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1836. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Ainsi donc jusqu’ici l’ouvrage est formé de deux parties bien distinctes qui se complètent l’une l’autre. […] Il avait fait aussi deux grandes lithographies, sans doute difficiles à trouver maintenant, l’une qui représente le Massacre de la Saint-Barthélemi, et l’autre la Ronde du sabbat d’après la célèbre ballade. La scène d’histoire n’était pas moins bizarre et fantastique que la scène légendaire, mais dans l’une et l’autre il y avait cette transformation de la réalité en chimère et cette entente des terreurs nocturnes qu’on ne rencontre que dans les Caprices de Goya. […] Le soin religieux, l’attention soutenue, la compréhensive indulgence qu’il apportait à ces délicates fonctions, dont on ne peut apprécier la difficulté qu’après les avoir pratiquées soi-même, il n’est pas besoin de les dire, et lorsqu’une œuvre bizarre, outrée, extravagante de pensée ou d’exécution, nous passait sous les yeux, avant de prononcer le verdict de refus, Rousseau disait aux vieux de 1830, devenus comme lui membres du jury : « Prenons garde, messieurs ; nous ne sommes peut-être plus que des ganaches romantiques, classiques à notre façon. » À l’une de ces séances, la dernière, nous sortîmes ensemble.

1837. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

L’auteur de Richard III a ainsi deux conceptions de la vie, l’une féerique et l’autre de cauchemar, et ce sont les deux aspects du monde qui rythmiquement oscille du noir au bleu. […] André Maltère est aidé dans ces tentatives par l’excitation même qu’apportent à ses nerfs deux femmes dont les qualités opposites se complètent en lui : l’une, fille d’un professeur au Muséum, Mlle Claire Pichon Picard, représente l’honnêteté, la droiture, un jugement exquis, bien qu’un peu rigide, enfin la fleur de la raison contemporaine piquée à un gracieux corsage ; l’autre, une petite princesse russe nommée Marina, nous offre une image plus complète encore que Bérénice de ce type qu’a vraiment créé Barrès, la femme sensuelle et raffinée, perverse, au sens étroit d’un logicien, élégamment adaptée, au sens plus large d’un passionné, à l’harmonie mystérieuse des choses, à la délicatesse des jours d’automne, des aubes grêles, des vins répandus, des fleurs fanées, des êtres faibles devant le désir, le danger, la douleur et la honte, et dont tous les espoirs sont flétris. […] Il avait montré son personnage entre deux femmes souples et charmantes dont l’une personnifiait la logique et l’autre l’émotion. […] (Paul Hervieu : Peints par eux-mêmes) L’écrivain encore jeune qui, par son dernier livre, vient de se révéler comme un maître, le clair et raffiné Paul Hervieu, avait jusqu’ici suivi deux routes diverses quoique également ornées ; l’une d’humour et de fantaisie où serpente une anxiété vive des obscurs replis du cerveau ; Diogène le chien, les Yeux verts et les yeux bleus, surtout cet étrange essai de l’Inconnu qui fit émoi dans le monde des imaginatifs et des penseurs, et cette Exorcisée où l’analyse la plus minutieuse laissait encore flotter le mystère, profil de femme vague et troublant sur un paysage de volupté. […] Chaque lame a ses deux profils dont l’un rit et l’autre pleure, ses deux voix dont l’une approuve et l’autre chasse : Songe à l’immortalité ; Que t’importe un nom éternel.

1838. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

L’une de ces idées était l’idée de la Loi. […] Il semble qu’il y ait eu, à cette soudaine interruption, deux causes, l’une toute personnelle et sentimentale, l’autre toute critique et intellectuelle. […] Sur l’une était disposé l’arsenal de ses plumes d’oie et de ses bouteilles d’encre, car Barbey enluminait de rouge, de bleu et de vert, d’argent et d’or, ses moindres billets. […] De quelle joie notre maître commun eût été pénétré en constatant le bel effort d’éthique intérieure, par lequel un des meilleurs de ses héritiers est parvenu à équilibrer, à corriger l’une par l’autre des facultés d’essence contradictoire, semblait-il.

1839. (1930) Le roman français pp. 1-197

Que l’une des « sources » de l’inspiration de La Nouvelle Héloïse de Rousseau puisse se trouver dans Clarisse Harlowe, le fait est surabondamment démontré, il ne fait plus de doutes pour aucun des historiens critiques de notre littérature. […] Les deux grands romanciers qui vont bientôt publier leurs œuvres, Balzac et Stendhal, manifesteront chacun l’une de ces tendances : Balzac, monarchiste et catholique ; Stendhal libéral et anticlérical. […] C’est encore ici l’une de ses vanités : il faut que tous ceux qu’il rencontre aient quelque chose d’extraordinaire.

1840. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Martini plaida l’une & l’autre à Rome, & fit, en 1656, lever la défense. […] Elles furent séparées, parce que les médecins-chirurgiens trouvèrent leur avantage à sacrifier l’une à l’autre. […] Dans l’une, il y avoit ne sçauroit être absous pour les jésuites, & dans l’autre, ne seroit point absous pour les Jansénistes.

1841. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Tout simplement en essayant de reconstituer la personne des auteurs, hors de leur œuvre, pour comparer ensuite l’une et l’autre. […] Une double commémoration se prépare : l’une, celle de l’auteur des Pensées, à Clermont ; l’autre, celle de l’auteur de la Vie de Jésus, à Paris. […] Le mémorialiste, lui, pour peu qu’il ait été mêlé aux affaires publiques, est un survivant partial que ses passions doivent rendre bien suspect, — Saint-Simon en reste le plus remarquable exemple, — et surtout cette déformation inévitable du passé, qui veut que notre mémoire et notre imagination se travaillent constamment l’une l’autre.

1842. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Vous croiriez être devant une famille naturelle de plantes ; si la grandeur, la couleur, les accessoires, les noms diffèrent, au fond le type ne varie pas ; les étamines sont en nombre pareil, insérées de même, autour de pistils semblables, au-dessus de feuilles ordonnées sur le même plan ; qui connaît l’une connaît les autres ; il y a un organe et une structure commune qui entraîne la communauté du reste.

1843. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Voilà Virgile et l’une des sources principales de son émotion.

1844. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

« Pendant que son cœur s’épanchait ainsi, nos mains restaient l’une dans l’autre, nous nous les serrions, et nous nous montrions mutuellement que l’absence n’avait pas refroidi notre amour.

1845. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

« Ainsi j’ai vu sur le Cona, Cona que ne voient plus mes yeux, ainsi j’ai vu deux collines arrachées de leurs bases par l’effort d’un torrent impétueux ; leurs masses inclinées l’une vers l’autre se rapprochent ; la cime de leurs arbres se touche dans les airs ; bientôt toutes deux ensemble tombent et roulent avec leurs arbres et leurs rochers ; le cours des fleuves est changé, et les ruines rougeâtres de leurs terres éboulées frappent au loin l’œil du voyageur.

1846. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Avec sa finesse expérimentée, sa hardiesse enveloppée de la grâce d’un style souple, clair, abondant, un peu flou, sa sensualité et son orthodoxie qui se donnent du prix et du ragoût l’une à l’autre, il n’est pas loin de réaliser un type rare : celui de l’érotique chrétien7.

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