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977. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

La chaleur revenait ; le frisson disparaissait, et le froid vaincu laissait le cœur ferme. […] Il y en avait une, assez belle et d’un prix élevé, mais qu’on pouvait me laisser à bien meilleur marché. […] Je vous laisse dire, citoyens, vous devez me laissez dire, Messieurs. […] Laissez-moi m’enivrer du vin de son haleine ; Au bras du Bien-aimé laissez-moi m’endormir ! […] Dans un projet de mouvement, laissé par mon prédécesseur, vous deviez aller à Lyon.

978. (1924) Critiques et romanciers

Bref, « il n’y a plus qu’à se laisser vivre ». […] Surtout ne le laissez jamais seul dans votre chambre en désordre. […] Mais il ne se laissa point tromper aux apparences. […] Laissons cela, qui n’est pas notre affaire. […] Mais il ne se laisse point aller aux jérémiades.

979. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Savez-vous quel est son plaisir, quand son rhumatisme lui laisse un moment de liberté ? […] Nous l’avons laissé dans la maison de Louise, recevant des mains de la jeune fille de précieux secours. […] Daniel se laissa, avec joie, écraser par le travail. […] Son interrogatoire, celui de ses geôliers ne nous laissent aucun doute. […] Comment les chefs de l’armée française se sont-ils laissés prendre au piège ?

980. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Renvoyons ceux-ci à ceux-là, et laissons-les s’accommoder entre eux. […] Voulez-vous que je laisse dire dans la tribu Ould-Ali qu’une autre jument a pu dépasser la mienne ? […] Après cela, on peut en prendre et en laisser. […] Surtout il faut laisser la nature libre. […] Mais, chez Rossini, tout coule de source : il n’a qu’à se laisser aller.

981. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Laissez-moi me recueillir un peu. […] Ils ne s’étaient pas laissé devancer par les artistes. […] Mais passons… Nous avons laissé Dante partant pour Rome. […] Après sa mort, on ne saurait laisser en paix ses os. […] Voici près de deux heures que nous vous laissons parler presque seule.

982. (1902) La poésie nouvelle

Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds, ‌ Je laisserai le vent baigner ma tête nue.‌ […] Ces poèmes trahissent plutôt la révolte contre la prosodie régulière et le vœu de s’en débarrasser qu’ils ne laissent apercevoir l’invention décisive d’une forme nouvelle. […] La sombre philosophie dont il a fait sa doctrine est loin de le laisser impassible. […] Les différents vers qui composent la laisse poétique sont, bien qu’inégaux entre eux, déterminés individuellement par le nombre de leurs syllabes. […] On la sent uniquement attentive à l’idéal qu’elle entrevoit et dont elle dédaignerait de se laisser distraire.

983. (1922) Gustave Flaubert

Laissons donc cela. […] Tu le verras quelque jour attraper une place et laisser là cette bonne littérature. […] Sa durée s’écoule et l’emporte sans rien laisser en lui. […] Et le roman ne laisse pas cette conscience tout à fait injustifiée. […] L’enfer te laisse.

984. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VI. Utilité possible de la conversation »

En un mot, au lieu de se persuader qu’on a affaire à de purs esprits et à des axiomes universels, on croira qu’on a devant soi un individu vivant, en qui tout est borné et relatif, chez qui les affections, les habitudes, la disposition physique font échec à la vérité ; on prendra la parole qu’on entend pour le signe de l’âme qu’on ne voit ni n’entend ; on tâchera par elle de deviner ce qu’est l’invisible personne qui ne se laisse jamais atteindre que par le dehors. […] Vous saurez aussi ce qui est à votre usage dans son esprit, ce qu’il vous convient de vous approprier ou de lui laisser dans les idées qu’il exprime.

985. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Il importe peu aux siecles suivans qu’un Auteur ait connu parfaitement sa langue, qu’il l’ait parlée purement & avec facilité, qu’il ait eu du goût & des connoissances, que les grands Poëtes de son temps l’aient célébré : s’il n’a laissé des Ecrits qui le rendent digne de se survivre à lui-même, on le met bientôt au rang des Auteurs oubliés. […] C’est pour nous avoir laissé des Lettres qui sont un chef-d’œuvre d’éloquence ; pour avoir enrichi l’esprit humain de pensées profondes, fortes & sublimes ; pour avoir lancé, dans cinq ou six traits de plume, plus de lumiere & de génie qu’on n’en trouve dans tout ce qui paroît accumulé avec tant d’effort dans des volumes de Mélanges de Littérature, d’Histoire, & de Philosophie.

986. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Préface »

Elle n’avait pas lu la préface générale, placée à la tête du premier volume des Œuvres et des Hommes (le volume des Philosophes et des Écrivains religieux), ou si elle l’avait lue, elle ne s’en souvenait plus, car il est dit positivement dans cette préface, que pour être plus dans le mouvement de son temps, l’auteur laisserait là toute exposition artificielle ou chronologique, et ne partirait jamais, tout en embrassant le siècle tout entier, dans un nombre indéterminé de volumes, que des publications contemporaines ou des réimpressions par lesquelles on atteint à tous les moments du passé et à tous les hommes qui y ont laissé une place durable ou éphémère… Avec ce système, il y a des attentes, il n’y a pas d’oublis !

987. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Il contraint Euthyphron, par une série de raisonnements, à se démentir, et il n’arrive lui-même qu’à une conclusion très confuse, qui laisse l’esprit aux prises avec le mystère du bien et du mal en soi. […] C’est pourquoi, déjà vieux et cassé comme je suis, je me suis laissé atteindre par le plus lent des deux, la mort ; tandis que le crime s’est attaché à mes accusateurs, plus jeunes et plus agiles que moi. […] Xanthippe, l’épouse de Socrate, un de ses enfants dans les bras, est auprès de lui et se lamente à la manière des femmes ; on la reconduit dans sa maison pour laisser la liberté d’esprit au philosophe. […] « — Laissez-le dire, et qu’il prépare son breuvage comme s’il devait me donner la ciguë deux fois, et même trois fois, s’il est nécessaire, répond Socrate. […] Dieu, qui a voulu en tout temps la conservation des âmes, n’a laissé manquer aucun temps de la portion de vérité naturelle ou révélée, indispensable pour que sa création subsiste et pour qu’elle l’entrevoie lui-même à travers ses mystères.

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