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2099. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

« Gardons-nous, ma fille, disait madame de Sévigné, d’imaginer qu’on puisse jamais égaler Corneille. » Cette aimable janséniste, qui ne croyait rien d’impossible à la grâce, regardait sans doute une excellente tragédie comme une œuvre plus difficile que la conversion d’un pécheur. […] Chez Devisé, la Mère coquette agit davantage et joue un plus grand rôle : elle a dessein de mettre sa fille au couvent, et même de la faire religieuse, ce qui me paraît fort naturel ; tandis que la Mère coquette de Quinault ne veut point entendre parler de couvent pour sa fille, et prétend la garder auprès d’elle, afin de pouvoir aller décemment au bal, aux spectacles, aux promenades, à toutes les fêtes, sous prétexte d’y conduire sa fille. Ce sentiment n’est point du tout dans la nature d’une veuve coquette, pour qui la compagnie de sa fille est un supplice ; et s’il lui faut un droit d’entrée à tous les plaisirs, c’est un second mari qu’elle doit prendre, et non pas sa fille qu’elle doit garder.

2100. (1888) Études sur le XIXe siècle

Il se plut à garder une attitude jusqu’à son dernier moment : « Quand il vit que sa fin approchait, raconte Paolina, il nous appela autour de lui, nous adressa de sérieux avertissements, puis nous exhorta à apprendre comment on meurt en conversation, car il parla toujours avec la plus grande présence d’esprit, en nous étonnant tous par tant de paix et tant de calme. » Dernier descendant des chefs du parti guelfe de Recanati, il écrivit plusieurs ouvrages de polémique politique et religieuse, inspirés par l’esprit le plus conservateur ; aussi, les idées de son fils l’inquiétaient-elles beaucoup ; une fois, il intercepta sa correspondance ; ou peut supposer qu’il finit par se désintéresser complètement de ce qu’écrivait Giacomo, car, peu de temps après la mort du poète, il demandait à Ranieri de le renseigner, non seulement sur les choses que Giacomo avait composées, mais sur celles qu’il avait publiées depuis son départ de Recanati. […] Je lui répondis ironiquement qu’il avait deviné notre dessein et le priai de nous garder le secret. » On comprend que, dans de telles conditions, la vente des tableaux était difficile ; pourtant quelques amateurs éclairés s’intéressèrent à la tentative des jeunes novateurs et leur firent quelques commandes. […] Et quand il me rappela que je devais venir chez lui le lendemain dans la matinée, je lui dis : “Surtout, gardez-vous de dire un mot de notre conversation à qui que ce soit” ; mais le jour suivant dès que le domestique m’eut ouvert la porte, le bon couple se précipita au-devant de moi : “Est-ce Hunt ?

2101. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

C’était fait ; et, sans parler de Lamartine, Victor Hugo venait de se jeter dans la politique, n’écrivait plus de drames, gardait pour lui ses Contemplations. […] Augier seul et Dumas dans leurs drames en ont gardé la tradition. […] — On y retrouve du moins cette curiosité d’esprit qu’il a gardée jusqu’à son dernier jour ; — cette préoccupation de comprendre son temps ; — et cette « religion de la science », qui est la seule qui lui soit demeurée

2102. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

. — Troisième groupe : les quelques romans qui gardent toute leur actualité à travers les générations, et comme je disais, une actualité agissante. […] Sa conversation, dans ce temps-là, était volontiers audacieuse, j’entends dans le domaine des idées, et bien séduisante, par un mélange qu’il garda jusqu’à la fin de notations d’un réalisme aigu et de fantaisie. […] Neuf fois sur dix, son récit diffère par quelque détail du souvenir que vous gardez.

2103. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Bayle aussi avait pour maxime de garder toujours une oreille pour l’accusé.

2104. (1813) Réflexions sur le suicide

— Nous gardâmes ensuite quelque temps le silence Asham et moi ; une inquiétude me poursuivait et je n’osais l’exprimer, tant j’en étais troublée. — Avez-vous vu mon époux ?

2105. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

L’on doit bien se garder de confondre le comique avec le risible.

2106. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Cette fille de l’Autriche, sur le trône de France, défiant son père de la détrôner, et s’offrant comme un gage de paix entre Napoléon et l’Europe, lui paraissait un dernier expédient de négociation qu’il fallait garder pour le jour suprême.

2107. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« Comme nos besoins, nos désirs sont bornés ; mes enfants gardent mon troupeau, et je ne dois rien à des mains mercenaires.

2108. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Si on les garde en cage, ils muent en hiver ; aussi ces oiseaux se gardent difficilement.

2109. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

« Enfants du roi de Morven, dit Fingal, gardez le roi de Loclin ; car il a la force de mille flots irrités ; son bras est instruit aux combats ; il a toute la vigueur des anciens héros de sa race.

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