. ; surtout cette pièce de La Leçon de flûte, que je citerai tout entière pour donner une idée de ce poète qui rappelle ici André Chénier et le Poussin : J’étais resté longtemps les yeux sur un tableau Où j’avais retrouvé Théocrite et Belleau, Fraîche idylle aux bosquets de Sicile ravie Ayant bu la lumière et respiré la vie.
C’est une idée que nous recommandons à M. […] XVIII Négligeons ses satires, assaisonnées cependant du sel attique le plus savoureux, et dont les satires de Boileau, traductions dépaysées de Rome à Paris, nous donnent une idée presque latine. […] Les soupers de Frédéric avec Voltaire et ses amis à Sans-Souci, ce Tibur soldatesque de la Prusse, donnaient une idée assez exacte des soupers d’Auguste, où Mécène, Pollion, Virgile et Tibulle soupaient avec le maître du monde.
Cet homme rude et illettré s’était-il bien nettement rendu compte de la succession d’idées par laquelle il était, degré à degré, monté et descendu jusqu’aux lugubres aspects qui étaient depuis tant d’années déjà l’horizon intérieur de son esprit ? […] « Pour résumer en terminant ce qui peut être résumé et traduit en résultats positifs dans tout ce que nous venons d’indiquer, nous nous bornerons à constater qu’en dix-neuf ans, Jean Valjean, l’inoffensif émondeur de Faverolles, le redoutable galérien de Toulon, était devenu capable, grâce à la manière dont le bagne l’avait façonné, de deux espèces de mauvaises actions : premièrement, d’une mauvaise action rapide, irréfléchie, pleine d’étourdissement, toute d’instinct, sorte de représailles pour le mal souffert ; deuxièmement, d’une mauvaise action grave, sérieuse, débattue en conscience et méditée avec les idées fausses que peut donner un pareil malheur. […] L’idée souffre le paradoxe, le goût ne le souffre pas.
La séve et le sang, toutes les formes du fait multiple, les actions et les idées, l’homme et l’humanité, les vivants et la vie, les solitudes, les villes, les religions, les diamants, les perles, les fumiers, les charniers, le flux et le reflux des êtres, le pas des allants et venants, tout cela est sur Shakespeare et dans Shakespeare, et, ce génie étant la terre, les morts en sortent. […] Lorsque Duncan sera endormi (et le fatigant voyage qu’il a fait aujourd’hui va l’entraîner dans un sommeil profond), j’aurai soin, moi, à force de vin et de santés, de décomposer si bien ses deux chambellans, que leur mémoire, cette gardienne des idées, ne sera plus qu’une fumée, et le réservoir de leur raison un alambic. […] N’allez pas creuser cette idée.
À l’idée de cet abandon les Grecs frémissent de honte. […] L’idée de faire décrire au vieux Priam par la coupable et malheureuse Hélène, cause de cette guerre, les guerriers qui vont tout à l’heure immoler ses fils et l’immoler lui-même et brûler son palais, est un trait du pathétique qui fait de cette revue tout un drame. […] Et si on ajoute à cette admiration que cet interprète si intelligent, si fidèle et si éloquent, décrit, parle et chante dans une langue aussi divine et aussi harmonieuse que sa pensée ; si on ajoute que cette langue cadencée et transparente comme les vagues et comme l’éther dont il est entouré dans ses paroles rythmées, l’ordre logique des idées, le nœud puissant et serré du verbe qui relie en faisceau la phrase, la clarté du plein jour sous un soleil d’Orient, la force de l’expression, la délicatesse des nuances, la saillie du marbre, la vivacité des couleurs, la sonorité des armures d’airain dans le combat, des vagues de la mer dans les cavernes du rivage, le sifflement de la tempête dans les vergues et dans les voiles, le susurrement du zéphire dans les brins d’herbe ou dans les feuilles des forêts, enfin jusqu’aux plus imperceptibles palpitations du cœur dans la poitrine des hommes, on reste confondu, en présence d’un tel prodige d’expression, de tout ce que les sens perçoivent, de tout ce que l’âme sent et pense, et l’on se demande par quel étrange phénomène le plus ancien des poètes en est en même temps le plus parfait, par quel contresens apparent le génie poétique de la Grèce sort des ténèbres le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre à la main ; et on ne peut s’empêcher de se récrier sur le blasphème ou sur la cécité de ceux qui préconisent notre vieille jeunesse au détriment de cette jeune antiquité. […] Ses filles et les femmes de ses fils se lamentent dans le palais, au souvenir de ceux si nombreux et si vaillants qui ont perdu la vie sous le fer des Grecs. » Priam consulte la vieille Hécube, son épouse, sur l’idée qui le possède d’aller racheter le corps de son fils dans le camp d’Achille.
III J’avoue que je n’ai jamais compris le sens de cet axiome de l’obstination des partis, quels qu’ils soient, en France : « Tu ne changeras pas. » Tu ne changeras pas, c’est-à-dire tu vivras des jours sans nombre, tu verras des idées justes prendre la place de préjugés absurdes, des trônes s’écrouler sur des fondements vermoulus, des castes s’effacer devant des nations, des gouvernements légitimes se fonder sur les devoirs réciproques des hommes en société de services et de défense mutuels, des démagogues surgir comme les vices incarnés de la multitude, irriter les passions du peuple, les pousser jusqu’au délire, jusqu’au meurtre, s’armer de ces fureurs populaires pour prendre la hache au lieu de sceptre et pour promener, sur ce peuple lui-même, ce niveau de fer qui trouve toujours une tête plus haute que son envie ; tu verras le sang le plus pur ou le plus scélérat couler à torrents dans les rues de tes villes ; tu verras les partis populaires épuisés céder au parti soldatesque, première forme de la tyrannie ; tu verras un soldat popularisé par la victoire prendre à la fois la place de la liberté, du trône et du peuple par un coup de main ; tu le verras provoquer le monde pour le vaincre, changer l’Europe en un champ de bataille annuel, faucher périodiquement les générations nouvelles, plus vite que la nature ne les fait naître, pour son ambition, en sorte que les vieillards se demandaient s’il y aurait encore une jeunesse et si Dieu ne faisait plus naître les générations que pour mourir à vingt ans au signe de ces pourvoyeurs de la gloire. […] En ambition militaire, l’occasion m’a manqué ; j’ai vécu dans un temps de paix ; il n’y avait guerre que d’idées. […] Le génie de l’homme d’État manquait, selon mes idées politiques, à cette parole. […] Je n’avais ni communauté d’opinions, ni aucun lien d’idées avec lui ; j’avais simplement du goût pour sa personne.
Il s’occupait de cette idée, et déjà les vaisseaux étaient sur le chantier, quand il abandonna son projet, détourné, suivant les uns, par Bias de Priène, suivant d’autres, par Pittacus de Mitylène, qui, se trouvant à Sardes, et interrogé par Crésus sur ce que l’on disait de nouveau en Grèce, lui avait répondu en ces termes : « On y fait courir le bruit que les habitants des îles lèvent dix mille hommes de cavalerie, et ont le dessein de vous attaquer dans Sardes. » Crésus, prenant ces paroles au sérieux, s’écria : « Puissent faire les dieux que réellement ces insulaires pensent à venir attaquer avec de la cavalerie les enfants de la Lydie ! […] Quelle idée s’en fera ma nouvelle épouse ? […] Vers ce temps, Harpagus, qui brûlait du désir de se venger de la cruauté d’Astyage, et qui ne pouvait rien tenter par lui-même, comme simple particulier, eut l’idée de s’adresser à Cyrus, et lui envoya des présents. […] Enfin, on ne peut se faire une juste idée de tout ce qui périt dans cette mêlée ; car les Lacédémoniens, instruits d’avance que les troupes avaient franchi les montagnes, leur portaient la mort, ne songeant plus à se ménager, et, pour ainsi dire, hors d’eux-mêmes, déployèrent des forces surnaturelles contre les barbares.
En voici quelques strophes qui donnent idée de cette touche heureuse.
Nous soumettons cette idée à quelque jeune artiste pour l’exécution ; et quant à la pensée même, nous ne craignons pas de la proposer au zèle éclairé de ceux qui président chez nous à l’administration des Beaux-Arts.
Elles ne sont que la mise en œuvre momentanée, l’application à un cas particulier, de cette idée qui revient souvent chez M.
Dans la comédie de Molière, combien l’idée grandit !