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1898. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Sujets : le malheur mérité, la mort, la gloire, l’orgueil de l’intelligence, les richesses, la cupidité, les avantages physiques, l’amour… Pour saint Augustin l’amour est une chaîne, et Pétrarque ne consent pas à la secouer. […] Mais de la façon dont il traite de la rime et de ce qu’il appelle les épithètes forcées ajoutées soi-disant pour attraper cette rime, même chez nos poètes les plus estimables, je crois bien que le vers français pouvait sans doute exercer son intelligence, mais que son cœur en était touché fort légèrement et que son goût ne l’y portait point. […] Voici comment : « Comme, dit Colletet, le bruit s’épandoit déjà partout de quatre livres d’odes que Ronsard promettoit à la façon de Pindare et d’Horace, du Bellay, mû d’émulation jalouse, voulut s’essayer à en composer quelques-unes sur le modèle de celles-là et, trouvant moyen de les tirer du cabinet de l’auteur à son insu et de les voir, il en composa de pareilles et les fit courir pour prévenir la réputation de Ronsard, et, y ajoutant quelques sonnets, il les mit en lumière l’an 1549, sous le titre de Recueil de Poésie : ce qui fit naître dans l’esprit de notre Ronsard, sinon une envie noire, à tout le moins une jalousie raisonnable contre du Bellay, jusques à intenter une action pour le recouvrement de ses papiers : et, les ayant ainsi retirés par la voie de la justice, comme il étoit généreux au possible et comme il avoit de tendres sentiments d’amitié pour du Bellay, il oublia toutes les choses passées, et ils vécurent toujours depuis en parfaite intelligence : Ronsard fut le premier à exhorter du Bellay à continuer dans l’ode. » Le Recueil était dédié à la docte princesse Marguerite, qui « daignait contempler d’un bon œil » la Poésie et les poètes.

1899. (1900) Molière pp. -283

il n’a garde de contester ses excellents principes, sa droiture, sa vive intelligence, le sérieux de ses sentiments, sa sincérité : mais le charme, demande-t-il, le charme, le trouve-t-on vraiment chez cette fille qui, d’un esprit si positif, oppose aux conceptions métaphysiques de l’amour caressées par sa sœur Armande les félicités matérielles du mariage, et tient tête aux obstinées prétentions et obsessions de Trissotin avec une si accablante supériorité de bon sens, de raison malicieuse et d’ironie ? […] Les erreurs de notre intelligence ne mériteraient qu’à peine ce nom d’erreurs, si elles ne causaient en nous qu’une perturbation pour ainsi dire abstraite, si elles n’influaient pas sur notre conduite et sur nos actions. […] Il faut donc que cela reste le fonds sur lequel viendront se jeter toutes les bases de l’élévation d’esprit, de l’intelligence, du savoir.

1900. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Bourais leva les bras, il éternua, rit énormément ; une candeur pareille excitait sa joie, et Félicité n’en comprenait pas le motif, — elle qui s’attendait peut-être à voir jusqu’au portrait de son neveu, tant son intelligence était bornée. […] Son œil, d’un bleu d’acier, exprimait l’intelligence et la volonté et devenait terrible dans ses colères. […] Peut-être même s’expliquera-t-on plus tard bien des déceptions, des effondrements en relisant ces quelques lettres et en constatant que trop de grands esprits de notre époque firent comme Mérimée et se bornèrent à constater la décadence de leur pays alors qu’il avait le droit de de toutes les clartés de leur intelligence et de leur génie pour se guider.

1901. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

On releva, dans quelques sectateurs d’Hyppocrate & de Galien, la présomption & la fatuité : dans d’autres, une vaine montre d’érudition Grecque & Latine, & la négligence de leur art : dans ceux-ci, une ambition secrette & désordonnée, leur souplesse & leurs intrigues, pour obtenir des postes à la cour, & des survivances lucratives, leur adresse à composer leur air, leurs manières & leur visage ; à se donner de la gravité, pour mieux s’en faire accroire & captiver les suffrages ; à parvenir à la célébrité sans aucun mérite : dans ceux-là, l’esprit de dissipation & de frivolité, les airs de petit maître & le persiflage, une affectation à répéter mes gens, mes chevaux, mon carosse : dans les uns, des manières insinuantes & ce ton doucereux, si propres à les rendre les maîtres des maisons qu’ils fréquentent : dans les autres, cet air dur & tranchant qui annonce un mépris décidé pour la vie de leurs semblables, & l’indifférence avec laquelle ils feroient l’épitaphe du genre humain : dans quelques-uns, leurs manœuvres criminelles, leurs ordonnances inutiles ou nuisibles, leurs intelligences avec les distributeurs des remèdes & des drogues, pour partager le profit des mémoires exorbitans : enfin, dans plusieurs, cet esprit d’envie & de noirceur, qui leur rend odieux tout mérite de telle nation, de telle province, de telle faculté, & les porte à des éclats dont la honte rejaillit sur leurs confrères, & décrédite la médecine. […] « Le roi, voulant prévenir ou faire cesser toutes les nouvelles difficultés entre deux professions (la médecine & la chirurgie) qui ont un si grand rapport, & y faire règner la bonne intelligence, qui n’est pas moins nécessaire pour leur perfection & pour leur honneur, que pour la conservation de la santé & de la vie des sujets de sa majesté, elle a résolu d’expliquer ses intentions sur ce sujet ». […] Les deux ordres avoient toujours vécu dans la meilleure intelligence.

1902. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Mais j’irais trop loin en parlant ainsi ; on ne saurait trop se méfier de ces jugements absolus en telle matière, et l’Apologie renferme sur Zoroastre, Orphée et Pythagore, sur toutes ces belles âmes calomniées, ces génies des lettres, Omnes cœlieolas, omnes supera alla tenentes, des pages élevées, presque éloquentes, qui indiquent chez lui le sentiment ou du moins l’intelligence du Saint plus que je n’aurais cru.

1903. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

J’ai connu Voilure : on sait assez que c’étoit un génie exquis et d’une subtile et haute intelligence ; mais je vous puis assurer que dans ses discours ni dans ses écrits, ni dans ses actions, il n’avoit pas toujours cette extrême justesse, soit que cela lui vînt de distraction ou de négligence.

1904. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Avec une haute intelligence il a fait comprendre la fierté de Chatterton dans sa lutte perpétuelle, opposée à la candeur juvénile de son caractère ; la profondeur de ses douleurs et de ses travaux, en contraste avec la douceur paisible de ses penchants ; son accablement, chaque fois que le rocher qu’il roule retombe sur lui pour l’écraser ; sa dernière indignation et sa résolution subite de mourir, et par-dessus tous ces traits, exprimés avec un talent souple, fort et plein d’avenir, l’élévation de sa joie lorsque enfin il a délivré son âme et la sent libre de retourner dans sa véritable patrie.

1905. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Cela nuisait à la clarté et à l’intelligence.

1906. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Weber, sérieux, juste et avisé critique, a-t-il traduit ces essais de plaisanteries, bons mots délaissés par le Tam-Tam ; pas une observation : louanges et blâmes de collégien ; nulle intelligence de l’œuvre, ni des sujets, ni de la musique, ni des vers, ni de la représentation… L’auteur est, surtout en les derniers chapitres, favorable à Richard Wagner ; les articles sur Parsifal et la mort de Wagner laissent voir une admiration que l’auteur tâche à dissimuler par un ton badin ; il faut donc mettre son livre au rang des ouvrages pour Richard Wagner : cela importe peu.

1907. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Si vouloir traduire littéralement et rhythmiquement est chimérique, les curieux ce l’original s’efforceront à entendre l’original ; qu’ils y soient aidés, certes, par une version non musicale enseignant la puissance des mots et reflétant la couleur des phrases : et ils avanceront, plus grandement, dans l’intelligence du poème.

1908. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Elle éveille l’intelligence dans les cerveaux engourdis des hommes, leurs yeux s’éclairent et leurs esprits s’épanouissent.

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