/ 2011
1956. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

C’est dans le monde actuel des lettres, et dans le plus haut, un aplatissement des jugements, un écroulement des opinions et des consciences.

1957. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Il est temps que le grotesque se contente d’avoir un coin du tableau dans les fresques royales de Murillo, dans les pages sacrées de Véronèse ; d’être mêlé aux deux admirables Jugements derniers dont s’enorgueilliront les arts, à cette scène de ravissement et d’horreur dont Michel-Ange enrichira le Vatican, à ces effrayantes chutes d’hommes que Rubens précipitera le long des voûtes de la cathédrale d’Anvers.

1958. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Si le témoignage de notre raison nous fait admirer avec enthousiasme dans la nature vivante une foule de combinaisons d’un mécanisme inimitable pour nos faibles moyens artificiels, néanmoins, cette même raison nous montre aussi d’autres combinaisons organiques plus défectueuses, bien que toutefois il faille avouer que nos jugements peuvent errer dans l’un comme dans l’autre cas.

1959. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Je ne sais pas ce que feront mes confrères, mais ce que je sais, pour mon compte, c’est qu’un jugement seul du tribunal pourra me forcer à rentrer au Théâtre-Français, tant que M. 

1960. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Sans m’inscrire contre le jugement de la majorité, je crois devoir cependant énoncer des réserves importantes. […] L’étude de l’antiquité est trop négligée pour qu’il soit permis d’attendre de la foule un jugement clairvoyant dans ces questions délicates.

1961. (1932) Les idées politiques de la France

Quel que soit le jugement qu’on porte sur celle-ci et sur la personnalité de Briand, et bien qu’il appartienne à un monde diamétralement opposé à celui de Coppet, il relèverait donc volontiers de la pierre de touche de Faguet. […] Le socialisme implique le même jugement de valeur sur la société présente que le christianisme sur le monde, à savoir qu’elle est mauvaise, et que les gains obtenus sur l’intérêt capitaliste et sur l’esprit bourgeois peuvent, en fait, atténuer le mal : ils ne constituent pas le bien en droit.

1962. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

La mort impitoyable l’en a précipité… C’est, Messieurs, en ces termes — je ne veux pas dire emphatiques, mais un peu trop éloquents peut-être, — qu’il y a cent trente ans, le 22 janvier 1763, un homme d’infiniment d’esprit, l’aimable abbé de Voisenon, l’heureux successeur à la fois du maréchal de Saxe dans les bonnes grâces de Mme Favart, et de Prosper Jolyot de Crébillon à l’Académie française, célébrait la mémoire toute récente encore du moins glorieux de ses deux prédécesseurs… subsiste en tout cas du jugement de Voisenon, homme de théâtre lui-même, et ce qu’il est tout d’abord intéressant d’en retenir, c’est, en premier lieu, l’estime singulière que vous voyez que l’on faisait encore, en 1763, de Crébillon le tragique90 ; et c’est, en second lieu, cette remarque, assez importante pour l’histoire du théâtre, qu’au témoignage des meilleurs juges, en 1763, — non plus encore, mais déjà !  […] En un mot, il est peut-être le seul poète tragique que la France ait produit, au jugement de tous ceux qui connaissent l’essence de ce genre. […] Il ne s’agissait, en effet, à vrai dire, de rien de moins que de savoir si les Grecs et les Latins demeureraient éternellement nos maîtres, les régulateurs de nos jugements, et les modèles de notre art.

1963. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il en convient, ou du moins commence par en convenir : « Pour ne rien dire de nos contemporains, qu’il est convenu que nous ne voyons pas d’assez loin, ni d’assez haut, combien de jugements, combien divers, depuis trois ou quatre cents ans, les hommes n’ont-ils point portés sur un Corneille ou sur un Shakespeare, sur un Cervantes ou sur un Rabelais, sur un Raphaël ou sur un Michel-Ange ! […] Schnoudi lui fit entendre ces paroles menaçantes : — Par les prières des saints, si tu reviens ici, je t’exilerai àBabylone de Chaldée, jusqu’au jour du jugement. […] « Suffoqué par l’odeur de l’adultère, il se rappela les terribles jugements que, sur le mont Sinaï, le Seigneur avait ordonné à Moïse d’exécuter ; de son bâton, il frappa la terre, qui s’entr’ouvrit, et les deux criminels furent engloutis vivants. » Ainsi s’exprime le saint homme Visa. […] Un beau jour du mois de juin, comme il faisait très chaud, ils imaginèrent d’allumer devant sa porte un grand feu, semblable à celui devant lequel Pierre se chauffait avec les servantes le jour du jugement inique.

1964. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Soit qu’elle nous montre au jugement dernier les morts refusant de se lever à l’appel de l’ange et repoussant même le bonheur quand c’est Dieu, l’auteur du mal, qui le leur apporte, soit qu’elle dise à ce dieu : « Tu m’as pris celui que j’aimais ; comment le reconnaîtrai-je quand tu en auras fait un bienheureux ? […] Dans un livre célèbre, qui date de 1768, vous trouverez sur les Provinciales le jugement que voici : « Il est vrai que tout le livre portait sur un fondement faux.

1965. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Samedi 15 septembre Ce soir, Daudet dit qu’il n’y a pas de livre, sur le compte duquel son jugement ne change pas, quand il le relit au bout de dix ans, et plaisante un peu l’immuabilité des religions littéraires de sa femme, restant constamment et fidèlement attachée à Leconte de Lisle, aux Goncourt, etc., et se servant du mot manie, pour caractériser ce manque d’évolution de l’esprit de sa femme.

1966. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Ces représentations confuses, incohérentes forment le fond obscur de la pensée, sur lequel se détachent de temps à autre quelques jugements nets. […] Le premier moment est de perception positive et de jugement lucide.

/ 2011