A la manière dont il les représente, il semble qu’on soit à la veille d’une révolution funeste dans la littérature, & dans les mœurs.
S’il est téméraire d’affirmer que les modernes soient supérieurs aux anciens dans la littérature et dans l’art, le progrès dans les sciences positives ne semble pouvoir être raisonnablement mis en doute.
Je scais bien qu’en peinture, ainsi qu’en littérature on ne tire pas grand parti d’une idée d’emprunt ; mais cela vaut encore mieux que rien.
Au commencement du dix-septième siècle, peu de temps après l’époque de notre littérature où, selon l’expression naïve d’un des historiens du théâtre, « on commença à sentir qu’il était bon que les comédies fussent mieux composées, et que des gens d’esprit, et même des gens de lettres, s’en mêlassent », naquit dans une classe peu élevée de la société un de ces hommes qui semblent envoyés pour ouvrir à leurs contemporains des routes nouvelles, et répandre des lumières qu’ils n’ont point reçues de leurs prédécesseurs. […] Molière, La Fontaine et Racine se réunissaient deux ou trois fois la semaine chez Boileau, qui demeurait alors dans une maison de la rue du Vieux-Colombier ; ils y soupaient et discouraient ensemble sur la littérature, quand l’épicurien Chapelle, qui était aussi fréquemment de ces parties, voulait bien leur permettre de parler raison.
Shakspeare n’avait eu qu’une demi-éducation, savait « peu de latin, point de grec », à peu près le français et l’italien, rien d’autre ; il n’avait point voyagé, il n’avait lu que les livres de la littérature courante, il avait ramassé quelques mots de droit dans les greffes de sa petite ville ; comptez, si vous pouvez, tout ce qu’il savait de l’homme et de l’histoire. […] « Quand je suis née, une étoile dansait. » Ce mot de Béatrice peint ce genre d’esprit poétique, scintillant, déraisonnable, charmant, plus voisin de la musique que de la littérature, sorte de rêve qu’on fait tout haut et tout éveillé, et dans lequel celui de Mercutio se trouve à sa place.
Il possédoit une littérature immense. […] Guillaume Godefroi Léibnitz naquît à Leipsig, en Saxe, le 23 juin 1646 : c’étoit un de ces enfans privilégiés de la nature, qui ne donnent l’exclusion à aucun genre de littérature & de science, & qui vont frapper toutes les bornes les plus reculées de l’esprit humain. […] J’ENTENS, par ce terme, & les corps religieux, & tout corps qui fait une profession particulière de science ou de littérature.
Q u’un homme de lettres ne rende pas justice à un autre homme de lettres, c’est un travers sans doute honteux pour la littérature ; mais rien ne lui est plus nuisible que l’injustice criante de tout un corps qui, loin d’encourager les gens à talent, cabale contre ceux qui en ont le plus. […] On en vint jusqu’à dire qu’il faudroit chercher les moyens de la rendre utile dans la littérature, de même que l’abbé de Saint-Pierre en cherchoit un pour rendre les ducs & pairs utiles à l’état. […] Enfin, quoiqu’en dise l’envie ou la malignité, on convient assez généralement que le fauteuil est le cordon-bleu de la littérature, ou le tabouret des beaux-esprits.
Puisque nous en sommes à refeuilleter ces souvenirs du National, il y a pourtant quelque chose à dire sur la littérature proprement dite et sur la place qu’elle tint dans ce journal influent.
Ce temps explique Machiavel en politique, Benvenuto Cellini en art et en littérature.
Lorsque plus tard l’étude de la littérature de nos voisins me rapprocha du libre et puissant génie qui avait si fortement ému mon enfance, bien que l’ouvrage qui me l’avait révélé, fût le moins imparfait de ses écrits, rien de ce qui lui était échappé pendant une vie de luttes politiques et religieuses, ne diminua la grande idée que je m’étais faite de son art et de ses passions.
Nous nous contentons de savoir, de ces choses-là, ce qu’en doivent savoir les honnêtes gens qui ne veulent pas rester étrangers à une science qui tient de si près à la poésie, à la littérature, à la critique, aux mœurs publiques et privées : Docentem Artes quas deceat quivis Eques atque senator… De ces choses-là, c’est un danger d’en trop savoir ; pour peu qu’on ensache causer avec ceux qui en jasent, à la bonne heure !