Mais quel intérêt positif résulte des circonstances recueillies et décrites avec soin ! […] Le poète épique, jaloux de leur faire parcourir la vaste carrière qu’il leur ouvre, ne doit donc pas oublier de les tenir en haleine, par l’intérêt, le plaisir, et l’instruction. […] Son art vous y arrête à dessein ; mais il supplée à l’intérêt qu’il économise par une prodigalité de détails qu’il enrichit des précieuses recherches du plus beau style. […] D’autres chants jettent la semence du dramatique intérêt qui va toucher les cœurs émus à l’aspect de l’innocence des deux premières créatures humaines. […] Jamais il ne prolonge les discours dans la bouche de ses acteurs, quand la marche de l’intérêt le presse.
Il est égoïste et calculateur : il a d’innombrables intérêts à défendre. […] Voulez-vous, en effet, que l’intérêt religieux domine l’intérêt mondain, votre roman est ennuyeux ; il n’est pas lisible. […] Quel est donc l’intérêt principal de la Compagnie dans ces immenses conquêtes ? évidemment un intérêt de civilisation. […] Jacquemont ne sait pas sacrifier les intérêts de la science au soin de sa conservation.
C’est la partie politique, celle qui offre aujourd’hui le moins d’intérêt. […] Ce n’est point une guerre de principe que les cabinets lui ont déclarée : c’est une guerre d’intérêts, d’ambition, de conquête. […] Bonaparte se chargea de remplacer, à lui seul, la littérature, désormais sans intérêt, car il ne laissait la parole qu’à ceux qui étaient de son avis, et la tribune devenue muette. […] Son cours réunissait ainsi l’intérêt de la critique à l’intérêt de l’histoire, et il n’est pas étonnant qu’il ait trouvé dans ce sujet un aliment suffisant pour un enseignement de deux ans et demi. […] C’est ce qui donne aux Méditationsun intérêt durable, qui survivra à l’intérêt de circonstance qu’elles excitèrent par ce qu’elles offraient de conforme aux besoins intellectuels et moraux de l’époque.
Mais je lui conseille, dans l’intérêt de son amour-propre, de ne plus parler de ses voyages. […] C’est là, si je ne m’abuse, une faute très grave, et qui diminue singulièrement l’intérêt que Castruccio, autrement conçu, aurait pu nous inspirer. […] Assurément chacune de ces trois figures ne manque ni d’intérêt, ni de nouveauté ; cependant le roman de M. […] L’obscurité de ces premières scènes nuit beaucoup à l’intérêt que pourrait inspirer plus tard la conduite du marquis. […] Assurément, il serait difficile de trouver dans la philosophie, dans la morale évangélique, une question d’un intérêt plus sérieux.
Aussi n’est-ce qu’une compétition d’intérêts, un chassé-croisé de mécontentements, un imbroglio d’ambitions passant d’un parti à un autre avec la plus étrange désinvolture. […] Elle peut sans doute avoir un aspect florissant, tenir dans les préoccupations du public une place plus grande qu’aux époques où l’attention est distraite par les intérêts vitaux de la vie nationale. […] Les intérêts engagés sont si graves que le ton prend soudain une véhémence, et l’on peut dire, une violence en harmonie avec la bataille acharnée qui se livre. […] Il faut économiser le temps et la peine des enfants du peuple, qui n’ont que peu d’années à consacrer à l’école, et c’est ainsi que, servant les intérêts de la démocratie, des réunions d’instituteurs, des comités formés à Paris, en Belgique, en Suisse, travaillent à la suppression des pièges sans nombre dont est semée notre orthographe. […] Nous pouvons encore envisager la vie politique à des points de vue qui offrent une autre espèce d’intérêt.
Je ne prendrai jamais à Aménaïde plus d’intérêt que je n’en verrai prendre à son père. […] Vous ne me soupçonnez pas, je crois, de céder à l’intérêt. […] Je pense encore avoir des démêlés d’intérêts avec les associés. […] Le sien est sans verve, sans génie, sans intérêt. […] Rien ne l’attache à son pays, ni passions, ni intérêts.
Il dégage le drame qui peut sortir du conflit des intérêts qui se heurtent dans ce monde spécial. […] Mais l’ordre le veut ainsi, et les intérêts généraux de conservation sociale. […] C’est à ce point de vue de l’intérêt social qu’Augier se place toujours et uniquement : intérêt qui peut se rencontrer avec celui de la morale, mais qui en est essentiellement différent. […] Il reste qu’il prenait intérêt à étudier ce jeu des forces dans l’État. […] On sait combien ce genre d’intérêt est peu durable.
En cinq ans je serai naturalisé, j’aurai une patrie105, des intérêts, une carrière, des concitoyens. […] Adieu tout mon intérêt alors, car ce n’est pas de l’amitié ; vous m’avez appris à apprécier les mots. […] Votre idée, l’idée de l’intérêt que vous prenez à moi, a dissipé toute ma tristesse. […] Vous n’y prenez pas un grand intérêt. […] Le moment de l’intérêt et de la curiosité a passé trop vite.
Car, dans ces œuvres, il faut connaître les originaux, pour les reconnaître, et elles n’ont d’intérêt que si l’on brise la forme d’art, qui cache la vérité au lieu de la traduire. […] Et voilà encore par où Boileau se sépare de certains naturalistes, pour qui l’émotion, l’intérêt, l’agrément sont d’indignes concessions à la frivolité, à la stupidité des bourgeois. […] Mais encore faut-il « inventer des ressorts qui puissent m’attacher », savoir combiner, développer et dénouer une intrigue, l’exposer clairement, et accroître l’intérêt de moment en moment. […] Vérité, vraisemblance, intérêt : trois termes corrélatifs qui sont la formule de l’art. […] Au reste, on ne fait plus de difficulté de le reconnaître aujourd’hui ; et depuis que l’effervescence romantique s’est calmée, et que la liberté de l’art est assurée, nous ne trouvons plus grand intérêt à réclamer ni à pratiquer le mélange des genres.
Hormis la révélation de certaines résistances du goût public sur lesquelles nous reviendrons, nulle question de doctrine ou d’art n’est enveloppée dans es attaques ; et l’étude des pamphlets dirigés contre Racine n’a qu’un intérêt anecdotique. […] Il conserve à la tragédie les caractères qui la définissaient chez Corneille : l’action enfermée dans les trois unités, l’intérêt placé dans l’expression des caractères, l’allure du drame fortement noué, et débarrassé de toutes les manifestations inutiles. […] Il prit des sujets légendaires, historiques : sous le merveilleux ou le grandiose des fables et des noms, il aperçoit, montre le fait commun, ni héroïque, ni royal, humain : une femme délaissée qui fait assassiner son amant par un rival, voilà Andromaque ; une femme trompée se vengeant sur sa rivale et son amant, voilà Bajazet : un homme qui, pour un intérêt ou un devoir, laisse une femme aimée, voilà Bérénice ; un vieillard rival de ses fils, voilà Mithridate ; une belle-mère amoureuse de son beau-fils, et le haïssant, le persécutant pour ne pouvoir s’en faire aimer, voilà Phèdre. […] Bajazet nous offre Acomat, un politique réaliste qui ne débite pas de maximes, dépourvu de sentiment et de scrupules, tout à ses intérêts, mais éloigné des crimes inutiles autant que de l’impudence pompeuse, n’ayant pas d’illusion sur les hommes et ne le criant pas : une des plus réelles figures de ministre qu’on ait jamais dessinées. […] Mathan est une Ame envieuse, ambitieuse, qui joue de la religion, hypocrite tragique, à qui nulle vie innocente, nul intérêt public n’est précieux, dès qu’il trouve jour à satisfaire ses haines ou son orgueil : serviteur égoïste et sans dévouement d’Athalie, servi lui-même par le zèle intéressé de Nabal.
Une fois même le pinceau de la femme a eu l’avantage ; Turenne est plus grand dans les Lettres que dans les Mémoires, où l’on ne voit pas sans étonnement Saint-Simon lui disputer la qualité de prince, et remarquer, dans l’intérêt des titres, « que la majesté de ses obsèques et de sa sépulture n’ont eu aucun rapport à sa naissance179. » § II. […] Aussi Balzac et Voiture s’y dérobent-ils tant qu’ils peuvent, à moins qu’ils n’y aient quelque intérêt d’amour-propre pressant. […] Il ne s’employait à aucune modérément, mesurant toujours leur importance à l’intérêt qu’il y prenait. […] Mais les récits de Saint-Simon n’ont pas cette brièveté de Tacite, si pleine et si éloquente, ni cet art merveilleux qui donne à l’histoire l’intérêt d’un récit et l’aspect saisissant d’un tableau, ni ces profondes maximes qui en sont la moralité, et où Tacite est sans égal. […] Tout ce mouvement autour du mourant, d’abord de respect et d’intérêt pour une vie de si grande importance, puis, à mesure que les chances de guérison diminuent, d’ambition et de précautions avec le règne futur ; ces appartements du duc d’Orléans encombrés, « à n’y pas mettre une épingle », quand le roi est désespéré, vides et déserts sur le bruit qu’il est mieux ; ces valets qui pleurent, les seuls vrais amis du monarque ; la froide et triste octogénaire qui assiste l’œil sec à sa longue agonie, profitant des courts répits du mal pour faire ajouter à la part des bâtards, et quand le roi n’est plus qu’un moribond qui ne peut plus ni ôter ni donner, n’attendant pas la fin et se sauvant à Saint-Cyr ; ces grandes et touchantes paroles du roi ; cette attente de la mort dans la majesté qu’il mettait à toutes ses actions, sans défaillances, sauf celles de la nature quand le combat va finir ; cette inquiétude du chrétien, qui craint que ses souffrances ne soient une trop faible expiation de ses fautes ; tout cela raconté au jour le jour, dans l’ordre où chaque chose arrive, parmi des détails sur le service intérieur, l’étiquette, les allées et les venues des courtisans et des gens de service, les messes entendues dans le lit et les derniers repas du mourant ; tout cela, dans son abandon, égale l’art le plus consommé.