La liberté individuelle, en effet, est la première cause du mal. […] L’esclavage n’élève pas le noir, ni la liberté non plus. […] Au point de vue de l’individu, la liberté, l’égalité absolues semblent de droit naturel. […] Soient, par exemple, les principes de la souveraineté du peuple et de la liberté. […] Comment fera l’humanité, avec une liberté individuelle aussi développée que la nôtre, pour conquérir les déserts ?
Ainsi Montesquieu pose ces étranges maximes : qu’un État déchiré par la guerre civile menace la liberté des autres ; et qu’il se forme toujours de grands hommes dans les guerres civiles. […] Après s’être donné toute liberté dans les scènes orientales des Lettres persanes, Montesquieu sera calmé par l’âge, la gravité professionnelle, le soin de sa considération. […] C’est ainsi qu’il égalera Berne à Rome, et verra dans ce canton suisse une menace pour les libertés de l’Europe, parce que Berne se trouve répéter Rome dans une particularité de son organisation militaire522. […] Par les généralisations aussi, Montesquieu donnait du piquant à son ouvrage : il se ménageait la liberté des allusions, la possibilité de faire entrer dans ses types autant d’accidents caractéristiques qu’il fallait pour faire deviner l’individu qui en avait fourni le modèle ; il échappait aux sévérités du pouvoir, et donnait au lecteur le plaisir d’entendre à demi-mot. […] Il expose comment toutes les lois de l’Angleterre ont pour objet la protection de la liberté politique des sujets, et comment cette liberté est assurée par le mécanisme de trois pouvoirs qui se complètent, se contiennent, s’équilibrent et marchent ensemble, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif.
Les livrets, pamphlets et brochures, comme nous dirions, s’y joignaient, en ce pays de liberté de presse, pour animer en sens divers les esprits. […] Comme la province de Zélande, sous l’influence du prince Maurice, s’opiniâtrait à agir en contradiction des autres provinces et à rejeter la trêve, il l’exhorte à se ranger à l’avis commun (18 novembre 1608 ; il établit que l’honneur est sauf, que la liberté des Provinces-Unies est suffisamment reconnue et proclamée, et dès à présent, et pour toujours ; il conjure messieurs de Zélande de se laisser vaincre dans leur opinion pour le salut de tous. […] Barneveld disait de lui, au sortir d’une conférence : « Je m’en vais toujours meilleur de quelque chose quand je parle à cet ambassadeur, et je ne sais ce que nous ferions sans lui. » — Et pour une marque certaine de l’estime auquel il était, nous dit Saumaise, témoin oculaire, c’est qu’il n’y a point de familles honnêtes ni de bonnes maisons en toutes ces provinces, où son portrait en leurs plus belles chambres ne servît d’ornement ; et, pour dire la vérité, cette figure est agréable à voir, car ce front élevé et cette grosse tête a je ne sais quoi de romain qui respire la liberté. […] Davantage, je crois fermement que lesdits États feront bien pour eux et pour leur république de n’affliger et désespérer lesdits catholiques ; car nous avons éprouvé en nos jours quel pouvoir a dedans les âmes et courages des hommes la liberté de conscience et le soin de la religion : tant s’en faut que la vexation et affliction les en rende plus nonchalants et abattus, qu’elle fait des effets tout contraires. […] Le roi lui demanda à titre de service de se charger d’écrire l’histoire de son règne, l’assurant « qu’il entendait laisser la vérité en sa franchise, et à l’auteur la liberté entière de l’écrire sans fard ni artifice, et sans lui attribuer, à lui, ce qui était dû à la seule providence de Dieu ou à la vertu d’autrui ».
Est-ce que nous avons montré une arme chargée dans nos mains ailleurs que sur le champ de bataille de Paris, pour défendre la société civile attaquée non pas par la liberté, mais par le meurtre ? […] Lorsque, après la révolution de 1830, que j’avais vue avec douleur, je voulus entrer dans les assemblées publiques pour y défendre à la tribune, selon mes forces, non cette révolution, mais la liberté, un poète fameux alors, tombé depuis, relevé aujourd’hui par sa noble résipiscence, écrivit contre moi une satire sous le titre de Némésis. […] que la liberté lente se fait attendre ! […] Je vends ma grappe en fruit comme tu vends ta fleur, Heureux quand son nectar, sous mon pied qui la foule, Dans mes tonneaux nombreux en ruisseaux d’ambre coule, Produisant à son maître, ivre de sa cherté, Beaucoup d’or pour payer beaucoup de liberté ! […] Je crois te voir encore, À l’heure où sur Paris montait la rouge aurore, Quand ma lampe jetait sa dernière lueur, Et qu’un bain de ma veille étanchait la sueur ; Tu t’asseyais tranquille au bord de ma baignoire, Le front pâle et pourtant illuminé d’histoire ; Tu me parlais de Rome un Tacite à la main, Des victoires d’hier, des dangers de demain, Des citoyens tremblants, de l’aube prête à naître, Des excès, des dégoûts et de la soif d’un maître, Du défilé terrible à passer sans clarté, Pont sur le feu qui mène au ciel de Liberté !
Nous aimons de tels ouvrages, parce que, s’il en naissait beaucoup de cette sorte dans des rangs qui ne sont pas les nôtres, ce serait une preuve qu’après bien des luttes et des déceptions cruelles, et même avec des dissidences d’affection persistantes, les générations nouvelles pourraient enfin s’entendre sur le terrain d’une vraie et pratique liberté. […] Il est un personnage surtout, depuis cinquante ans, vénérable aux amis de la liberté, et que M. de Carné n’aborda jamais qu’avec une sorte d’ironie méprisante qui sied mal à une intelligence si grave, si morale, et si faite pour honorer tant de constance dans une grande cause. Comme M. de La Fayette pour nous n’est pas un de ces hommes qu’on discute ni qu’on justifie, nous citerons simplement à M. de Carné, pour réfuter son dédain, ces deux versets d’un chant tout récent du poëte polonais Miçkiewicz : « Et les peuples se corrompaient de plus en plus, et il ne se trouva plus parmi eux qu’un seul homme citoyen et soldat. — Et cet homme conseillait de cesser de combattre pour l’intérêt, et de défendre la liberté du prochain ; et il est allé lui-même combattre pour elle dans la terre de la liberté, en Amérique.
Les limites de la liberté ont été reculées pour l’homme. […] C’est par là que les esclaves de Rome avaient la perspective de la liberté. […] Il a été difficile, dans tous les temps, d’accorder la liberté de l’homme et la prescience de Dieu : cet accord a été difficile surtout pour les peuples chez qui le flambeau des traditions n’a pas été directement transmis. […] Ainsi l’émancipation de la pensée a dû produire l’extension des limites de la liberté dans les institutions sociales.
Il aimait certes la liberté, ce fut son aspiration première, et il ne l’abjura jamais. […] Il dénonçait les attentats contre la loi, les violations de la liberté promise à tous les cultes et refusée à un seul. […] De même pour la religion : Camille Jordan était foncièrement religieux ; il plaida en toute occasion pour la liberté des cultes. […] Des soldats. — Qui, par tout le reste de la France, fit couler aux cris redoublés de : Vive la liberté ! […] meure la liberté !
Là comme ici, c’était une lutte constante entre la fatalité et la liberté. […] Optimisme et liberté, tels sont les deux idées fondamentales de la pédagogie de Michelet. Mais il faut que cette liberté soit dirigée, que cette action ait un objet. […] Optimisme et liberté sont les bases de l’éducation ; optimisme, liberté et justice sont les bases de la société. […] Il y a un parti qui n’a pas de grief contre lui : le parti de la liberté.
Bernadotte, un des soupirants de la jeune femme, obtint de Bonaparte, à force d’intercessions, la liberté du père de son amie, mais la destitution fut maintenue. […] Elle compta sur le temps et l’absence pour lui rendre moins cruelle la perte d’une espérance à l’accomplissement de laquelle il allait travailler avec ardeur en retournant à Berlin, car la paix lui avait rendu sa liberté et le roi de Prusse le rappelait auprès de lui. […] Un publiciste et un orateur aussi estimable que brillant, Camille Jordan, ami de Mathieu de Montmorency, l’entretenait des espérances d’une restauration prochaine des Bourbons ; cette restauration, selon ces deux hommes, devait être le réveil de la liberté monarchique. […] Il faut du bruit à un journal sous la liberté de la presse ; les foudres de paroles de M. de Chateaubriand faisaient l’éclat. […] Le fer de la liberté n’est pas un poignard, c’est une épée ; les vertus militaires qui oppriment souvent la liberté sont pourtant nécessaires pour la défendre, et il n’y a qu’unbéat comme Benjamin Constant et un fou comme le noble pair qui ouvre votre porte (le marquis de Catellan) qui auraient pu compter sur les exploits du polichinelle lacédémonien… etc.
« La Montagne est inattaquable par le côté droit et le Marais, s’écrie Camille ; elle n’est prenable, comme les Thermopyles, que par les hauteurs. » Effrayé enfin de cette sombre licence dont il a été le promoteur imprudent, il ne se lasse pas de présenter la liberté sous la forme aimable et sage dont il l’a toujours conçue ; il revient à chaque instant à cette idée, on dirait qu’elle l’obsède, et qu’il sent que ce rêve brillant couvrira seul dans l’avenir les taches de sa mémoire. […] La république, pour lui, c’est une égalité d’aisance et de bonheur, c’est une Athènes nouvelle, une république de cocagne ; que d’autres revendiquent le manteau sale et troué de Diogène, il aime bien mieux le manteau d’écarlate d’Alcibiade ; s’il est besoin de voiler la statue de la liberté, que ce soit, selon lui, non pas avec un drap mortuaire, mais avec une gaze transparente ; qu’un autel à la miséricorde s’élève à côté de l’autel de la patrie, et qu’un comité de clémence tempère l’inexorable aréopage. […] Mignet, en caractérisant ce journal, a dit que l’auteur y parle de la liberté avec le sens profond de Machiavel, et des hommes avec l’esprit de Voltaire.
La liberté, la servitude de l’univers, se conquièrent, se perdent, se jouent pendant un demi-siècle en lui, autour de lui ou avec lui. […] De grandes armées permanentes sont l’institution la plus fatale à la liberté et au pouvoir tout moral des lois. […] La nouvelle de la mort de Sylla, qui arriva en ce moment à Athènes, et qui présageait de nouvelles destinées à la liberté de Rome, enleva Cicéron à lui-même. […] Le peuple, lassé des hommes de guerre qui avaient assez longtemps ensanglanté Rome, voulut relever la liberté et la tribune en les nommant tous les trois. […] Pharsale fut le champ de bataille et le tombeau de la liberté du monde.