Le père pousse sa fille à se faire épouser par un jeune homme riche, puis voyant qu’il ne survient pas d’héritier, imagine de le procréer lui-même, et, à la grande joie du jeune monstre, devient son amant et la rend mère.
La mère du poète, dans le style des romans à la mode et des élégies du temps disait retrouver en ces pages « la flamme du foyer bien ardent qu’elle avait dans son cœur » ; le charme suranné de cet hommage est le plus pieux souvenir que je sache de l’aube romantique.
Le philosophe peut se plaire à des spéculations de ce genre dans la solitude de son cabinet : qu’en pensera-t-il, devant une mère qui vient de voir mourir son enfant ?
On sait que les fils ressemblent à leurs mères et je ne serais pas éloigné de penser que l’empreinte maternelle ait prédominé en José-Maria de Heredia d’une façon occulte peut-être, mais très sourdement puissante. […] Ainsi, dans le Bel Avenir, qui est un de ses romans dont le sujet eût prêté le mieux peut-être à un comique un peu plus marqué, souvenez-vous avec quel tact et quelle mesure il a mis en scène l’amusante rivalité des deux mères et l’opposition de caractères des deux jeunes gens, et comme il en a maintenu spirituellement et joliment le ton de malicieuse comédie.
A vingt ans, étudiant à Turin, il n’ouvrait un livre qu’après avoir demandé à sa mère et obtenu l’autorisation de le lire. Il sera toujours ainsi ; vieux, il aura une autre mère à qui il demandera toujours ce qu’il doit lire et ce qu’il doit croire. […] » Partant, ma fille, prie ta mère, qui est si généreuse, de t’acheter une jolie quenouille ; mouille délicatement le bout de ton doigt, et puis, vrrr ! […] L’homme est un animal social ; il est né avec l’instinct de conservation, comme tous les animaux ; en tant qu’il est animal social, son instinct de conservation est social comme tous ses grands instincts, et, dans chaque individu, compte sur les autres ; de là le cri d’appel dans le danger, le cri de l’enfant vers la mère, de la femme vers l’homme, de l’homme vers son semblable. […] Et telle est bien, en effet, la limite de Mme de Staël ; elle n’a point oublié le conseil de sa mère, lui recommandant de très bonne heure « de faire sa cour à cette bonne raison qui sert à tout et ne nuit à rien. » Mme de Staël, en 1800, c’est bien le xviiie siècle, mais c’est le xviiie siècle des grandes espérances, des grandes fiertés, des grandes bontés, non des bassesses, des audaces et des chimères ; le xviiie siècle de Montesquieu, de Vauvenargues, de Voltaire un peu, par le côté humain et pitoyable, de Diderot nullement, de Rousseau pour ce qui est tendresse, effusion romanesque, rêve d’une humanité meilleure, des salons aussi (et nonobstant), de la sociabilité extrême et des entretiens spirituels ou sublimes ; le tout traversé par la révolution comme par un orage, attendri et mouillé de pitié, et plié peu à peu, de plus en plus, à « aller quelquefois au fond de tout, c’est-à-dire jusqu’à la peine. » II.
Ce fut un siècle doucement religieux ; sage comme un enfant sage, il ne retira jamais sa main de la main de sa bonne mère, la Religion. […] Circumfusa super ; Lucrèce songeait à la mer, pourtant douce, de son Italie quand il décrivait le geste impérieux et câlin de la mère des dieux et des hommes. […] Par le contact ; Pline parle, au même chapitre, de gens qui faisaient maigrir quelqu’un en le touchant ; d’une femme qui tuait ainsi les enfants dans le ventre de leur mère.
Elle prouve qu’elle a bien fait de se marier cinq fois, et elle le prouve d’un style clair, en femme expérimentée203 : « Dieu nous a dit de croître et de multiplier. » Voilà un « gentil texte », elle a « bien su le comprendre. » — « Je sais aussi que Dieu a dit que mon mari quitterait père et mère et s’attacherait à moi.
Quand il fallut rompre avec la nièce du cardinal Mazarin, Marie Mancini, il faisait pitié à la reine sa mère, par la profonde tristesse où l’avait jeté, disait celle-ci, la perte de ce qu’il aimait.
Du jour où le christianisme a dit à l’homme : « Tu es double, tu es composé de deux êtres, l’un périssable, l’autre immortel, l’un charnel, l’autre éthéré, l’un enchaîné par les appétits, les besoins et les passions, l’autre emporté sur les ailes de l’enthousiasme et de la rêverie, celui-ci enfin toujours courbé vers la terre, sa mère, celui-là sans cesse élancé vers le ciel, sa patrie » ; de ce jour le drame a été créé.
Car il est écrit : « Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » Oui, cela est écrit.
. — La Mère et l’Enfant, La Plume, 1900, in-16. — Bubu de Montparnasse, roman, La Revue Blanche, 1901, in-16. — Le Père Perdrix, roman.