Il faut choisir et, en choisissant, ne pas oublier qu’une littérature de langue française, florît-elle hors de chez nous, a le devoir de ne se point émanciper outre mesure, de suivre l’usage ancien de la langue et de trouver sa liberté dans la juste connaissance de cet usage. […] Les Belges de langue française auraient tort d’écrire, comme on dit, en belge. […] Le moyen âge lui est familier : les poèmes du moyen âge et aussi la langue du moyen âge, comme à un philologue. […] Paul Meyer, incontestable philologue, propose à l’Académie une réforme de l’orthographe dont les articles dérivent du passé même de la langue, Rémy de Gourmont le chicane heureusement. […] Mais, répliquons-nous, il y a le détail de la réalité, il y a (comme on dit) les faits et votre patience de philologue, de naturaliste, d’anecdotier, ne la dépensez-vous pas à collectionner des faits, vous qui êtes si content le jour que vous apprenez comment les langues romanes modifient le c initial devant une voyelle, comment les fourmis cheminent et ne font pas de différence pénible entre un plan vertical ou horizontal, et comment M. des Réaux jugeait la belle Mme de Montbazon ?
Pourquoi le Languedoc est-il réuni à la France du nord, union que ni la langue, ni la race, ni l’histoire, ni le caractère des populations n’appelaient ? […] En lui mettant sous la langue le nom ineffable de Dieu (le mystique tétragramme ), le cabbaliste conférait même à l’homme de plâtre la raison, mais une raison obscure, imparfaite, qui avait toujours besoin d’être guidée : il se servait de lui comme d’un domestique pour diverses besognes serviles ; le samedi, il lui ôtait de la bouche le talisman merveilleux, pour qu’il observât le saint repos.
si : cela me rappelle un tortionnaire qui fit subir d’horribles tourments au génie de la langue. […] … Il ose parler du génie de la langue, — ce poncif suranné dont nous avons fait justice ! […] Sous les langues de flamme qui tombent d’un firmament fou, se tordent des moribonds sans forme humaine, des têtes mangées par des bouches de plaies, des bras en manchons, des membres éléphantins et spongieux, des jambes mamelonnées d’ampoules, boursouflées de cloches… Voilà qui est admirable.
Le duc de Nivernais était, en effet, plus propre que personne à servir d’exemple ; à une époque où l’on se piquait avant tout d’être, non pas féroce, mais ce qu’on appelait un homme aimable et même un petit-maître, et en l’étant lui-même, il n’avait rien négligé de ce qui orne intérieurement l’esprit, il se préparait à devenir insensiblement raisonnable ; il savait toutes les langues vivantes, il lisait les auteurs étrangers et en tirait des imitations faciles ; il ne songeait qu’à embellir, à égayer honorablement une grande et magnifique existence, et, sans le savoir, il ménageait à son âme des consolations imprévues pour son extrême vieillesse, dans la plus violente crise sociale qui ait assailli les hommes civilisés.
Elle savait l’anglais et s’y fortifia ; cette langue nette, sensée, énergique, lui devint familière comme la sienne propre.
Après ces témoignages d’une personne aussi véridique que Mme de Motteville, et d’un connaisseur désintéressé ici comme Retz, je n’ai garde d’aller demander à cette méchante langue et à ce fou de Brienne quelques détails moins enchanteurs sur une telle beauté, détails suspects et qui ne se rapporteraient d’ailleurs qu’à l’époque déclinante.
Quoique l’auteur s’excuse presque d’avoir oublié sa langue durant dix années de voyages et d’absence, le style est déjà tout formé, et l’on y retrouve plus d’une esquisse gracieuse et pure de ce qui est devenu plus tard un tableau.
Donnez donc des systèmes représentatifs aux nomades de la Mésopotamie ; donnez des tribunes à des peuples qui parlent des langues différentes ; donnez la liberté de la presse aux sauvages Kurdes des frontières de Perse ; donnez des préfets et des receveurs généraux aux huttes des Tartares, aux tentes errantes de l’Éthiopie ou de la Mecque !
La Grèce, déchiquetée par la nature en détroits, en golfes, en îles et en presqu’îles, sans autre unité que la langue, ne pouvait être qu’une mosaïque de gouvernements, les uns monarchiques, les autres aristocratiques, ceux-ci démocratiques, ceux-là démagogiques, mal reliés par le lien d’une confédération confuse.
Le Tasse obtint l’autorisation de se rendre à Rome, à Padoue, à Venise, pour épurer son poème de tout ce qui pouvait blesser les plus légers scrupules de la théologie, de la philosophie, de la langue ou du goût.
… » XXVII On voit par le ton de cette lettre, si différent des jactances de Marie Stuart, quand elle menaçait Élisabeth de déchéance, et l’Angleterre d’invasion des Écossais catholiques, combien son âme et sa langue savaient se plier aux temps.