Bernardin, cet écrivain si aimant, ce bienfaisant initiateur de toutes les jeunes âmes à l’intelligence de la nature, ce père de Virginie et de Paul, si béni dans ses enfants, était-il donc un homme dur, tracassier, comme l’ont dit, non pas seulement des libellistes, mais des témoins honnêtes et graves ; comme le disait Andrieux, par exemple, en forçant sa faible voix : « C’était un homme dur, méchant ? […] Il avait quelquefois de ces manières de dire orientales comme Bernardin en a de si heureuses ; mais il les avait plus profondes, tenant plus à la pensée : « L’intelligence de l’homme, dit Saint-Martin, doit être traitée comme les grands personnages de l’Orient qu’on n’aborde jamais sans avoir des présents à leur offrir. » Ils furent tous les deux, Bernardin et Saint-Martin, un moment associés sur une liste (avec Berquin d’ailleurs, Sieyès et Condorcet), comme pouvant devenir précepteurs du fils de Louis XVI.
Il est tel esprit, telle forme d’esprit qui, dans les faits les plus précis et les mieux constatés qui tiennent à la physiologie du cerveau, ne verra aucune nécessité de conclure à la non-existence de la pensée pur esprit, de la pensée monade essentielle et indestructible : personne plus que moi n’honore de tels hommes qui procèdent, dans la sincérité de leur conscience, avec toutes les ressources d’une intelligence élevée et déliée, et qui dans un problème aussi complexe s’obstinent à réserver, à maintenir les éléments qui échappent à nos sens, à nos instruments les plus perfectionnés, et qui ne tombent pas sous une prise immédiate : mais si d’autres venaient à conclure plus nettement et plus simplement, je ne verrais pas ce qui peut forcer l’État moderne, et le Gouvernement qui en est l’expression, à les réprouver, à les plaindre ou à les morigéner. […] La mollesse des mœurs, la lâcheté des opinions, la facilité ou la connivence des gens bien appris, laissent le champ libre plus que jamais en aucun temps à l’activité et au succès d’un parti ardent qui a ses intelligences jusque dans le cœur de la place et qui semble, par instants, près de déborder le pouvoir lui-même.
On est à table au milieu d’un luxe délicat, parmi des femmes souriantes et parées, avec des hommes instruits et aimables, dans une société choisie où l’intelligence est prompte et le commerce est sûr. […] Quel cœur peut s’empêcher de les aimer, et quelle intelligence peut en prévoir toutes les applications ?
Ce portefeuille, ouvert sans indiscrétion après la mort de tous les hommes principaux qui s’y dévoilent, et après la chute de la Restauration qu’on y voit agir, atteste une supériorité de vues et une richesse d’intelligence et de caractère diplomatique dans cette grande négociation du règne de Louis XVIII, qui fait contraste avec les négociations de la royauté de 1830 ! […] Il y a dans le désert des hommes tellement instruits par leur observation assidue de la nature, par leur vive intelligence et leur habitude de réfléchir, qu’on ne peut lutter de science avec eux : d’autres, à une grande ignorance, allient un bon sens et une sagacité qui étonnent.
Il est vrai qu’il ajoute ce correctif précieux, oublié ou dédaigné par Chateaubriand : “Mais ses yeux avaient une lumière, ses cheveux cendrés une teinte, sa bouche un accueil, toute sa physionomie une intelligence et une grâce d’expression qui faisaient souvenir, si elles ne faisaient plus admirer. […] Sa taille moyenne n’était ni grande ni petite : la taille qui exclut la majesté, mais qui permet l’agrément ; ses cheveux étaient blonds, son front poli et divisé au milieu en deux zones légèrement arrondies, qui indiquent la facilité de l’intelligence ; ses joues d’un contour élastique, son nez un peu grossi et retroussé qu’on ne voit jamais en Italie, mais qui dans la jeunesse donne à la figure un mordant et un éveillé très propre à mordre et à éveiller le regard, sa bouche entr’ouverte et souriante, douce, fine, pleine de réticence sans malignité ; le plus beau de ses traits, c’étaient ses yeux, d’un bleu noir, larges, confiants, obéissants à sa pensée ; elle leur commandait.
« Puis de ces hauteurs et de ces mille points de vue spéculatifs et anecdotiques où se plaisait madame de Staël, nous l’avions entendue revenant sans cesse à la France, insistant avec une joie naïve d’amour-propre sur l’ascendant que la paix et la liberté légale allaient rendre à cette terre natale de l’intelligence, disait-elle, à cette métropole des esprits dont la civilisation de l’Europe était une colonie. […] Le mystère d’une passion que la vulgaire sagesse aurait désavouée avait ajouté à cet attachement mutuel les obstacles, les pudeurs, les charmes d’une secrète intelligence.
Charles Baudelaire Quand on se figure ce qu’était la poésie française avant que Victor Hugo apparut, et quel rajeunissement elle a subi depuis qu’il est venu ; quand on s’imagine ce peu qu’elle eût été s’il n’était pas venu, combien de sentiments mystérieux et profonds, qui ont été exprimés, seraient restés muets ; combien d’intelligences il a accouchées, combien d’hommes qui ont rayonné par lui seraient restés obscurs, il est impossible de ne pas le considérer comme un de ces esprits rares et providentiels qui opèrent, dans l’ordre littéraire, le salut de tous, comme d’autres dans l’ordre politique. […] Paul Adam Victor Hugo, ce fut surtout le vulgarisateur d’un certain élan d’idées en honneur dans les milieux où il vivait… Il y eut dans son entourage des hommes comme Gérard de Nerval qui l’emportèrent sur lui en originalité et en intelligence… Notre-Dame de Paris, les Châtiments et tout le théâtre de Victor Hugo sont dignes de la portière.
Jusque-là, elle devra tâtonner, chercher, suppléer par l’intelligence, l’effort, le sentiment, les conceptions à demi mystiques aux défectuosités de l’organisation. […] Mais je retiens que l’équilibre mental est une chose qui répugne assez à l’esprit de l’homme, et dont il ne se fait guère d’ailleurs que des images grotesques et plates qui. si elles ne témoignent pas contre la perfection, ne témoignent pas non plus en faveur de l’intelligence humaine.
Et à l’intelligence. […] Et les trois ensemble ne sont pas l’intelligence.
Lamoureux, a consacré aux études des chœurs sa rare intelligence de l’œuvre wagnérienne et son inépuisable dévouement, il a rencontré autour de lui des bonnes volontés nombreuses : entre tous ces choristes, dont plusieurs sont des musiciens véritables, je dois signaler M. […] La gloire de l’intelligence n’est pas celle du cœur, et les insultes de notre ennemi national n’ont rien à voir dans l’hommage que méritent ses œuvres.
Je ne pouvois soutenir long-temps la lecture de leurs Ecrits, mais je m’en prenois à mon peu d’intelligence. […] Je vous laisse à penser si ces Intelligences, qui la regardoient comme une prosélite, se parerent de tout leur éclat !