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2072. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Mais dans la jeunesse et l’âge mûr, « les petits groupes d’états qui aux premiers jours de la vie furent produits par les arbres, les champs, les rivières, les cascades, les rocs, les précipices, les montagnes, les nuages, s’éveillent ensemble devant un grand paysage. » En même temps naissent partiellement des myriades de sensations, causées, dans les temps passés, par des objets semblables à ceux qu’on a sous les yeux.

2073. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

À peine entré, marchant d’un bout à l’autre du Grenier, avec ces petits rires à la fois pouffants et étouffés qui lui sont particuliers, il s’est mis à railler spirituellement l’erreur des gens, des gens qui veulent voir dans les Rothschild et les banquiers de l’heure présente, des réactionnaires, des conservateurs à outrance, établissant très nettement que tous, y compris les Rothschild, ne détestent pas du tout la République, se trouvant en l’absence d’Empereurs et de Rois dans un pays, les vrais souverains, et rencontrant dans les ministres actuels, ainsi que les Rothschild l’ont rencontré chez un tel et un tel, par le seul fait de la vénération du capital, chez des hommes à la jeunesse besogneuse, — rencontrant des condescendances qu’ils n’ont jamais obtenues des gens faits au prestige de la pièce de cent sous.

2074. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Quand l’homme est malade et que sa chair défaille, le prêtre s’avance et lui dit : « Notre cher bien-aimé, sachez ceci : que le Dieu tout-puissant est le Seigneur de la vie et de la mort et de toutes les choses qui s’y rapportent, comme la jeunesse, la force, la santé, la vieillesse, la débilité, la maladie ; c’est pourquoi, quel que soit votre mal, sachez avec certitude qu’il est une visitation de Dieu ; et quelle que soit la cause pour laquelle cette maladie vous est envoyée, que ce soit pour éprouver votre patience ou servir d’exemple à autrui…, ou pour corriger et amender en vous quelque chose qui offense les yeux de votre Père céleste ; sachez avec certitude que si vous vous repentez véritablement de vos péchés et si vous portez patiemment votre maladie, vous confiant à la miséricorde de Dieu et vous soumettant entièrement à sa volonté…, elle tournera à votre profit et vous aidera dans la droite voie qui conduit à la vie éternelle353. » Un grand sentiment mystérieux, une sorte d’épopée sublime et sans images apparaît obscurément parmi ces examens de la conscience, je veux dire la divination du gouvernement divin et du monde invisible, seuls subsistants, seuls véritables en dépit des apparences corporelles et du hasard brutal qui semble entre-choquer les choses. […] « Considérez la vivacité de la jeunesse, les belles joues et les yeux pleins de l’enfance, la force et la vigoureuse flexibilité des membres de vingt-cinq ans, puis en regard le visage creux, la pâleur de mort, le dégoût et l’horreur d’une sépulture de trois jours.

2075. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Et pourtant, si ma mémoire ne m’abuse, je crois me souvenir que l’écrivain de la Revue contemporaine se serait confessé d’avoir, dans son extrême jeunesse, sacrifié à l’idolâtrie romantique. […] Lorsqu’il nous arrive de renier un peu durement notre passé romantique, j’ai bien peur que nous ne ressemblions à ces étudiants écervelés que la presse libérale du temps grisait avec les grands mots de Jeunesse intelligente des écoles !

2076. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Au lieu d’établir des classes pour l’histoire de sa nation, pour la géographie, on emploie la jeunesse à tourner & retourner du latin & du français, c’est-à-dire, à travailler sur des mots, d’autant plus que les thêmes & les versions qu’on donne aux écoliers, n’ont souvent pas le sens commun. […] Nous n’avons pas tout dit : que d’écueils dont l’amour des lettres garantit la jeunesse ! […] Je ne parle pas de ceux qui éloignent impitoyablement une femme de son mari, qui fournissent aux jeunes gens les moyens d’escompter leur jeunesse, & de se ruiner en peu de jours avec toute l’adresse possible, mais j’ai en vue ces coutumes qui mettent les femmes distinguées au courant de leur siecle & de la littérature, qui meublent les maisons d’ustensiles commodes, qui répandent un air d’aisance & de propreté, jusque sur les personnes du plus bas étage, car il est inconcevable combien il y a dans ce genre de négligences & d’abus.

2077. (1900) La culture des idées

Voici tantôt plus de soixante ans que la conception de Faust m’est venue en pleine jeunesse, parfaitement nette, distincte, toutes les scènes se déroulant devant mes yeux dans leur ordre de succession ; le plan, depuis ce jour, ne m’a pas quitté, et vivant avec cette idée, je la reprenais en détail et j’en composais tour à tour les morceaux qui dans le moment m’intéressaient davantage ; de telle sorte que, quand cet intérêt m’a fait défaut, il en est résulté des lacunes, comme dans la seconde partie. […] J’ai vu la vente d’un roman sans aucun style coupée net par un article où un journaliste affirmait : « … livre très beau et d’une « écriture » neuve et hardie… » Rien n’était plus faux, mais ce romancier avait publié dans sa jeunesse un premier livre qui autorisait jusqu’à un certain point de telles plaisanteries. […] Dès votre première jeunesse vous partagerez une gloire, sans doute équivoque, mais lucrative et en somme honorable, si on s’en rapporte à l’opinion publique.

2078. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

La jeunesse veut vivre et agir. […] Il veut, et c’est tout dire en un mot, créer une humanité affranchie, et rendue à sa vraie nature ; une humanité affranchie de la morale, de la religion, de la superstition à la science et de la superstition à la raison ; rendue aux instincts forts et aux passions fortes qui ont fait la grandeur et la beauté de l’humanité en sa jeunesse verte et fleurissante. […] Il honore le puissant et, non le moins, celui qui a du pouvoir sur soi-même, qui s’y connaît à parler et à se taire, qui a plaisir à exercer contre soi sa sévérité et sa dureté, qui a le respect de tout ce qui est sévère et rigoureux. « Witan me plaça dans la poitrine un cœur dur », est-il dit dans une vieille Saga scandinave25… Cette sorte d’hommes s’enorgueillit justement de n’être pas faite pour la pitié ; c’est pourquoi l’auteur de la Saga ajoute : « Celui qui n’a pas dès sa jeunesse un cœur dur ne l’aura jamais. » Des nobles et des braves qui pensent de la sorte sont aussi éloignés que possible de cette morale qui fait justement consister dans la pitié ou dans le fait d’agir pour autrui ou dans le désintéressement (en français dans le texte) le signe décisif de la moralité… Les puissants savent honorer ; c’est l’art où se déploie leur richesse d’invention. […] L’éducation de la jeunesse dirigée par les autres est, soit une expérience entreprise sur quelque chose d’inconnu et d’inconnaissable [très exagéré], soit un nivellement par principe pour rendre l’être nouveau, quel qu’il soit, conforme aux habitudes et aux usages régnants.

2079. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Le fait est que, dans sa jeunesse, il paraît avoir été protestant ; plus tard, cependant, il semble être retourné au catholicisme. […] J’étais heureux dans ma famille ; j’avais à souhait tous les plaisirs de la campagne ; les provinces voisines étaient remplies d’exilés, et le rapport de nos fortunes et de nos espérances rendait notre commerce agréable166. » Ce passage ne marque-t-il pas le mélange des inclinations diverses qui se partagèrent La Rochefoucauld : affections de famille conservées jusqu’à la fin, comme Madame de Sévigné l’attesta plus tard ; goût inné pour le commerce et les sympathies de la société ; disposition, enfin, à se rendre compte du présent et à l’estimer ce qu’il vaut, même dans la jeunesse et au milieu des espérances de l’avenir ? […] « La reine, dit La Rochefoucauld, me donnait beaucoup de marques d’amitié et de confiance ; elle m’assura même plusieurs fois qu’il y allait de son honneur que je fusse content d’elle, et qu’il n’y avait rien d’assez grand dans le royaume pour me récompenser de ce que j’avais fait pour son service168. — Elle me cachait moins l’état de son esprit qu’aux autres, parce que, n’ayant point eu d’autres intérêts que les siens, elle ne me soupçonnait pas d’appuyer d’autre parti que celui qu’elle choisirait169. » Chargé de ramener Madame de Chevreuse à la cour, La Rochefoucauld fut témoin du refroidissement de la reine pour l’amie de sa jeunesse, qui avait si longtemps souffert à cause d’elle ; situation dont les artifices de Mazarin et les imprudences de Madame de Chevreuse firent bientôt une véritable disgrâce, qui s’étendit même aux amis de la duchesse. […] Tout cela, rapproché de ce que La Rochefoucauld raconte lui-même des impressions de sa jeunesse, donnerait l’idée d’une nature originairement sensible et généreuse, que les désappointements personnels et le spectacle des petitesses humaines auraient enfin prévenue à l’excès contre les sentiments désintéressés. […] C’était l’heure où le roi, corrigé et placé sous le plein ascendant de Madame de Maintenon, recourait à un surcroît de dévotion pour remplir le vide laissé par les passions de sa jeunesse.

2080. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Tout est renfermé là-dedans ; et sans dot tient lieu de beauté, de jeunesse, de naissance, d’honneur, de sagesse et de probité ! 

2081. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

« Amyntas, témoin de ces insultes, quoique irrité dans l’âme, ne laissa rien percer de son ressentiment, par la crainte que lui inspirait la puissance des Perses ; mais Alexandre, son fils, qui était présent et voyait ce qui se passait, jeune et sans expérience des maux qu’il pouvait attirer sur son pays, ne put se contenir ; et, dans l’indignation qu’il éprouvait, dit à son père : « Laissez, mon père, laissez cette jeunesse avec laquelle il ne vous convient pas de vous commettre, et allez prendre quelque repos ; donnez ordre seulement qu’on n’épargne pas le vin.

2082. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

C’est le teint, dit Bauër, d’une seconde jeunesse.

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