Admirateur passionné de Bach et de Hændel, artiste dans l’âme, doué de cette vivacité d’imagination et de cette hardiesse de pensée qui n’appartiennent qu’à la race germanique, Lemm aurait pu, — qui sait ? […] Non, cela n’est pas pour moi. — Je n’ai plus la vivacité d’imagination qu’il faut pour un opéra. — J’ai déjà perdu mes forces, mais si je pouvais encore faire quelque chose, je me contenterais d’une romance : certainement je voudrais de belles paroles. » Il se tut et resta longtemps immobile, les yeux attachés au ciel.
Et Whistler, à la suite de ce déjeuner, où il abandonnait Londres, disait en parlant de ces deux richissimes invités qui l’avaient laissé saisir, que ce n’était pas par cochonnerie, même par complète indifférence, mais parce que leur imagination ne leur avait pas fourni l’idée, qu’il y avait de quoi acheter pour payer ses dettes. […] Et dans les choses inférieures, méprisées par les natures non artistes, j’aurais dépensé autant d’imagination que dans mes livres.
L’inspiration, qui guide l’imagination et même la plume du poète, entraînera la rime jumelle dans son flot aussi aisément qu’un fleuve entraîne deux fleurs entrelacées. […] L’Orient et le Septentrion n’en ont pas moins imposé à nos imaginations des cosmogonies et des fables qu’il n’est plus en notre pouvoir d’oublier.
Elles n’ont aucune destination poétique, elles ne cherchent pas à caresser notre imagination ; elles sont lointaines et étudiées comme ce détour de la voix quand elle insiste13. […] Et l’Énéide, et la Divine Comédie passent ainsi que de hauts vaisseaux entrevus… Le poème est conduit par l’imagination. […] Il y a une certaine attitude de l’imagination qui rend liés tous les spectacles comme ils le furent dans l’esprit du poète. […] * * * Après Saül, qui est encore un traité de morale et déjà une œuvre d’imagination, Gide, nous le savons, quitte la littérature subjective, et n’écrit plus — Amyntas mis à part — que des drames et des romans.
Les sonnets sont vides d’amour, le lyrisme ou l’inspiration manquent totalement à cet homme, on n’en retiendra pas un vers ; c’est du pédantisme glacé, l’éternel hiver du cœur dont l’imagination de l’Italie ne fond pas même les neiges.
Est-il utile d’expliquer ce qu’il y a d’imagination pittoresque, de vive, de mordante, d’âcre, d’ardente inspiration dans les Tragiques, de détailler les trouvailles saisissantes de ce style forcené pour diffamer ou maudire, et pour glorifier ou bénir ?
Tout ce qui plaît à notre imagination dans la sublimité des fables homériques, tout ce qui touche nos cœurs dans cette première et naïve expression des passions humaines, notre raison l’approuve, et elle y trouve sa part dans la leçon morale qui s’insinue sous le plaisir.
Seulement elle change ses rêves après en avoir tiré quelque plaisir d’imagination et sans doute aussi quelque profit pratique et réel.
Les chemins de fer, les télégraphes, tant d’inventions éclatant coup sur coup, rendant commun et banal ce qui eût semblé fabuleux à nos pères, permettant à des navires d’aller sans voiles ni rames, à des enfants de mouvoir les fardeaux les plus énormes, à tout le monde d’accomplir en quelques heures des trajets qui demandaient jadis des semaines et des mois, à la pensée et à la voix de voyager avec la vitesse de l’éclair, tous ces miracles devaient exalter les imaginations et fournir aux poètes des thèmes nouveaux.
Il a peu d’imagination et moins de sentiment et il a honte de montrer combien peu de ces qualités il possède ; il n’a donc aucun souffle de cet enthousiasme sans lequel les poètes et les compositeurs ne sauraient vivre.
Mais aucun grand musicien n’aura surexcité plus de jeunes imaginations et troublé plus de cervelles.