Amaury se jette dans cette fange, sans regarder la place où il tombe ; il s’y plonge tout entier, sans ivresse, sans remords, poussé par un instinct aveugle et brutal.
Les Lapons même, ces petits êtres si courts, si enfumés, ont, dit-on, leur Jardin Royal proportionné sans doute à leur taille & à leur instinct ; car je n’imagine pas qu’un nain ait beaucoup d’esprit. […] Mais vous ne dites pas, me répondit-on, qu’ils ont un instinct qui les dirige, & qui leur indique les soulagemens dont ils ont besoin ; d’ailleurs ils ne connoissent point les excès que nous commettons, & ils ne font point usage de vin, boisson plus dangereuse qu’on n’imagine, par l’abus qu’on en fait.
De la dignité et de la grâce ; de la gravité et de la politesse ; un esprit éminemment despotique, mais par instinct, sans violence et sans perversité ; ne concevant pas qu’on pût lui résister, mais ne voulant en général que des choses convenables et justes : tel fut le caractère d’un souverain qui devait exercer une si grande influence sur la nation, et dont le règne devait être signalé par un changement presque total dans le caractère français. […] On avait vu disparaître ce talent comique qui révèle la nature comme par instinct, au lieu de s’inquiéter des moyens que l’art peut fournir pour produire de l’effet.
C’est qu’il n’y a pas ailleurs que dans les imaginations des philosophes deux bottes de foin toutes pareilles ; et c’est encore qu’un chacun se sent porté, qu’il le veuille ou non, plutôt vers la droite ou plutôt vers la gauche par un instinct secret ; et c’est enfin qu’il faut bien prendre un quelconque parti, quand on est en présence d’une alternative impérieuse. […] Il les enregistre, vos récits ; mais il n’est pas dupe : sa méthode est sûre et son instinct ne le trompe pas.
Quand ils ont fini ou accompli à demi leurs migrations mystérieuses des confins de l’Orient aux confins de l’Europe ; quand ils ont conquis un vaste territoire inhabité ou presque désert, qu’ils s’y sont établis avec leurs hordes populeuses, leurs mœurs traditionnelles et leurs facultés de croissance gigantesques et presque indéfinies ; quand ils se sont fait place par le premier génie des nations, le génie sauvage de la guerre, accompagné du génie de l’unité ou de l’ordre, sous des chefs absolus ; quand ils commencent à jouir de l’agriculture, de l’aisance, du loisir, ils se civilisent, ils se policent, ils songent par instinct à se procurer les douceurs et les gloires de l’existence.
Bienfait pour l’art dramatique lui-même qui cesse d’être le privilège du petit nombre et de se développer en vase clos ou à demi clos, ou de s’avilir devant le grand nombre en flattant ses plus bas instincts.
En second lieu, et ceci est une conséquence de ces dernières lignes, il est à remarquer que les grands artistes, que leur instinct conduit toujours bien, n’ont pris dans les poëtes que des sujets très-colorés et très-visibles.
L’instinct mécanistique de l’esprit est plus fort que le raisonnement, plus fort que l’observation immédiate.
En foi de quoi, sur la parole du mythologue illustre qui ne laisse pas de prendre quelquefois Hélène pour la femme d’Agamemnon, il se répète aujourd’hui couramment, dans le pays de Rabelais et de Montaigne, de Racine et de Bossuet, de Voltaire et de Montesquieu, « que l’instinct construit les mots et que la réflexion les gâte, que la perfection des langues est en raison inverse de la civilisation, que les langues se déforment à mesure que la société se civilise5 ». […] Molière est Gaulois ; c’est le secret de sa popularité : Gaulois de race, qui va droit et d’instinct aux sources, un peu dédaignées par ses contemporains, de l’antique malice et de la gaberie traditionnelle ; Gaulois de tempérament, qui n’aime pas à perdre terre, également éloigne du romanesque, en dépit de Mélicerte, et de l’héroïque, en dépit de Don Garde de Navarre, somme toute ne s’élevant jamais au-dessus d’un certain niveau moral ; Gaulois d’allure, qui ne s’effarouche ni d’une parole franche ou même crue, ni d’un geste hardi, pour ne pas dire libertin ; — je parle de l’œuvre et non de l’homme, puisque ce grand moqueur vécut triste et mourut hypocondriaque. […] Et quant à cette scène que Grimarest essaye de décrire : — le populaire attroupé devant la maison de Molière, la femme de Molière épouvantée du murmure menaçant de « cette foule incroyable » et jetant par la fenêtre l’argent à pleines poignées, — certainement il ne nous déplairait pas qu’une fois de plus le peuple eût prouvé ce merveilleux instinct qu’il a pour méconnaître les siens, ceux qui l’ont aimé le plus sincèrement, et qu’il eût outragé le cercueil de Molière comme dix ans plus tard, par exemple, il insultera le convoi de Colbert ; mais il existe un texte précis.
« Sincerum fuit sic eorum judicium, nihil ut possint nisi incorruptum audire et elegans : eorum Religioni cum serviret orator, nullum verbum insolens aut odiosum ponere solebat. » Ceci est un beau passage de Cicéron, et ce que dit l’orateur romain des orateurs athéniens, on le dira quelque jour des journalistes de Paris, lorsque les esprits seront accoutumés à ne rien souffrir que de pur, d’élégant et d’achevé ; lorsque cette intelligente nation aura forcé les écrivains, par son discernement même, à ne rien avancer, qui ne soit d’un sens exquis, et contenu dans les justes limites d’une langue obéissant aux lois les plus strictes de la grammaire, aux instincts les plus exigeants de l’esprit.
Dans l’Architecture & l’Harmonie, le type intellectuel que le critique est obligé de se former, exige une étude d’autant plus profonde des possibles, & pour en déterminer le choix, une connoissance d’autant plus précise du rapport des objets avec nos organes, que les beautés physiques de ces deux arts n’ont pour arbitre que le goût, c’est-à-dire ce tact de l’ame, cette faculté innée ou acquise de saisir & de préférer le beau, espece d’instinct qui juge les regles & qui n’en a point. […] La gravitation des corps, la végétation des plantes, l’instinct des animaux, les développemens du feu, l’action de l’air, &c.