L’une d’elles aimait à philosopher avec son neveu, « lui écrivant de longues lettres, où elle discutait et réfutait ses théories, opposant système à système, syllogisme à syllogisme ». […] « Je me souviens du long silence où nous tombions lorsque, lieue après lieue, nous retrouvions toujours les têtes rondes des chênes, les files d’arbres étagées et la senteur de l’éternelle verdure. » Cependant, il suivait les cours d’une petite école dirigée par un M. […] Sa famille de petits bourgeois et de fonctionnaires était de longue date racinée dans le pays. […] « Au soir de Wagram, a le droit de dire un Bonaparte, j’étais si fatigué que je suis tombé de sommeil, que j’ai dormi couché tout de mon long dans un sillon : j’étais la semence d’une admirable moisson de dévouement, de belle volonté et d’un lyrisme jusqu’alors inconnu. » Taine parfois justifie la timidité, le repliement sur soi-même et, sous le nom d’« acceptation », certaine servilité.
Et encore L’Aumône et cette courte pièce : Au temps des mûres, ils ont chanté Mes lèvres qui cèdent Et mes longs cheveux, tièdes Comme une pluie d’été. […] Les plus longues ne sont pas bien longues.
Aussi la période est-elle inégale, souvent trop longue, — parfois dépourvue d’éclat lorsqu’elle dédaigne l’image, — de proportions plutôt naturellement venues que mesurées savamment et parfaites. […] * * * Les longues pages précédentes ont fait pressentir déjà quelle est la personnalité des deux poètes dont j’ai choisi les œuvres. […] Nonchalant de sa longue promenade il s’est couché parmi les herbes, et regarde. […] Mais au retour d’un long voyage il la trouva mariée de force à Théobald, fils du duc Ferry. […] Sous le casque les cheveux disparaissent, mais on devine encore derrière les sept barreaux d’argent s’éveiller de longs yeux pensifs.
Un long séjour à Rome acheva ma conversion ; c’est peu à peu, par l’étude des faits, par la logique des choses et surtout par l’action vivante des hommes, que j’en suis arrivé aux conclusions philosophiques de mon livre ; elles ne sont pas un point de départ, elles sont une conviction lentement conquise sur d’anciens préjugés. — Cette foi nouvelle hésitait encore, étonnée de sa propre hardiesse, lorsque je vous connus, cher ami Bédier ; notre longue promenade d’avril 1904, dans le jardin du Palais-Royal, et de là au Panthéon, m’est inoubliable ; votre confiance, votre amitié me révélaient enfin le Paris entrevu dans les livres, ce Paris dont je dis ailleurs, en des mots d’amour, qu’il est la ville du livre lumineux et du pavé sanglant, d’où l’idée prend son essor vers l’humanité. […] Après un long détour, d’ailleurs nécessaire, nous en revenons à la sagesse des philosophes grecs ; l’analyse minutieuse n’a vu longtemps dans la diversité les choses qu’un vaste désordre et s’est divertie à étiqueter ces contradictions apparentes ; la synthèse retrouvera peu à peu l’ordre et le rythme, plus beaux encore dans l’effort humain que dans la marche des étoiles.
c’est bien long dans la vie, a dit tristement un autre poète, qui ne le fut, lui, qu’un jour. […] Telle a été la cause de son long silence littéraire. […] de l’homme troublé à l’homme qui le trouble, je n’aime point ce titre, qui est trop long et semble embarrassé… Jules de Gères a le droit d’avoir de l’aplomb, et il n’y a que les trembles, si c’était leur métier, à ces arbres frissonnants, de faire des livres, qui pourraient les intituler comme cela ! […] J’ose aller contre l’axiome de Boileau, ce janséniste en poésie, qui disait « qu’un sonnet sans défaut valait un long poème ». […] IV Je voudrais pouvoir citer ces deux pièces pour donner une idée de la poésie de Gères quand elle atteint son point culminant, — son zénith ; je voudrais citer aussi l’Incerta et occulta, non moins belle, mais je suis arrêté par un des mérites de ces pièces la longueur, la puissance du souffle… L’Arbre devenu vieux n’a pas moins de cent dix-neuf strophes… Or, ces longues poésies sont venues et sont faites comme les roses, pour lesquelles Dieu ne s’est pas repris… Les feuilles d’une rose ne sont plus la rose ; des vers pris à des poésies bien venues n’en donnent ni le mouvement, ni l’unité, ni la vie !
Sa main n’écarta pas son long manteau de deuil Pour puiser l’eau bénite au bord de l’urne sainte. […] Le badinage est gai, mais il est trop long et trop usé. […] Ses longs cheveux épars la couvrent tout entière. […] où le vent du matin, Sur l’échelle de soie, au chant de l’alouette, Berçait vos longs baisers et vos adieux sans fin ! […] Dans l’une de ces circonstances, je me rappelais trois longs mois d’hiver passés à Paris dans la première fleur de mes années.
Vous n’êtes point lent, mais vous êtes long. […] Il dénonce et poursuit à outrance « ce goût de sûreté géométrique qui est enraciné en lui par toutes les inclinations de son esprit, par toutes les longues et agréables études de sa vie, par une habitude changée en nature ». […] Ses idées et ses plans divers demanderaient une longue explication, dont le dernier mot et la conclusion seraient, je crois, un doute. […] Le long règne de Louis XIV avait tendu tous les ressorts et fatigué à la longue toutes les conditions et toutes les âmes. […] Elle est ce qu’elle peut être chez un homme de sensibilité, de piété, de délicatesse, qui a vu de près la Cour et qui en a souffert, qui assiste à une fin de long règne et qui en voit les inconvénients, les derniers abus et même les désastres.
Marguerite se sentait là non seulement à l’abri d’un coup de main, mais même à l’épreuve du plus long siège et de tout assaut. […] Il lui tient un discours qu’elle rapporte au long, avec une sorte de complaisance : Ma sœur, la nourriture que nous avons prise ensemble ne nous oblige moins à nous aimer que la proximité… Nous avons été jusques ici naturellement guidés et cela sans aucun dessein et sans que telle union nous apportât aucune utilité que le seul plaisir que nous avions de converser ensemble. […] Quand elle avait commencé de lire un livre, si long qu’il fût, elle ne laissait ni ne s’arrêtait jamais jusqu’à ce qu’elle en eût vu la fin ; « et bien souvent en perdait le manger et le dormir ». […] Et elle ajoute naïvement en y mêlant son érudition chrétienne : « Il eut volontiers dit comme saint Pierre : Faisons ici nos tabernacles, si le courage tout royal qu’il avait et la générosité de son âme ne l’eussent appelé à choses plus grandes. » Pour elle, on conçoit qu’elle y serait volontiers restée, prolongeant sans regret l’enchantement ; elle eût arrangé volontiers la vie comme ce beau jardin de Nérac dont elle nous parle encore « qui avait des allées de lauriers et de cyprès fort longues », ou comme ce parc qu’elle y avait fait faire, avec des promenoirs de trois mille pas de long au bord de la rivière, la chapelle étant tout près de là pour la messe du matin, et les violons à ses ordres pour le bal tous les soirs. […] Marie Stuart, qui avait beaucoup en elle de cet esprit, de cette grâce et de ces mœurs des Valois, qui n’était guère plus morale comme femme que Marguerite, et qui trempa dans des actes assurément plus énormes, eut ou parut avoir une certaine élévation de cœur qu’elle acquit ou développa dans sa longue captivité, et qui se couronna dans sa douloureuse mort.
Disons brièvement sa vie : elle fut longue, comme la vie de ceux à qui la Providence réserve beaucoup d’espace pour ce qu’ils ont à accomplir ici-bas. […] À la fin, le pontife, impatienté de cette longue attente, viola l’enceinte, fit renverser les échafaudages, déchirer les toiles qui masquaient la voûte et jeta une longue exclamation de joie et d’admiration. […] Le pape, après un long entretien avec lui sur l’agrandissement de Saint-Pierre de Rome, lui permit d’aller mûrir ses idées sur cet édifice en achevant à Florence les tombeaux des Médicis commencés. […] Cette mort assombrit pour jamais l’horizon déjà sombre de la longue vie de Michel-Ange. […] nous donner à tous deux une longue vie, soit sur la toile, soit dans ce bloc, en y gravant notre âme et nos traits ?
Ne serait-ce point par cette raison qu’il est rare de lire de suite et sans dégoût un long ouvrage en vers, et que les charmes de la versification nous touchent moins à mesure que nous avançons en âge ? […] On ne saurait croire, et je ne crains point là-dessus d’être démenti par les bons juges, combien un mot plus ou moins long à la fin d’une phrase, une chute masculine ou féminine, et quelquefois une syllabe de plus ou de moins dans le corps de la phrase, produisent de différence dans l’harmonie. […] Il arrive souvent d’être aussi obscur en fuyant la brièveté qu’en la cherchant ; on perd sa route en voulant prendre la plus longue ; la vraie manière d’arriver à un but, c’est d’y aller par le plus court chemin, pourvu qu’on y aille en marchant, et non pas en sautant d’un lieu à un autre. […] En prononçant des vers latins nous estropions à tout moment la prosodie et la mesure, nous faisons bref ce qui est long, et long ce qui est bref ; nous appuyons sur des voyelles qui devraient disparaître par l’élision, nous scandons enfin les vers à contresens ; cependant nous trouvons dans les vers latins de l’harmonie ; est-ce raison ou préjugé ? […] En scandant, par exemple, les vers hexamètres, nous nous arrêtons sur la dernière syllabe des dactyles ; cependant cette dernière syllabe est une brève ; c’est comme si dans une mesure composée d’une noire et de deux croches, on s’arrêtait et on appuyait sur la dernière croche ; on scande nos vers comme si les dactyles au lieu d’être une longue suivie de deux brèves, étaient deux brèves suivies d’une longue.
Les aventures héroï-comiques de Griffon, qui poursuit une maîtresse infidèle en Palestine, diversifient heureusement ces longs combats. […] Léna et sa fille entrèrent dans une enfilade d’appartements, dont on apercevait à peine le fond à travers une longue avenue de portes en drap vert, toutes ouvertes. […] Mais on sort de cette lecture comme d’un long bal masqué avec le tourbillon dans la tête, la confusion dans l’esprit, l’ivresse dans l’imagination , le vide dans le cœur. On s’est amusé, mais on s’est peu intéressé ; le plaisir trop long devient lassitude. […] dis-je à mon tour, remercions le professeur de nous avoir tantôt attendris, tantôt amusés, tantôt assoupis pendant ces longs jours d’été au doux murmure de ces stances.