La véritable grandeur morale consiste à dompter les mouvements désordonnés de la nature, à les soumettre à l’empire de la raison et du devoir ; la grandeur théâtrale consiste presque toujours à s’abandonner en aveugle aux transports les plus insensés, à toutes les fureurs de la vengeance, de l’ambition et du fanatisme. […] on est électrisé par la grandeur d’âme de ces Romains qui s’immolaient, eux et leurs enfants, aux intérêts de la bourgade où le hasard avait placé leur berceau. […] Toute la grandeur, toute la fierté romaine respire dans cette femme admirable. […] Ce qui paraît extravagant, d’après les règles ordinaires de la raison, est précisément ce qui fait la grandeur de cette conception poétique. […] On est toujours surpris de trouver tant de naïveté réunie à tant de grandeur : cela va même jusqu’à la bonhomie.
La largeur du faire est indépendante de l’étendue de la toile et de la grandeur des objets[ ;] réduisez tant qu’il vous plaira une Sainte Famille de Raphael, et vous n’en détruirez point la largeur du faire.
Suite de la littérature diplomatique I La nature, qui prédestinait l’Angleterre à cette importance, lui avait donné un caractère qui a ses défauts sans doute, mais qui a la prédestination des grandeurs. […] L’égalité de grandeur, quoique de grandeur diverse dans les deux peuples, s’y oppose ; il faudrait pour cela que l’Angleterre renonçât à la terre ou que la France renonçât à la mer, et que chacun de ces deux peuples se contentât de l’empire d’un seul des deux éléments. […] XXVII L’alliance autrichienne, depuis que la maison d’Autriche a abdiqué les pensées gigantesques de Charles-Quint, de monarchie universelle en Europe, et même d’empire unitaire en Allemagne et dans les Pays-Bas, l’alliance autrichienne est la seule qui réponde à la fois à tous les intérêts légitimes de l’Autriche et à tous les intérêts de sérieuse et de légitime grandeur de la France. […] Nous croyons qu’une fois cette question de la Vénétie partagée ou résolue, comme le fut la question belge et hollandaise en 1830, l’alliance de la France et de l’Autriche sera l’alliance de la paix et de la grandeur des deux peuples.
Voltaire lui-même avait eu le pressentiment de cette rénovation poétique au contact de la science, et jamais il ne s’était plus approché de la grandeur que le jour où il s’était inspiré du vrai système du monde. […] Vous vous êtes, pour un instant, identifié avec la pensée du savant, soit qu’il fût alors agité par une conception nouvelle et sur la trace d’un des mystères de la nature, soit qu’il fût encore animé de la joie d’une découverte récente, ou bien qu’il ait résumé devant vous l’état de la science contemporaine dont il est en partie le créateur, l’éclairant par des traits imprévus d’une grandeur saisissante. […] Partout se découvrent aux yeux de l’esprit des perspectives sans limite dans l’espace et dans le temps ; la science montre à l’homme que ses conceptions les plus hautes et les plus profondes sont inférieures à la réalité : elle semble, dans son progrès continu, être devenue le commentaire vivant de cette pensée du grand géomètre qui est aussi parmi les plus grands des philosophes et des poètes : « L’imagination se lassera plus tôt de concevoir que la nature de fournir. » En même temps que se dévoile devant notre pensée la grandeur illimitée de la création, le sentiment de l’harmonie universelle, de la solidarité des êtres, de la connexion des phénomènes, se révèle de plus en plus clairement aux esprits attentifs que l’esprit de système n’a pas troublés. […] Et, sans qu’elle prétende imposer aux formules une langue rebelle, ne peut-elle s’inspirer de la grandeur et de l’harmonie du vrai cosmos entrevu à travers les travaux des savants, de ce spectacle réel mille fois plus grand que toutes les fictions et plus beau que toutes les mythologies ? […] La Nature nous échappe par sa grandeur ; ignorant ses motifs, nous voulons juger par les nôtres : rien n’est bon en soi ni mauvais, tout est rationnel, tout est parce qu’il doit être : La Nature nous dit : « Je suis la raison même.
Pour le bureau de loterie et d’autres morceaux de même grandeur et de l’invention de l’artiste, ils ne seront pas décrits, non, de par dieu, ils ne le seront pas, et vous entendez de reste ce que cela veut dire.
Et puis, comme dans le Louis XIV, un fonds de droit sens mêlé même au faste, de la mesure et de la proportion dans la grandeur. […] Et c’est là, je le dirai, ce qui m’a le plus profondément attaché au milieu de la beauté et de la grandeur vraiment épiques de l’ensemble. […] Son silence redouté, sa tristesse profonde et morne, ses brusques emportements, et le rond de sa prunelle qui se détache comme une balle enflammée dans la colère, puis sa mise imposante et bizarre, la grandeur de ses manières, sa politesse seigneuriale avec ses hôtes quand il les reçoit tête nue, par la bise ou par la pluie, du haut de son perron, comme tout cela est marqué ! […] Mais cela tourne bientôt à la gravité solitaire et à la mélancolique grandeur qui est le fond de cette nature de René : « Vingt fois depuis cette époque, dit-il, j’ai fait la même observation, vingt fois des sociétés se sont formées et dissoutes autour de moi.
L’éclat, la force, l’ordre et la grandeur matérielle substituèrent leur ascendant à celui des idées morales qui semblaient à bout, ayant passé par toutes les phases de fanatisme et de sophisme. […] Devant la postérité, tout homme et toute chose s’absout par la grandeur. » Suivant ou accompagnant Mirabeau depuis les fonts baptismaux du Bignon où il naquit, jusqu’au Panthéon où il entra le premier, M. […] Le grand Florentin Farinata degli Uberti, ce type du magnanime orgueilleux, que Dante a placé dans son Enfer, n’a rien qui surpasse en idéal de grandeur les descendants et chefs successifs de cette lignée des Arrighetti qu’il put bien avoir en son temps comme rivale dans les factions civiles de Florence. […] Ajoutez à ces traits une tournure d’humeur et de gaieté française, des saillies et des brusqueries plaisantes, non pas à la façon de Roquelaure ou de Rabelais, mais d’une haute dignité et grandeur comique, ainsi qu’il convenait à un Alceste demeuré féodal et antique baron.
IV Mais si on entend par ce mot de liberté la participation d’un plus grand nombre de sujets ou de citoyens au gouvernement, soit par la pensée exprimée au moyen de la presse ou dans les conseils, soit dans les élections, soit dans les délibérations, soit dans les magistrats, aucun doute alors que cet exercice du commandement social attribué par les constitutions au peuple, ne soit, quand le peuple en est capable par ses vertus et par ses lumières, une excellente condition de progrès moral, de dignité et de grandeur humaine. […] Elle n’a pas pour objet seulement la perpétuation de l’espèce humaine par la vile satisfaction des besoins du corps humain sur cette terre ; mais elle a pour but surhumain la grandeur et la glorification de l’âme humaine par la vertu. […] Au contraire, il se renoue, se recompose et se développe indéfiniment plus haut de vertu en vertu, de sainteté en sainteté, de grandeur en grandeur, dans une société toujours croissante et toujours multipliante, pour multiplier les adorations par les adorateurs, les forces par les facultés, les vertus par les œuvres, dans cette échelle ascendante par laquelle monta le Jacob symbolique, et qui rapproche du Dieu de vie ses hiérarchiques créations !
Mais la grandeur de la cause que défend Bossuet se communique à tout ce qu’il écrit pour elle, au lien que la cause de Saint-Simon est si mesquine et si personnelle qu’en lui donnant le dépit éloquent, l’art de faire ressortir les fautes, les couleurs vives pour peindre ses ennemis, le feu, l’emportement, l’éloquence des regrets, elle ne lui donne pas ce qu’elle n’a pas, la grandeur. […] Quand Saint-Simon parut à la cour, toutes les grandeurs du règne de Louis XIV étaient éclipsées. […] Saint-Simon reçut des impressions de décadence non moins fortes que les impressions de grandeur qu’avaient reçues les contemporains de la première moitié de ce règne.
Un amour infécond ne peut-il pas avoir sa beauté, sa grandeur, son utilité sociale même, comme source de dévouement, de respect et de tendresse ? […] Le génie n’est point diminué par toutes les analogies qu’on pourra lui découvrir avec la folie, ni la grandeur morale parce qu’il n’est pas toujours facile de la distinguer de son contraire. […] Nous sentons mieux la grandeur de l’Himalaya en le comparant au Mont-Blanc ou au moins à quelque colline qu’en le comparant à une orange. […] Et l’ironie ne nous fait voir que plus clairement par le rapprochement même, de combien certaines grandeurs en dominent d’autres.
Quoiqu’il entrevît des abîmes au fond de ce qu’il appelait la philosophie, il s’y est jeté avec un courage qui n’est pas sans grandeur ; car la grandeur de l’homme est de préférer ce qu’il croit la vérité à lui-même. […] Cet amour désintéressé de la vérité témoigne de la grandeur de celui qui l’éprouve. […] Le plaisir que nous ressentons vient de la grandeur même de cet objet, mais en même temps cette grandeur fait naître en nous je ne sais quel sentiment mélancolique, parce qu’elle nous est disproportionnée. […] S’il étend l’horizon de la pensée, c’est pour la confondre dans l’abîme de sa grandeur. […] La Vision de saint Benoît est d’une simplicité pleine de grandeur.