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1178. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Oui, c’est l’impression générale que les passants emportent de Londres, dont ils n’ont vu, d’ailleurs, que la surface. […] Je n’ai pas du tout cette impression. […] Cette impression ne se vérifia point, du moins dans le sens où il en avait prévu les résultats. […] Cette impression qui pesa lourdement sur ses premières années a toujours persisté en lui. […] Il me semble que les théories l’encombrent, l’alourdissent, lui enlèvent un peu de cette impression de vie vécue dont je cherche à marquer tous mes ouvrages.

1179. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Jusqu’à lui on ne se doutait pas de tout ce que pouvaient fournir d’intérêt, de vie, de drame mouvant et sans cesse renouvelé, les événements, les scènes de la Cour, les mariages, les morts, les revirements soudains ou même le train habituel de chaque jour, les déceptions ou les espérances se reflétant sur des physionomies innombrables dont pas une ne se ressemble, les flux et reflux d’ambitions contraires animant plus ou moins visiblement tous ces personnages, et les groupes ou pelotons qu’ils formaient entre eux dans la grande galerie de Versailles, pêle-mêle apparent, mais qui désormais, grâce à lui, n’est plus confus, et qui nous livre ses combinaisons et ses contrastes ; jusqu’à Saint-Simon on n’avait que des aperçus et des esquisses légères de tout cela ; le premier il a donné, avec l’infinité des détails, une impression vaste des ensembles. […] M. de Choiseul, pendant son ministère, en prêta des volumes à Mme du Deffand qui en écrivit ses impressions à Horace Walpole auquel elle aurait voulu également les prêter et les faire lire : « Nous faisons une lecture l’après-dîner, lui mandait-elle (21 novembre 1770), les Mémoires de M. de Saint-Simon où il m’est impossible de ne pas vous regretter ; vous auriez des plaisirs indicibles. […] L’exactitude dans certains faits particuliers est moins ce qui importe et ce qu’on doit chercher qu’une vérité d’impression dans laquelle il convient de faire une large part à la sensibilité et aux affections de celui qui regarde et qui exprime.

1180. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Il ne le faisait point en exagérant l’impression et en ajoutant la rhétorique à la vérité, mais en revoyant en lui-même ce qu’il avait vu et en racontant simplement et candidement ce qu’il avait vu et senti. […] Mlle de Menthon, chez qui j’allais l’après-midi, l’était toujours, et me faisait une impression tout aussi douce, mais différente. […] C’était beau, cela tombait avec bruit sur l’âme ; mais cela n’y pénétrait pas comme une pluie insensible qui amollit les sens et qui fait de la douleur non pas la déclamation de l’écrivain, mais l’impression même de celui qui souffre.

1181. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Mais elle est aussitôt réprimée par le poète, et il vaudrait la peine d’étudier avec quel art, quelle finesse de composition il fait toujours dominer l’impression comique, chargeant Sganarelle d’atténuer don Elvire, don Luis et don Juan, Dubois d’effacer le trouble pathétique du IVe acte du Misanthrope, Dorine de jeter sa belle humeur à travers les scènes pitoyables de Tartufe, Argan enfin de contrepeser l’odieux de Béline et le charme attendrissant d’Angélique. […] Il n’y a guère d’œuvre où l’on ne trouve à la fois du comique de farce, du comique de mœurs, et du comique de caractère, selon les objets qu’il s’agit de rendre et l’impression que le poète veut donner. […] Lemaître, Impressions de théâtre, t. 

1182. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Le beau morceau sur Epictète et Montaigne, qu’on sait être l’extrait d’une conversation de Pascal avec M. de Sacy, n’est pas une première impression à la suite d’une lecture récente. […] Pascal en avait reçu des impressions si fortes, que, même dans le temps qu’il se livrait au monde, ajournant, par une sorte de résistance de la nature, l’heure de la foi qui devait être pour lui l’heure du martyre, la morale chrétienne lui donnait déjà des scrupules là où le dogme ne lui en avait pas encore donné. […] Il remettait entre les mains de ce saint homme au cœur tout frémissant encore des passions vaincues de la veille ; et c’est peut-être sous l’impression des premières douceurs que la parole de M. de Sacy avait fait couler dans son âme, qu’il écrivait sur un parchemin, en manière de mémorial, ces mots si pathétiques : « Joie, joie, pleurs de joie !

1183. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Qui ne voit le prix de documents ainsi composés des souvenirs attendris, des récits naïfs des deux premières générations chrétiennes, pleines encore de la forte impression que l’illustre fondateur avait produite, et qui semble lui avoir longtemps survécu ? […] Mais c’est surtout la lecture de l’ouvrage qui est de nature à faire impression. […] Mais une chose résulterait certainement avec un haut degré de vérité de ces naïfs récits, c’est le caractère du héros, l’impression qu’il faisait autour de lui.

1184. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

J’en voudrais ici décrire le spectacle et traduire l’impression plutôt qu’en tracer l’analyse rigide. […] Même sans le vouloir, on en subit l’impression ; on est comme un passant jeté par hasard au milieu d’authentiques réjouissances. […] 5° Arthur Seidl : — À propos d’une représentation des Maîtres Chanteurs à Leipzig. — L’auteur, un jeune étudiant, et fondateur des associations wagnériennes universitaires de Munich et de Tübingen, décrit les impressions ressenties lors de cette représentation et établit une comparaison intéressante entre l’œuvre vivante du Maître et l’image inanimée que tracent les savants universitaires, de cette période si remplie de l’histoire allemande.

1185. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

La description de ses souffrances ainsi idéalisées par le souvenir et la narration de ses impressions personnelles, diluées dans le torrent des sensations contemporaines, parut aux lecteurs semblable à la musique d’opéra dont on écoute l’air sans prêter attention aux paroles. […] Émilie et Alphonse, avec ce sous-titre : danger de se livrer à sa première impression ; trois volumes (1799). […] Une œuvre littéraire, alors même qu’elle n’aurait aucune valeur artistique, acquiert une haute valeur historique, du moment que le succès l’a consacrée ; le critique matérialiste peut l’étudier avec la certitude de saisir sur le vif les impressions et les opinions des contemporains.

1186. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

V Si vous voulez juger de l’impression que fit sur moi ce chef-d’œuvre exhumé d’une langue depuis tant de siècles muette et morte, écoutez celle que la première apparition de ce poème fit sur l’esprit de son savant traducteur français, M. de Chézy. […] « Jamais je n’oublierai, dit M. de Chézy, l’impression ravissante que fit sur moi la lecture du drame de Sacountala, lorsqu’il y a environ trente ans, la traduction anglaise de ce chef-d’œuvre, par le célèbre W.  […] Cependant, en faveur de la pureté éminemment classique de son style et du naturel exquis avec lequel y sont tracés les divers caractères qui lui impriment la vie, nous le prierons au moins de vouloir bien mitiger son arrêt, et de comprendre ce chef-d’œuvre sous la dénomination de classico-romantique, en lui souhaitant pour sa propre gloire d’en produire un pareil. » VI Je reprends : Mon impression personnelle ne fut ni moins vive ni moins ravissante que celle du traducteur, la première fois que le poème dramatique de Sacountala tomba sous mes yeux.

1187. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Vous savez bien, à présent, que H… n’aura pas un centime à vous réclamer pour l’impression des Causeries qui ont suivi2. […] On est allé jusqu’à se pâmer d’admiration devant des fautes d’impression ou de lecture, devant de véritables non-sens, tant qu’on a cru y voir la leçon même de quelque grand écrivain. […] Car ils arrivent tous en Italie avec des impressions formées d’avance par leurs lectures, et d’observation naïve, spontanée, il n’y en a plus trace. […] Volontiers ils écrivent sur la vanité de la gloire des choses belles et justes en soi, mais qui nous donnent rarement l’impression de la franchise et qui n’attestent pas une vraie connaissance d’eux-mêmes. […] Aspirer à la gloire étant la même chose qu’aspirer à la vie, être indifférent au succès, à la publicité, à l’impression, c’est une espèce d’appétit de la mort ; et le fait est que Flaubert avait cet appétit singulier.

1188. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Un monde de lectures par-dessus un monde d’impressions personnelles. […] C’est un mélange d’impressions, d’observations déjà raffinées et de sentiments qui veulent être primitifs » (Sainte-Beuve). […] Victor Giraud m’a répondu : « Voici mon impression. […] Dans les premières conversations d’Eudore et de Cymodocée, l’impression est curieuse. […] Il y a ses impressions de voyage.

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