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581. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Tout cela est fort libre, débraillé même, bien éloigné de la décence moderne. […] Il s’en est accommodé pourtant ; bien mieux, elles l’ont fait naître : chez Taylor, comme chez les autres, la poésie libre conduit à la foi profonde. […] Ils ont aboli comme impies le libre drame et la riche poésie que la Renaissance avait portés jusqu’à eux. […] La Restauration allait se discréditer, la Révolution allait se faire, et sous le progrès insensible de la sympathie nationale, comme sous l’essor incessant de la réflexion publique, les partis et les doctrines allaient se rallier autour du protestantisme libre et moral. […] D’Homère à Constantin, la cité antique est une association d’hommes libres qui a pour but la conquête et l’exploitation d’autres hommes libres.

582. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

On sent, je ne saurais trop dire à quoi, que Julie eût-elle été libre, il n’eût pas épousé Julie. […] Lamartine est le seul des grands poètes de ce siècle qui ait pu oser le vers libre dans la poésie lyrique (je néglige à dessein quelques pièces des Odes et Ballades). […] Les formes y sont ordonnées par groupes, sous le ciel libre, comme pour un chœur, pour un hymne en commun. […] C’est un extraordinaire épanchement de paroles rythmées, toujours ample et libre, souvent hasardeux. […] Être seul, c’est régner ; être libre, c’est vivre.

583. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

Fort jeune, il savait diriger le quadrige de l’ode, déployer dans l’air libre les ailes brûlantes du dithyrambe ; les strophes du Poète malheureux sont animées d’un large souffle et la Napoléone vaudrait qu’on s’en souvînt, quand bien même Napoléon n’aurait pas voulu faire connaissance à Sainte-Hélène avec toutes les œuvres de son jeune ennemi.

584. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

On doit par conséquent se garder d’adopter inconsidérément tout ce qu’il leur impute dans sa Morale pratique & dans ses autres Ecrits, où l’animosité étouffe le discernement, & laisse une libre carriere à l’exagération, à la fausseté, aux contradictions.

585. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Les représentations sont appelées à la conscience par le jeu d’association d’idées illimitées et peuvent s’y donner libre carrière. […] Ils ne formèrent plus une réunion fermée dans laquelle on était reçu en due et bonne forme, mais seulement un cercle libre d’amis à tendances communes, sans cesse transformé par les entrées et sorties. […] Toutes ses représentations sont claires, bien agencées, libres de contradictions intimes. […] Ils nomment cela « nature artistique », « génialité au libre essor », « élan hors de l’atmosphère épaisse et basse de la banalité ». […] Ils emploient avec défi le « vers libre » de longueur et de rythmes arbitraires et la rime qui n’est pas pure.

586. (1903) Le problème de l’avenir latin

Il semble qu’au sortir d’une chambre l’air vicié on respire tout à coup au grand air libre. […] Comme si ce n’était pas l’âme même des peuples destinés à être libres, la sève de l’arbre ! […] L’air lourd et chargé de miasmes des chambres de malades, fermées au grand air libre, semble y flotter. […] En tous cas, pour obtenir le libre accès sur l’océan du monde, il faut trancher le lien.‌ […] L’enfance exige impérieusement l’air et le libre espace.

587. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

À la matière, les lois immuables et uniformes ; aux sciences, qui ont pour objet la nature physique, la certitude ; l’art est libre comme l’âme même dont il est la plus noble et la plus pure expression. […] À l’école de Rabelais et de nos vieux conteurs, ils avaient appris à ne pas trop s’effaroucher d’un son hardi, d’une image un peu libre. […] Il n’avait pas sur le clavier poétique le doigté libre et bien rompu ; mais l’esprit, le goût et le sentiment y suppléaient. […] si libre et de si grand air ! […] L’art est libre ; il n’y a pas beaucoup à craindre de sa liberté.

588. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Qui veut être libre, mérite de l’être, et déjà le devient, autant qu’il est en lui. […] Ils proclament qu’ils se sentent libres, absolument libres : ne les troublons pas ! […] Voltaire, Diderot, e tutti quanti, s’amusent à prêcher : Tenez-vous le ventre libre ! […] Surtout il faut laisser la nature libre. […] Il s’en fit les ailes qui le portèrent à une vie plus libre, plus heureuse !

589. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Si donc quelques-uns de nos confrères les critiques croient trouver qu’il serait de meilleur goût à nous de leur laisser le champ libre désormais et de nous taire, nous continuerons (ne leur en déplaise, et qu’ils nous le pardonnent !)

590. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

Il est vrai que, parfois, ils y gagnent toute une valeur suggestive, que ce sont comme quelques beaux accords frappés, comme une phrase initiale donnée dont on nous laisse libre de nous figurer le développement.

591. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Peu de jours après, Alphonse vint en effet ouvrir lui-même la porte au poète, et, pour hâter sa convalescence, il l’envoya, libre et suivi d’amis et de médecins, dans son délicieux palais d’été de Bello Sguardo. […] Le duc répondit à la supplique que le Tasse lui adressa de Bello Sguardo pour obtenir son congé et son agrément, qu’il ne s’opposait nullement à ce que le malade fût remis aux pères franciscains, si ces religieux consentaient à le recevoir et à répondre de sa santé par leurs soins ; il ajoute que, dans le cas contraire, le Tasse pouvait revenir habiter, libre, son appartement au palais de Ferrare, où il serait servi et soigné comme auparavant par deux serviteurs de la cour. […] « En ce qui touche Torquato », écrivit le duc, le 22 mai 1578, à son ambassadeur à Rome, « mon intention est que vous lui disiez qu’il est libre de faire ce qui lui conviendra, et que s’il veut revenir vers nous, nous serons nous-mêmes satisfaits de le recevoir. […] C’est peu connaître l’Italie et les mœurs de ses cours voluptueuses, que de supposer qu’un amour chevaleresque entre un gentilhomme de haute naissance, devenu le plus grand homme d’Italie, et une princesse libre de sa main et de son cœur, chérie de son frère, honorée de toute la cour, eût été un crime si monstrueux et si irrémissible aux yeux d’Alphonse.

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