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2827. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

D’heureux génies travaillaient la langue et l’illustraient de chefs-d’œuvre en tout genre.

2828. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

En vérité, je gémis pour l’humanité de voir un si grand génie avec un cœur si petit, sans cesse tiraillé par des misères de jalousie ou de lésine.

2829. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Si je suis ému par la vue d’une douleur représentée, comme dans le tableau de la Veuve du soldat, c’est que cette parfaite représentation me montre qu’une âme a été comprise et pénétrée par une autre âme, qu’un lien de société morale s’est établi, malgré les barrières physiques, entre le génie et la douleur avec laquelle il sympathise : il y a donc là une union, une société d’âmes réalisée et vivante sous mes yeux, qui m’appelle moi-même à en faire partie, et où j’entre en effet de toutes les forces de ma pensée et de mon cœur.

2830. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Mais comment se fait-il que les esprits les plus communs sentent ces élans du génie et conçoivent subitement ce que j’ai tant de peine à rendre ?

2831. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Cela est plein de génie. […] J’en appelle à cette meilleure part de toi-même, qui t’élève quelquefois au-dessus de tant de misères, j’en appelle à ton génie, qui t’a permis souvent de voir, de sentir et d’admirer ce qui est grand et beau, et pur.

2832. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Il s’accroche alors à une bossue, qui avait un génie dans un genre : la composition des roses artificielles. […] Barye n’a de génie que comme animalier, et dans les grands fauves.

2833. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Ainsi, quand dans une âme naturellement droite, mais exaltée, préexiste la croyance à des esprits exclusivement bons et moraux176, l’hallucination qui présente les caractères d’une telle origine ne peut par elle-même être le point de départ d’un trouble psychique, d’une maladie de l’âme ; on conçoit même qu’elle devienne un principe d’héroïsme et de génie. […] Mais le génie d’une langue a ses mystères ; il est souvent difficile de justifier d’une façon satisfaisante pour l’entendement telle image, que, pourtant, nous comprenons sans peine, et qui, si notre réflexion se tait, nous paraît juste, et non pas seulement gracieuse ou brillante ; il me semble que, parfois, les figures du style plaisent à l’esprit pour plus d’une raison et ne peuvent être rangées exclusivement dans aucune des catégories que distinguent les dictionnaires.

2834. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Les meilleurs maîtres, pour lui, ne sont pas des génies, et je ne pense pas qu’il prise beaucoup Balzac et Stendhal… Sa préoccupation est d’être spirituel, et l’on peut distinguer ses préférences en lisant l’Amour sur les tréteaux : elles vont, j’imagine, aux Mémoires contre Goezmann de Beaumarchais, à Saint-Évremond, à Fontenelle ; il n’a pas dû négliger non plus Bouhours, dans le dix-septième : il écrivait une langue si pure ! […] La voix d’Unruh est sourde, mais, précisément, son génie oratoire, c’est un déchaînement dans les mots et une retenue dans la parole. […] Il a le génie des titres ! […] Voilà que, fatigué du génie, il s’en prend aujourd’hui à ceux qui en sont généralement privés.

2835. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

si : cela me rappelle un tortionnaire qui fit subir d’horribles tourments au génie de la langue. […] … Il ose parler du génie de la langue, — ce poncif suranné dont nous avons fait justice ! […] Cette matière diffuse dans l’infini, nous pouvons même au besoin en régler les effluves, la condenser plus ou moins dans ces matras imparfaits : vos cerveaux, et obtenir ainsi des hommes de génie, des fous et des médiocres — si toutefois ces classifications ont un sens quelconque au regard de l’Être. […] Moi, faible interprète de votre génie, je ne puis l’exposer en toute son envergure.

2836. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Corneille, qui savait l’espagnol, a eu sous les yeux, quand il composa son Cid, le drame de Guillem de Castro, en trois journées, la Jeunesse du Cid ou plus exactement les Prouesses du Cid, et il l’a imité, il l’a modifié avec goût, il l’a réduit et accommodé selon le génie de notre nation et le sien propre.

2837. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Est-il donc vrai que le génie procède ainsi, et n’est-ce qu’à ce prix que s’enfantent les chefs-d’œuvre ?

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