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1321. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

A part encore la moralité, qui tient pourtant plus à l’intelligence que ne le croient des penseurs vulgaires, il faudrait que, dans un intérêt d’un autre ordre, Charles Monselet s’essuyât des marques laissées sur lui et sur la naïveté de son talent par ce siècle dans lequel il a cherché ses modèles, et avec lequel il a trop intimement vécu.

1322. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Mais, franchement, la destination de la poésie, ce dictame des cœurs souffrants et cette volupté de l’intelligence, n’est pas de faire uniquement des vers comme ceux-ci : nugæ difficiles !

1323. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Il est évident, en effet, que, pour la Critique comme pour l’Histoire, les plus grands esprits sont ceux qui se rapprochent le plus de Dieu, idéal de toute intelligence, par conséquent qui conçoivent le mieux les choses religieuses, et qui ont par éclairs — puisque l’homme n’est qu’un fragment dans un monde fragmenté — l’intuition du Surnaturel et de ses nécessités, si mystérieusement impérieuses.

1324. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Et, d’ailleurs, il ne s’agit ici ni de guérison ni de description : il s’agit uniquement et exclusivement de critique, — et d’une critique qui, pour être complète, pour mériter ce nom de critique, doit être tout à la fois esthétique et morale, parce que toute œuvre de littérature ou d’art s’adresse nécessairement, et du même coup, à l’intelligence et au cœur.

1325. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

19 février Je crois que depuis le commencement du monde, il n’y a guère eu de vivants aussi engloutis, aussi abîmés que nous, dans les choses de l’art et de l’intelligence. […] Gautier est gai à la façon d’un enfant : une des grandes grâces de l’intelligence. […] Gounod : ce serait faire preuve de peu d’intelligence ou d’une grande hostilité contre le sténographe de cette boutade antimusicale.

1326. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Ces fêtes de l’intelligence sont assez mal organisées, et par un froid très vif, on fait queue, un long temps, entre des sergents de ville maussades, et des troubades étonnés de la bousculade entre les belles dames à équipages et des messieurs à rosettes d’officiers. […] Oui, pour une intelligence de l’art, il y aurait à faire un salon tout nouveau, tout original, un salon qui ne parlerait que de la vingtaine de tableaux marquants, — un salon à faire une fois dans sa vie, et à ne plus jamais recommencer. […] Mercredi 8 décembre Popelin disait, ce soir, très justement d’après des remarques faites dans la société qu’on pourrait croire la plus intelligente de Paris, il disait qu’on n’estimait les gens que sur une cote officielle : les peintres, quand ils étaient décorés, les hommes de lettres, quand ils étaient académiciens, — et il ajoutait qu’il n’avait jamais trouvé chez aucune personne du monde, homme ou femme, l’intelligence ou le courage d’un jugement personnel sur une œuvre d’art.

1327. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

J’emportai rageusement le volume dans un coin, et je fis de tels efforts de volonté et d’intelligence que je le déchiffrai d’un bout à l’autre et que je racontai le sujet au chevalier à sa première visite. […] Pourtant, pas plus dans la famille qu’au collège, l’intelligence de Balzac ne fut devinée ou comprise. […] Est-ce l’opium de l’Occident, l’endormeur de la volonté et de l’intelligence ? […] Il a brûlé comme un trépied plein d’encens et de charbons devant les statues du génie, devant les dieux de l’intelligence, jetant dans la flamme son temps, son travail, sa pensée, sa vie, son âme, tout ce que peut sacrifier un homme à ce qu’il adore. […] Aussi quelle souplesse, quelle intelligence, quel esprit toujours prêt, quelle main hardie il faut pour ce périlleux métier ?

1328. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Et, notre fatuité, nous l’avons demandée à la suprématie de l’intelligence. […] Le jeu de la dialectique nous apparut comme la réussite la plus exquise de l’intelligence. […] Mais qu’en étant venu là, il ait été pourtant ce poète, cela vous embarrasse l’intelligence et vous interdit. […] L’intelligence humaine — et concevons-nous un autre mode intellectuel ?  […] Il a, pour eux, de la miséricorde ; il a, pour eux, une amicale intelligence.

1329. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Sur ces hauteurs, sacrées par le génie mâle, flotte une atmosphère irrespirable à de certains poumons ; et comme il est peu d’intelligences pour embrasser dans leur plénitude l’intime signification de ces chefs-d’œuvre, on en trouve moins encore pour leur susciter des équivalents. […] D’un tel point de vue, la loi de production va se formuler ainsi : toute grande œuvre apparaît comme la combinaison des deux éléments qui créent la personne humaine : Intelligence et Sensibilité. Jadis, l’esprit classique, modelé par la discipline purement logique des dix-septième et dix-huitième siècles français, attribuait à l’intelligence la place prépondérante : la littérature de ces deux siècles nous en est une preuve suffisante. Aujourd’hui les travaux des psychologues, fondés sur l’observation directe de la vie, sur l’éveil de la conscience chez l’enfant, et trouvant d’ailleurs leur meilleure justification littéraire dans l’épanouissement romantique du dix-huitième siècle, reconnaissent, dans la vie émotive, l’assise de toute personnalité, comme le tuf où l’intelligence vient plonger les racines qui fortifieront son développement. […] Depuis longtemps, dans le domaine de la création artistique et littéraire, cette espèce d’hommes n’a plus de représentants, la seule devant laquelle la Femme soit obligée de s’incliner sans lui pouvoir rien opposer, car, nous le disions au début de notre Préface, sur ces hauteurs sacrées par le génie mâle flotte une atmosphère irrespirable à de certains poumons, et comme il est peu d’intelligences pour embrasser dans leur plénitude l’intime signification de leurs œuvres, on en trouve moins encore pour leur susciter des équivalents.

1330. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Mais François Ponsard n’est pas homme à soutenir le rôle dont les circonstances l’ont investi presque malgré lui et, en réalité, tout en ayant beaucoup moins de prétentions que l’auteur de Lucrèce à la « littérature », c’est Eugène Scribe, et c’est Alexandre Dumas qui ramènent le théâtre à l’intelligence de ses vraies conditions. […] Au milieu de cette misère si réelle et si profonde quel intérêt voulez-vous qu’excitent les plaintes superbes de la froide intelligence ? […] C’est en tout cas ce que croient leurs auteurs, et ils le disent en termes exprès : « L’art et la science, a écrit Leconte de Lisle, longtemps séparés par suite des efforts divergents de l’intelligence, doivent désormais tendre à s’unir étroitement, sinon à se confondre. […] La Maison du berger] ; — sur l’isolement de l’intelligence parmi les hommes [Cf.  […] Essai sur les fables de La Fontaine [thèse pour le doctorat, 1853], remaniée sous le titre de La Fontaine et ses fables, 1860 ; — Essai sur Tite-Live, 1855 ; — Essais de critique et d’histoire, 1858 ; — Histoire de la littérature anglaise, 1863, 4 vol. in-8º, ou 5 vol. in-12 ; — Nouveaux essais de critique et d’histoire, 1865 ; — Philosophie de l’art en Italie, 1865 ; — De l’idéal dans l’art, 1867 ; — Philosophie de l’art en Grèce, 1869 ; — Philosophie de l’art dans les Pays-Bas [quatre volumes réunis en deux, depuis 1881, sous le titre général de Philosophie de l’art] ; — Voyage en Italie, 1866 ; — De l’intelligence, 1870 ; — les Origines de la France contemporaine, 1876-1890 ; — Derniers essais de critique et d’histoire, 1894 ; — Carnets de voyage, 1896.

1331. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Naturellement fière, assez disposée à l’avarice, elle dompta ses inclinations, soigna les pauvres, les malades, fit des aumônes considérables avec discernement et intelligence, n’oubliant pas la justice jusque dans la charité. […] Il commence par parler de la comtesse de Rochefort, qu’il distingue des autres femmes, et particulièrement d’avec la comtesse de Boufflers : « Son intelligence est juste et délicate, avec une finesse d’esprit qui est le résultat de la réflexion.

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