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1127. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Elles sont écrites beaucoup plus pour des instituts de savants que pour le commun des lecteurs.

1128. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

, il ne l’ait pas mis en pièces et déchiqueté avec la violence d’un ennemi qui croit faire une justice en faisant un massacre… voilà ce qui constitue véritablement une originalité à Prescott, et ce qui produit presque la stupéfaction chez son lecteur.

1129. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Il a dit lui-même, dans un passage charmant et souvent cité, mais en se moquant du lecteur qui le lui pardonne, que « son verre n’était pas grand, mais qu’il buvait dans son verre  ».

1130. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Le lecteur demandera maintenant pourquoi le mot amie est souligné ? […] Pas une note, pas un seul petit mot qui mette le lecteur en garde ! […] Mais, sans renvoyer le lecteur à aucun des sermons de Bourdaloue, parce que l’on pourrait le renvoyer à tous les sermons de ce grand homme à peu près indifféremment, je me contenterai d’un seul mot. […] Il n’est pas moins vrai qu’il ne s’agit pas pour l’écrivain de jouer comme au plus fin avec son lecteur, et de lui donner à deviner ce qu’il pense. […] Nous y renvoyons le lecteur.

1131. (1896) Études et portraits littéraires

Le style de Taine enfonce méthodiquement les idées au cerveau de son lecteur. […] Et voilà comment, à tout instant, il donne des sursauts à son lecteur, — quelquefois, avouons-le, au goût de son lecteur. […] Ce qui vaut encore des lecteurs aux nouvelles comme le Comte Danois, c’est leur faux air d’histoire. […] Mais ils eussent bien étonné les lecteurs d’alors, nullement préparés à ce genre de publications. […] Je crains que les lecteurs de Séverine, s’ils sont des miséreux, ne se mettent tout de suite en devoir de dépaver les rues.

1132. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Il n’est point de lecteur, au reste, qui n’ait lieu d’être amplement satisfait d’un travail si plein, si net, et où l’on est à tout moment dans le vif. […] Alexandre de Humboldt, dans ses dernières années, et quand on sut que l’âge commençait à peser enfin à cette organisation si longtemps verte et vigoureuse, recevait de tous côtés des offres de dévouement, de service ; on lui demandait par grâce de le venir soigner, entourer d’attentions, d’être sa lectrice, sa garde-malade. […]  » Quoique lectrice et admiratrice de Rousseau, Mme de Verdelin n’était donc pas une insurgée du sexe ni une émancipée ; elle était bien restée femme, au sens habituel du mot ; elle n’allait qu’à mi-chemin en bien des choses.

1133. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Je n’étais certes pas en ce moment dans cette disposition de l’âme qui fait rechercher ou savourer un plaisir théâtral ; mais cette représentation n’était pas un plaisir pour moi : c’était un devoir de situation, une étude d’écrivain ; ayant à parler ce jour-là du musicien de Salzbourg, il fallait, puisqu’une occasion si inespérée s’offrait à moi, me retremper dans cette musique dont j’avais à analyser le charme, et, pour ainsi dire, la divinité pour mes lecteurs. […] « Je ne l’ai écrit, disait modestement Mozart aux hommes qui n’étaient pas aptes à l’apprécier de son temps, je ne l’ai écrit que pour mes chers habitants de Prague, pour moi et pour quelques amis. » XV Nous voudrions pouvoir donner ici à nos lecteurs l’analyse savante et sentie de cette œuvre accomplie de littérature musicale, telle que la donne M.  […] Nous ne pouvons résister au désir de traduire ce délicieux retour de Lorenzo d’Aponte dans sa petite ville de l’État de Venise : nos lecteurs nous le pardonneront.

1134. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Le lecteur, indépendamment de ce qu’on lui dit, aime à être pris pour confident par l’ami qui chante ou qui parle : avoir un secret en commun avec cette âme, c’est vivre à deux, c’est une espèce d’amour qui s’enivre de ce qu’on lui dit à l’oreille et de ce qu’il répond confidentiellement lui-même à la confidence connue ou inconnue. […] Le bonheur a voulu que, par une série de heureux hasards et de fidèle affection (celle de M. d’Aurevilly, un écrivain qui ne peut être caractérisé que par lui-même, parce qu’il ne ressemble à personne), le hasard et le bonheur ont voulu que ce journal et ces lettres n’aient pas péri dans les cendres du Cayla ; mais que des mains pieuses les aient recueillies le lendemain de sa mort pour édifier tout un siècle, et, après M. de Sainte-Beuve, moi, qui vais essayer d’inspirer à mes lecteurs la passion de les lire comme une Imitation de Jésus-Christ en action, le plus beau des livres modernes dans la plus tendre des âmes et dans le plus confidentiel des styles. […] Voilà de quoi me plaire ici et murer ma porte à tout ce qui se voit ailleurs. » XLVIII Arrêtons-nous un moment ici, où ses dernières joies finissent, et demandons à nos lecteurs s’ils ont trouvé ailleurs ces ouvertures sur l’âme humaine qui laissent mieux voir au fond d’un cœur.

1135. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Je trouvais bien quelquefois que cette belle langue italienne où le si suona était bien rude et bien martelée, que cela ne ressemblait guère ni à la délicieuse et claire harmonie du Tasse, ni à l’amoureuse et rieuse mélodie de l’Arioste, ni à l’énergie nationale, sensée et abondante de Machiavel ; que cet effort continu de l’écrivain, en tendant l’esprit du lecteur, lui donnait plus de peine que de plaisir ; que les banalités rhétoriciennes, quand on les pressait bien dans la main, ne laissaient que des cailloux mal polis dans l’esprit ; que Dieu avait fait de la facilité la vraie grâce de l’élocution, et que tout ce qui était difficile n’était pas réellement beau. […] Qu’importe au lecteur que J. […] « Ici, pour l’intelligence du lecteur, je dois dire ce que j’entends par ces mots dont je me sers si souvent, concevoir, développer et mettre en vers.

1136. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Leurs tendances sont contradictoires selon les périodes de leur vie, et chaque lecteur peut trouver à admirer dans le sens de ses préjugés. […] Mais c’est un goût individuel qui ne peut intéresser vos lecteurs. […] Ce sont précisément ceux-là que l’étranger lit et admire le plus, d’abord parce que les contemporains sont toujours plus accessibles à la majorité des lecteurs, et aussi parce qu’ils représentent cette France moderne qui a conquis les sympathies du monde.

1137. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Mais comment croire à la sincérité d’un homme qui défie d’avance son lecteur d’oser se trouver plus honnête homme que lui ? […] Quel miel pour attirer les lecteurs que de leur dire à chaque instant : « N’allez pas vous piquer de me ressembler » ; et, pour varier : « N’oubliez pas que je vaux mieux que vous !  […] Mais l’épreuve en est dangereuse, et les lecteurs de Rousseau, tiraillés entre la vérité et le sophisme, comme il le fut lui-même, risquent fort de ne pas se ranger du côté de la vérité.

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