La lutte de l’honneur et de la raison, du devoir et de l’humanité, se posa clairement à sa vue.
Il n’y a rien au-dessus d’un grand écrivain authentique : c’est l’honneur et la cime de l’humanité.
Ses prières, ses larmes, ses imprécations, qui attendrissent Leporello, n’arrachent à don Juan qu’un sourire moqueur et un éloge magnifique du vin et de la femme, gloire et consolation de l’humanité.
Pour ma part, je n’ai jamais cherché dans l’amitié qu’un épanchement réciproque des faiblesses de l’humanité, où je demande à la raison et à la tendresse de mon ami de corriger chez moi et d’améliorer ce qu’il y trouverait à blâmer, de fortifier, au contraire, et d’élever encore le peu de choses louables par où l’homme peut se rendre utile aux autres, et s’honorer lui-même.
Je pouvais donc m’entretenir de tout avec elle, et, le cœur et l’esprit également satisfaits, jamais je ne me sentais plus heureux que quand il nous fallait vivre tête-à-tête, loin de tous les soucis de l’humanité.
Qui sait s’il ne se prépare pas ainsi, par le peuple et pour le peuple, un renouvellement de ces solennités légendaires de la Grèce où la poésie eut toujours sa place marquée parmi tous les arts qui font la joie et l’orgueil de l’humanité ?
Cette projection, d’après les philologues, est tout à fait primitive dans l’humanité.
* * * — Toute extravagante grandeur bâtie par l’homme et dépassant sa taille est attristante pour l’humanité.
Bref, le mot aux contours bien arrêtés, le mot brutal, qui emmagasine ce qu’il y a de stable, de commun et par conséquent d’impersonnel dans les impressions de l’humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle.
Et l’histoire tout entière ne tiendrait-elle pas en un temps très court pour une conscience plus tendue que la nôtre, qui assisterait au développement de l’humanité en le contractant, pour ainsi dire, dans les grandes phases de son évolution ?
La première de ces deux époques n’a pas eu, comme la seconde, cette vue pure et haute de l’humanité qui nous fait mettre notre orgueil à discerner, à estimer et à relever l’homme dans tous les hommes, de quelque condition qu’ils soient, et qui poussait nos aïeux, vers l’an 1760, à entreprendre dans le domaine de la politique et au temporel, une œuvre analogue à celle que le christianisme s’était contenté d’accomplir au spirituel. […] Quelle incroyable ingénuité dans Voltaire lorsque écrivant à Condorcet, il prédit, à la veille ou à l’avant-veille de 93, qu’une révolution approche dont l’effet immédiat sera de faire entrer l’humanité dans l’âge définitif de la vie bucolique ! […] Si dans ses attaques les plus vives il ne se pare pas au moins d’un prétexte de justice et d’humanité offensée ; si, en affichant le mépris des hommes, il ne laisse point voir que ce mépris lui vient de la haute idée qu’il se forme de leurs devoirs et de la noblesse primitive de leur nature, si le besoin de dénigrer et de haïr s’y étale à découvert, superbe, hautain ou bas, reconnaissez-vous l’esprit à ce portrait ? […] Mais les passions font plus que revêtir des modes nouvelles ; elles subissent des alliages qui altèrent leur essence ; étudiées dans l’humanité, elles paraissent susceptibles de développement et de culture ; on s’étonne, après plusieurs siècles, de découvrir qu’on ne les connaissait pas tout entières, et qu’il pouvait sortir d’elles quelque chose de puissant, de doux ou de funeste qu’elles n’avaient pas encore donné. […] Quel débordement d’humanité dans l’ironie de Voltaire !