur de la Momie, de mêler à la langue littéraire des réminiscences et quelque chose du vocabulaire de l’atelier.

424. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Geiger, que la vraie notion des circonstances où se produisit Jésus doit être cherchée dans cette compilation bizarre, où tant de précieux renseignements sont mêlés à la plus insignifiante scolastique. […] On peut dire que nous avons encore ces deux documents, mêlés à des renseignements d’autre provenance, dans les deux premiers évangiles, qui portent non sans raison le nom d’« Évangile selon Matthieu » et d’« Évangile selon Marc. » Ce qui est indubitable, en tous cas, c’est que de très bonne heure on mit par écrit les discours de Jésus en langue araméenne, que de bonne heure aussi on écrivit ses actions remarquables. […] Des textes formels de saint Justin 28, d’Athénagore 29, de Tatien 30, de Théophile d’Antioche 31, d’Irénée 32, montrent dès lors cet Évangile mêlé à toutes les controverses et servant de pierre angulaire au développement du dogme. […] Sans contredit, une part d’idées préconçues dut se mêler à de tels souvenirs. […] De ce qu’on possède plusieurs versions différentes d’un même fait, de ce que la crédulité a mêlé à toutes ces versions des circonstances fabuleuses, l’historien ne doit pas conclure que le fait soit faux ; mais il doit en pareil cas se tenir en garde, discuter les textes et procéder par induction.

425. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

On mêlait à la conversation comme des fidèles du même culte les vers sus de tous comme les réponses d’une litanie. […] On connaît moins le surtout de table exécuté pour le duc d’Orléans sur les dessins de Chenavard, et qui comprenait neuf groupes de chasses dans les différentes parties du monde, excellent thème, qui permit à Barye de mêler avec une furie pittoresque hommes, lions, tigres, chevaux, éléphants. […] Ce Lapithe, aux formes robustes et simples, beau comme l’idéal, vrai comme la nature ; aurait pu figurer dans le fronton du Parthénon, à côté de l’Ilissus, et le Centaure se mêler aux cavalcades des métopes. […] Nous nous souvenons encore, avec un frisson d’enthousiasme, du passage où les âmes des héros entrent dans les cieux, sur une éclatante fanfare qui mêle les voix des anges aux acclamations déjà lointaines des hommes. […] Nous la voyons encore avec ces longues touffes de cheveux blonds mêlés de perles, sa robe de satin blanc, et se faisant défaire par dame Rose.

426. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Il néglige trop ses devoirs, il aime trop le plaisir, il donne trop de bals, il se mêle trop aux fêtes du monde. […] Chaulieu a mêlé, comme Horace, les pensées de la mort aux illusions de la vie. […] Il aime à placer la gaieté auprès de la tristesse, à mêler les divertissements et les cris de joie à des pompes funèbres et à des cris de douleur. […] Les vraies larmes sont celles que fait couler une belle poésie ; il faut qu’il s’y mêle autant d’admiration que de douleur. […] Quand je ne veux pas que les rois se mêlent des tracasseries du Parnasse, ai-je donc infiniment tort ?

427. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

Il se mêle de poésie, de morale, de théologie, de métaphysique et de politique.

428. (1914) Une année de critique

Une invisible main nous retient et nous empêche de nous mêler au chœur universel. […] D’Île en Île est un récit de voyage mêlé de fiction. […] L’écho des systèmes philosophiques récemment explorés se mêle ici au murmure spontané des sentiments. […] Mais je crains que le sentiment qui domine chez quiconque a lu la seconde partie de son livre ne soit celui du comique, mêlé de mélancolie. […] Il nous montre à quelle beauté peuvent atteindre les jeux mêlés des idées et du style.

429. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Et que ne pourrais-je pas dire de la note purement humaine, si pathétique et si tendre, que mêle, en quelque sorte, à ce duo de martyrs, l’aimable, l’élégante, la noble galanterie de Sévère ? […] Elles y ont seulement quelque chose de plus franc, de moins mêlé de préciosité, de plus naturel, de moins cherché, de plus « trouvé », de plus net, si vous le voulez, et de plus définitif. […] Et là toujours, je ne puis pas dire dans le cœur, mais dans les entrailles d’un Néron, d’un Commode ou d’un Caligula, le goût du sang et de la volupté mêlés s’exaspèrent jusqu’au crime et jusqu’à la folie. […] Car, jusqu’aux personnages d’Alain et de Georgette, avec leur bêtise originelle mêlée d’astuce paysanne, ne pensez-vous pas bien que les Dorante ou les Clarice de Corneille les eussent renvoyés aux champs ? […] Harpin, dont il serait assez piquant de mêler les ridicules avec ceux de M. 

430. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guiraud, Alexandre (1788-1847) »

Jules Janin Le prêtre, le cloitre, la chapelle, la première communion, le refuge, la semaine sainte, émotions du moment mêlées d’une façon intime aux émotions toutes personnelles, vous les retrouvez à peu près les mêmes dans tous les recueils de cette époque, mais jamais elles n’ont été plus vraies que dans les vers d’Alexandre Guiraud… À tout prendre, la vie de ce poète, si calme dans son travail, si recueilli dans son succès, si modeste dans son triomphe, fut une vie heureuse, facile, abondante, entourée d’estime, de bienveillance, d’amitié.

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