Nous saisissons, dès ce premier écrit de circonstance, la forme et le fond du discours habituel de Portalis, cet enchaînement et cette suite de maximes sages, miséricordieuses, appropriées, où respire comme un souffle du génie de Numa, aphorismes tout de réparation, tout de consolation et de santé, et qui allaient faire la plus salutaire impression sur le corps social si longtemps soumis à ces autres aphorismes de Saint-Just, concentrés et mortels comme le poison.
Mais en les lisant, même sans être en rien du métier, on sent l’esprit général qui a présidé à ce code de prudence et d’équité : ce n’est pas une compilation, mais bien une composition qu’il y faut voir ; un conseil de sages enhardis par un héros profita du moment décisif où la nation, profondément remuée, se trouvait tout à coup replacée sous un meilleur génie et associait la vigueur d’un nouveau peuple à la maturité d’un peuple ancien.
C’est une chose étonnante qu’un petit livre de mysticité, que le génie de Leibnitz méditait, et qui a fait connaître au froid Fontenelle presque de l’enthousiasme.
ô fragilité des raisons les plus fermes comme des plus puissants génies !
Dans le premier sujet, plein d’actions coupées et de guerres, il a trouvé des caractères comme il les aime, il a exhumé et peint quelques-uns des défenseurs énergiques des nationalités italiennes : dans le second sujet, où il fallait entrer dans le Sénat et descendre dans le Forum, il a rencontré, en première ligne, le personnage de Cicéron, et c’est ici que, repoussé par le dégoût des lieux communs, il n’a pas rendu assez de justice à cet homme dont on a dit magnifiquement qu’il était le « seul génie que le peuple romain ait eu d’égal à son empire ».
Peut-être ce caractère tient-il au génie de la race plus encore qu’aux institutions ; cependant on ne peut nier qu’en Europe les révolutions démocratiques (car elles l’ont été toutes plus ou moins) n’aient provoqué également un grand esprit d’entreprise et une extrême activité en tout genre.
Quels yeux et quels cœurs britanniques pourraient considérer sans un sentiment de légitime orgueil et d’espoir insondable cette nécropole des génies de sa race ?
En effet, une nation dont la morale n’a cessé d’obéir au grand principe : un sou est un sou, comment n’aimerait-elle point à se rappeler qu’en un temps reconnu pour celui où s’exprima le mieux son génie, le peintre officiel des passions, admis à la cour du Grand Roi, dans la théorie des princesses, les unes, larmoyantes, les autres vindicatives, mais toutes uniformément chargées de falbalas, jamais ne reconnut par la bouche de leurs majestueux amants, que des objets de désir. […] Or, le premier, s’il raconte ses tourments dans René, s’attendrit au souvenir de Lucile dans les Mémoires d’outre-tombe, de quelle complaisance envers le Christianisme et son génie, de quel conformisme diplomatique n’a-t-il point racheté son lyrisme incestueux ? […] Wilde est passé par là : Mettre le génie dans sa vie, le talent dans son œuvre. Le génie dans la vie, entendez licence complète.
Et voilà un in media res très heureux, sans que j’y trouve un trait de génie ; mais voilà déjà un trait d’instinct dramatique. […] Ce qu’on est dans Racine tenté de prendre d’abord pour une faute, se trouve très vite être une habileté de génie. […] Ce n’est aucunement là à mes yeux ni l’intérêt profond, ni le sujet de la pièce : matière bonne, sans doute, pour quelque dramatiste moderne, bonne pour un talent moyen, et bonne même, si l’on veut, pour un écrivain de génie ; mais non pas, je crois, suffisante pour un génie comme celui de Molière. […] Il va bondir de joie en apprenant que l’improvisateur Piron corrigeait tout comme un autre, plus qu’un autre, et que ses remaniements étaient des trouvailles et que c’est surtout en remaniant qu’il avait du génie. […] » Seulement Hugo n’a jamais eu le génie ironique.
Beyle, qui vivait dans des salons charmants, littéraires et autres78, a donc parlé de ceux du faubourg Saint-Germain comme on parle d’un pays inconnu où l’on se figure des monstres ; les personnes particulières qu’il a eues en vue (dans le portrait de Mme de Bonnivet, par exemple) ne sont nullement ressemblantes ; et ce roman, énigmatique par le fond et sans vérité dans le détail, n’annonçait nulle invention et nul génie.
J’ai depuis longtemps un dessein, c’est de rechercher comment la poésie que j’appelle celle de la nature ou de la campagne, et aussi celle des affections chères, intimes, élevées, n’a point réussi en France au xviiie siècle chez les écrivains en vers, et comment, dans le même temps, elle réussissait mieux en Angleterre, chez nos voisins, et produisait des poèmes encore agréables à lire, dont quelques-uns ont ouvert une voie où sont entrés avec succès et largeur d’éminents et doux génies au xixe siècle.