Heureusement pour notre littérature, M. de Voltaire a fait de ce talent un meilleur usage, que de l’emprisonner dans une langue étrangère ; il a mieux aimé être le modèle des poètes français de notre siècle, et le rival de ceux du précédent, que l’imitateur équivoque de Lucrèce et de Virgile.
Comme on le voit, tout ceci ne ressemble pas à la littérature actuelle et aux mœurs des femmes à qui la clameur des badauds octroie présentement du génie.
Et voici maintenant le texte d’Emerson auquel ces vers me reportent naturellement : « La littérature du pauvre, les sensations de l’enfant, la philosophie de la rue, la signification de la vie journalière sont les sujets de ce temps.
Le vin est la littérature du peuple. « Ils chopinent, ils humectent volontiers le lampas », ils boivent la goutte pour remonter la machine intérieure qui est à bout, pour refaire leur gaieté qui s’en va. […] Il y a toute une littérature de village, composée de dictons, de bons mots, de petites phrases originales et précises, que la tradition conserve comme elle transmettait, au temps d’Homère, les magnifiques surnoms des dieux.
Cent cinquante ans après la conquête, l’importation du christianisme et le commencement d’assiette acquise par la société qui se pacifiait, firent germer une sorte de littérature, et l’on vit paraître Bède le Vénérable, plus tard Alcuin, Jean Érigène et quelques autres, commentateurs, traducteurs, précepteurs de barbares, qui essayaient non d’inventer, mais de compiler, de trier ou d’expliquer dans la grande encyclopédie grecque et latine ce qui pouvait convenir aux hommes de leur temps. […] Il y avait un mur infranchissable entre la savante littérature ancienne et l’informe barbarie présente.
Études sur la littérature contemporaine, t. […] Voyez Taine, Littérature anglaise, t.
En Angleterre, on compte le Coriolan de Jean Dennis, aujourd’hui presque oublié ; celui de Thomas Sheridan, imprimé à Londres en 1755 ; et surtout celui de Thomson, l’auteur des Saisons, dont le talent descriptif est le véritable titre au rang distingué qu’il occupe dans la littérature anglaise. […] Le temps de Johnson n’était pas d’ailleurs celui des grands dévouements ; et bien que, même à cette époque, le climat politique de l’Angleterre préservât un peu sa littérature de cette molle influence qui avait énervé la nôtre, elle ne pouvait cependant échapper entièrement à cette disposition générale des esprits, à cette sorte de matérialisme moral, qui n’accordant, pour ainsi dire, à l’âme aucune autre vie que celle qu’elle reçoit du choc des objets extérieurs, ne supposait pas qu’on pût lui offrir d’autres objets d’intérêt que le pathétique proprement dit, les douleurs individuelles de la vie, les orages du cœur et les déchirements des passions. […] Rien n’est plus alambiqué que l’esprit de la littérature du moyen âge. […] On dirait que Shakspeare a voulu imiter ce luxe de paroles, cette facilité verbeuse qui, dans la littérature comme dans la vie, caractérisent en général les peuples du midi ; il avait certainement lu, du moins dans les traductions, quelques poëtes italiens ; et les innombrables subtilités dont le langage de tous les personnages de Roméo et Juliette est, pour ainsi dire, tissu, les continuelles comparaisons avec le soleil, les fleurs et les étoiles, quoique souvent brillantes et gracieuses, sont évidemment une imitation du style des sonnets et une dette payée à la couleur locale. […] Le fond de l’aventure qui fait le sujet du Marchand de Venise se retrouve dans les chroniques ou dans la littérature de tous les pays, tantôt en entier, tantôt dépouillé de l’épisode très-piquant qu’y ajoutent les amours de Bassanio et de Portia.
Brunetière avait horreur de la grivoiserie française, de la gauloiserie, et la considérait comme une plaie honteuse de la littérature française. […] L’influence de Gassendi fut très faible, je crois, et je ne serais pas très éloigné de penser qu’elle fut nulle, parce qu’elle ne trouva pas un homme de talent pour se mettre à son service et pour illustrer de littérature les idées du philosophe provençal. […] Molière est le plus grand bourgeois de notre littérature. […] La littérature, c’est l’antiquité qui renaît. […] En tout cas, la littérature au xviiie siècle est un groupe nombreux et vigoureux, une classe devenue adulte, qui est tourmentée sourdement par la pensée plus ou moins précise que le christianisme constitué et directeur d’âme est un concurrent, un rival et un obstacle.
Hugo a tout d’abord tendu la main à ce haut et grave vieillard ; c’est ainsi qu’il les aime, qu’il les peint et qu’il les rêve : don Ruy Gomès de Sylva, dans Hernani, n’est pas d’une autre souche ; et lui-même, poëte, il m’a fait souvent l’effet de représenter cette sorte de type inflexible, transporté, dépaysé dans la littérature et dans l’art de nos jours : de là en partie, j’imagine, ce qu’il y a de faussé dans sa puissance.
» Comme Mme de Staël encore, elle lit Thompson avec larmes ; si plus tard, dans sa veine républicaine, elle s’attache à Tacite et ne veut plus que lui, l’auteur républicain du livre de la Littérature ne se nourrissait-il pas aussi de Salluste et des Lettres de Brutus ?
Auguis dans ses Révélations indiscrètes du xviiie siècle, est peut-être le premier exemple en notre littérature du style à la Janin ; dans ce genre de charge fine, l’échantillon de Garat reste charmant.