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24. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Son mérite y trouvait encore cet avantage d’avoir tout près de soi, et dans son cadre même, des connaisseurs délicats et des appréciateurs. […] Comme il sent bien le mérite de certaines femmes, leur charme élevé, profond, quand elles joignent l’agrément à l’honnêteté ! […] L’homme de mérite et aussi l’homme de lettres en lui avaient secrètement souffert. […] « Personne presque, remarque-t-il, ne s’avise de lui-même du mérite d’un autre. » On ne se rend au mérite nouveau qu’à l’extrémité. […] Le chapitre du Mérite personnel, qui est le second de son livre, et qui pourrait avoir pour épigraphe ce mot de Montesquieu : « Le mérite console de tout », est plein de fierté, de noblesse, de fermeté.

25. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

C’est certes un grand mérite aux portraits de La Tour de ressembler ; mais ce n’est ni leur principal, ni leur seul mérite, toutes les parties de la peinture y sont encore. […] Obtiendrait-on d’une étude opiniâtre et longue le mérite de La Tour ? […] Eh bien, il fallait attendre un moment et ta vanité aurait été satisfaite, et tu n’aurais point humilié ton confrère. à la longue chacun a la place qu’il mérite.

26. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 81-82

Les personnes qui goûtent les Romans, & qui y attachent un grand mérite, trouveront dans les siens bien des qualités propres à les leur rendre intéressans ; il offrent de la légéreté, de la délicatesse, du sentiment, & sont exempts de ce ton odieux de licence, si prodigué par cette sorte d'Esprits qui ont la démangeaison d'écrire, sans autre inspiration que celle du vice. […] Elles ont le mérite rare de la correction. […] A ces défauts près, qui se font sentir dans presque toutes ses Productions, Madame Riccoboni ne mérite que des éloges & des applaudissemens.

27. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Au moment où l’on put arriver à tout avec de l’or, on voulut avoir de l’or ; et le mérite, qui ne conduisait à rien, ne fut rien. […] Si vous n’avez pas une âme de bronze, dites donc avec moi ; élevez votre voix, dites : maudit soit le premier qui rendit les fonctions publiques vénales ; maudit soit celui qui rendit l’or l’idole de la nation ; maudit soit celui qui créa la race détestable des grands exacteurs ; maudit soit celui qui engendra ce foyer d’où sortirent cette ostentation insolente de richesse dans les uns, et cette hypocrisie épidémique de fortune dans les autres ; maudit soit celui qui condamna par contre-coup le mérite à l’obscurité, et qui dévoua la vertu et les mœurs au mépris. […] Si vous êtes méchants, si vous êtes indigents, si vous êtes corrompus. ô richesse, mesure de tout mérite ! […] Maîtres des nations, ôtez à l’or son caractère représentatif de tout mérite. […] Que celui qui a de l’or puisse avoir des palais, des jardins, des tableaux, des statues, des vins délicieux, de belles femmes ; mais qu’il ne puisse prétendre sans mérite à aucune fonction honorable dans l’état ; et vous aurez des citoyens éclairés, des sujets vertueux.

28. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Plusieurs de ses disciples devinrent de grands hommes ; et comme partout le succès fait le mérite, leur gloire ajouta à la sienne. […] Le troisième éloge est, pour l’exécution et le sujet, d’un mérite fort supérieur à celui-là ; c’est l’éloge funèbre d’un roi, adressé à son fils : ce roi, grand homme assez obscur, se nommait Évagoras, et était souverain de l’île de Chypre. […] D’abord, un des principaux mérites d’Isocrate, était l’harmonie ; on sait combien les Grecs y étaient sensibles ; nés avec une prodigieuse délicatesse d’organes, leur âme s’ouvrait par tous les sens à des impressions vives et rapides ; la mélodie des sons excitait chez eux le même enthousiasme que la vue de la beauté ; la musique faisait partie de leurs institutions politiques et morales ; le courage même et la vertu s’inspiraient par les sons. […] Pour nous, ce mérite est presque étranger ; nous sommes des Scythes qui voyageons, un bandeau sur les yeux, à travers les ruines de la Grèce. Un autre grand mérite de cet orateur, c’étaient des finesses et des grâces de style ; or, ces finesses et ces grâces tiennent ou à des idées ou à des liaisons d’idées qui nous échappent ; elles supposent l’art de choisir précisément le mot qui correspond à une sensation ou délicate, ou fine ; d’exprimer une nuance de sentiment bien distincte de la nuance qui la précède ou qui la suit ; d’indiquer par un mot un rapport, ou convenu, ou réel entre plusieurs objets ; de réveiller à la fois plusieurs idées qui se touchent.

29. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 362-363

Il a eu un mérite bien rare parmi les Traducteurs, celui de surpasser son original. […] le Tourneur a eu le talent d’embellir, par une touche aussi vigoureuse que sublime, les moindres pensées du Poëte lugubre & énergique qu’il a traduit, mérite qui ne doit pas paroître médiocre aux yeux de ceux qui savent que la Langue Angloise est supérieure à la nôtre, pour rendre les idées sombres, fortes & pittoresques. […] le Tourneur a été couronné dans plusieurs Académies ; mais, nous le répéterons toujours, & nous sommes aujourd’hui plus en droit que jamais de le répéter, ces Couronnes ne sont que la moindre partie de la gloire de tout homme de mérite.

30. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Parmi les pièces représentées sur un autre théâtre que le Théâtre-Français, la commission, même après un premier choix, avait à en examiner plusieurs de mérite inégal et de genre fort divers ; mais elle ne pouvait ne point se préoccuper, avant tout, d’un ouvrage qui lui était désigné par le plus brillant succès, par la jeunesse et la maturité du talent, et qui est, sans contredit, la plus remarquable des pièces représentées pendant l’année. […] Il a été dit, au sein de la commission, beaucoup de choses très fines et très ingénieuses sur les mérites de l’ouvrage en ce sens ; ample justice a été rendue à ces quatre premiers actes surtout, qui sont presque en entier excellents, si nets d’allure et de langage, coupés dans le vif, semés de mots piquants ou acérés, et d’une comédie toute prise dans l’observation directe et dans une réalité flagrante. […] Et le mérite de cette scène n’est pas seulement dans un ou deux jolis traits que l’on en peut détacher, il consiste aussi dans un jet qui recommence et redouble à plusieurs reprises, toujours avec un nouveau bonheur et une fertilité d’images, une verve d’expressions comme il s’en rencontre chez les bons comiques. […] Mais ce dernier ouvrage, fondé, comme presque tous ceux du même genre, sur ce qu’on peut appeler l’adultère fondamental et antérieur à l’action, n’a point paru d’ailleurs différer notablement en mérite d’autres drames de la même famille, déjà couronnés les années précédentes ; et quant à l’agréable petite comédie donnée à la veille du nouvel an, c’eût été l’exagérer que de l’élever isolément jusqu’à l’importance d’un enseignement utile. […] Dans le cas présent du moins, ce ne sont pas les talents qui ont fait faute ; il n’y a que la direction de ces talents qui ne s’est point rencontrée avec le sens de l’arrêté ; et cette direction elle-même, bien qu’on n’ait pu la comprendre dans l’encouragement proposé, ne mérite point pour cela le blâme.

31. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Croiroit-on que, parmi ses détracteurs, le plus acharné soit précisément celui qui en eût dû le mieux sentir tout le mérite, M. de Voltaire ? […] Descartes, Corneille, Montesquieu, les deux Rousseau, Crébillon, Maupertuis, M. le Franc, seroient déchus depuis long-temps de leur célébrité, si on eût souscrit à cette formule qui lui est si familiere : un homme qui s’exprime ainsi, mérite-t-il…. formule qui ne vient jamais qu’après l’exposition de quelques fautes légeres contre la Langue, & presque inévitables dans les Ouvrages de génie. […] Nous ajouterons que ces mêmes fautes, incapables de diminuer le mérite des bons Ouvrages, seroient des titres de condamnation contre les siens, parce qu’il s’en appuie pour décrier ceux des autres. […] N’est-on pas en droit de lui dire que son plus grand mérite en Poésie, est d’embellir tout ce qu’il touche ? […] Mais c’est précisément par la variété & le charme inexprimable de son style, que ce Poëte mérite, de l’aveu de tous les gens de goût, d’être placé parmi les Ecrivains du premier ordre.

32. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Après l’avoir fait prince de l’académie de saint Luc, ils parlent encore avec éloge de son mérite, en appuïant un peu trop néanmoins sur la foiblesse du coloris de ce grand poëte, quoiqu’il vaille mieux que celui de bien des grands maîtres de l’école romaine. […] Or, ces tableaux qui nous sont toujours présens, et dont le rang est certain, dont le mérite est décidé, servent, s’il est permis de parler ainsi, de pieces de comparaison, qui donnent le moïen de juger sainement à quel point l’ouvrage nouveau qu’on expose sous nos yeux approche de la perfection où les autres peintres ont atteint, et dans quelle classe il est digne d’être placé. L’idée de ces douze tableaux qui nous est présente, produit une partie de l’effet que les tableaux mêmes produiroient, s’ils étoient à côté de celui dont nous voulons discerner le mérite et connoître le rang. La difference qui peut se trouver entre le mérite de deux tableaux exposez à côté l’un de l’autre, frappe tous ceux qui ne sont pas stupides. […] Ainsi le public ne louera point d’abord une piece comme Phedre autant qu’elle le mérite.

33. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Il en est du mérite d’un homme comme de ses ouvrages, personne ne peut mieux les juger que lui, parce que personne ne les a vus de plus près, et plus longtemps. […] Elles sont moins nécessaires aux gens de lettres qui s’occupent des sciences exactes, et dont le mérite pour être fixé a moins besoin de la mesure des autres. […] Ce n’est qu’à ce prix qu’on mérite de l’être ; mais combien peu voudraient d’un pareil titre à de pareilles conditions ? […] C’est en faisant un long et heureux usage de cet esprit si commun, que des hommes sans mérite et sans nom peuvent arriver à la plus grande fortune et aux plus brillants emplois. […] Supérieur aux préjugés, le seul mérite chez ce monarque distingue les hommes.

34. (1763) Salon de 1763 « Peintures — De Machy » pp. 242-243

De Machy Des cinq tableaux que cet artiste a exposés : l’Intérieur de l’église de la Magdeleine, le Péristyle du Louvre vu du côté de la rue Fromenteau et éclairé par une lampe ; les deux Ruines à gouache de la foire Saint-Germain incendiée, et l’Installation de la statue de Louis XV, les quatre premiers ne sont pas sans mérite. […] C’est le mérite, non de l’artiste, mais des règles. […] Ce que je priserais donc dans le morceau de l’Église de la Magdelaine, ce n’est pas l’architecture ; l’éloge si elle en mérite, en appartient à M. 

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