Ses sujets sont maintenant « ses chers amis », et il fait sa confession générale. « Il ne veut point se flatter. » Il regarde « sans indulgence l’état de sa conscience »38 qui certes n’est pas peu chargée. […] Il s’en charge et la rend générale et indirecte. […] 101 Son défaut propre est de se perdre en maximes générales. […] Boileau n’en sait rien, il se contente d’un mot général, il ne voit pas le détail réel de leurs journées. « Jamais de repos » : ils se lèvent avant le jour, à trois heures du matin souvent, dans l’aube froide et humide. « Point de pain quelquefois : « rappelez-vous que souvent ils sont morts de faim sous Louis XIV, et que Mme de Maintenon en 1700 mangea du pain bis. […] Il veut toucher les deux ou trois passions éternelles qui mènent l’homme, les quelques facultés maîtresses qui composent la race, les quelques circonstances générales qui façonnent la société et le siècle.
D’un autre côté, notes et préfaces sont quelquefois un moyen commode d’augmenter le poids d’un livre et d’accroître, en apparence du moins, l’importance d’un travail ; c’est une tactique semblable à celle de ces généraux d’armée, qui, pour rendre plus imposant leur front de bataille, mettent en ligne jusqu’à leurs bagages. […] Il se bornera du reste à des considérations générales sur l’art, sans en faire le moins du monde un boulevard à son propre ouvrage, sans prétendre écrire un réquisitoire ni un plaidoyer pour ou contre qui que ce soit. […] Il était presque inouï que les malheurs généraux de l’état dérangeassent sa vie. […] Il n’y a ni règles, ni modèles ; ou plutôt il n’y a d’autres règles que les lois générales de la nature qui planent sur l’art tout entier, et les lois spéciales qui, pour chaque composition, résultent des conditions d’existence propres à chaque sujet. […] Après avoir, dans tout ce qui précède, essayé d’indiquer quelle a été, selon nous, l’origine du drame, quel est son caractère, quel pourrait être son style, voici le moment de redescendre de ces sommités générales de l’art au cas particulier qui nous y a fait monter.
Lord Irondale est un général consciencieux, mais sans génie : il se fait battre par les Russes. […] Une tendance générale se remarque chez tous : c’est la volonté de prendre au sérieux la vie, la vie individuelle et la vie sociale, c’est de réaliser dans leurs œuvres toute l’humanité qui est en eux. […] Ou bien en effet une telle définition voudra s’appliquer à tous les vers, et elle sera si générale, si abstraite, qu’elle n’offrira aucun intérêt pratique ; ou bien elle ne fera que refléter cette part de subjectivité que tout homme apporte nécessairement dans l’étude de ces questions, — et elle mettra les poètes aux prises, dans des contestations insolubles. […] L’idée générale n’est que la résultante fortuite des groupements d’images qui forment des images composites ; de même si l’on photographie tous les membres d’une même famille, on peut obtenir, en superposant les clichés obtenus, une photographie type. […] Comment, en effet, expliquer que le poème arrive à s’imposer aux autres âmes, s’il n’y a pas une loi assez générale pour dominer toutes les âmes humaines ?
Les œuvres individuelles périront, l’œuvre générale ne périra pas ! […] Si défectueux qu’ils soient, ils auront aidé au mouvement général qui va vers le bien, suivant de providentiels détours. […] Chacun de ces poëtes est admiré dans son école et par une certaine portion du public, mais aucun d’entre eux n’a encore conquis cette notoriété générale qui avec le temps devient la gloire. […] Il faudrait prendre chaque pièce une à une, et comme l’inspiration de Sully-Prudhomme est très diverse, on ne saurait guère en donner une idée générale. […] Ceux qui résistaient le plus à l’enthousiasme trop bruyant d’une cabale amie, ne pouvaient se défendre à leur gré de partager l’émotion générale.
Ce sont des caractères généraux, au même titre, d’une façon aussi absolue que l’Avare de Molière ou la Phèdre de Racine. […] Ce sont ces grands lieux communs, ce sont ces caractères généraux qui font l’immortalité de l’œuvre balzacienne. […] Ford en trace un schéma général, un peu méchant, assez vrai et amusant. […] Proust se dirige toujours du particulier au général (ici, je demanderai à M. […] J’y puiserai seulement quelques indications générales.
La seconde est l’amélioration des ameublements, qui est grande, quoique non encore générale ; car, disent-ils, nos pères (oui, et nous-mêmes aussi), nous avons couché bien souvent dans des grabats de paille, sur de grosses nattes, avec un drap seulement, avec des couvertures faites de poils grossiers ou de lambeaux recousus, et une bonne bûche ronde sous notre tête pour traversin ou oreiller. […] Ce qui les frappe, ce ne sont plus les traits généraux des choses ; ce qu’ils tâchent d’exprimer, ce n’est plus la nature intime des choses. […] Leurs écrits ressemblent aux puissantes et pesantes gravures des contemporains, aux cartes d’Hofnagel par exemple, si âpres et si instructives ; leur conception est poignante et précise ; ils ont le don d’apercevoir chaque objet non d’une façon générale, comme les classiques, mais en particulier et singulièrement. […] Les demi-preuves lui suffisaient ; au fond, elle ne s’occupait pas d’établir une vérité, mais d’arracher une conviction, et son instrument, le syllogisme, n’était bon que pour les réfutations, non pour les découvertes ; il prenait les lois générales pour point de départ au lieu de les prendre pour point d’arrivée ; au lieu d’aller les trouver, il les supposait trouvées ; il servait dans les écoles, non dans la nature, et faisait des disputeurs, non des inventeurs. […] Il faut, comme dans les industries, observer, essayer, tâtonner, vérifier, tenir son esprit fixé « sur des choses sensibles et particulières », n’avancer que pas à pas vers les règles générales, « ne point anticiper » sur l’expérience, mais la suivre, ne point supposer la nature, mais « l’interpréter. » Il faut, pour chaque effet général, comme la chaleur, la blancheur, la dureté, la liquidité, chercher une condition générale, en telle façon qu’en produisant la condition on puisse produire l’effet.
Pour résumer nos idées sur ce que devrait être le réalisme, je cherche une formule générale qui exprime à la fois sa méthode et son pouvoir de création. […] On sait comment le futur général secoua le sien, un jour de brumaire, à la grille du pont Tournant, pour fournir une vaillante carrière de soldat et d’écrivain. […] Mais ce sont là des controverses bonnes pour le loisir des beaux-esprits, des dilettanti ; elles ne touchent pas aux intérêts généraux, aux soucis plus sérieux. […] La plupart des types généraux sur lesquels vit le roman russe ont leur embryon dans les Âmes mortes. […] C’était une mode aussi, et une conviction générale, que pour parfaire les légers cerveaux slaves, il y fallait mettre un peu de plomb allemand.
Les caractères : types du temps et types généraux. […] Les Visionnaires de Desmarets de Saint-Sorlin (1637)383 sont la première étude de caractères généraux qu’on ait faite d’après nature, avec intention formelle de placer le plaisir du spectacle dans la fidélité de la copie : et ces caractères sont des types ridicules de la société polie. […] M.Schérer se plaint de ces phrases qui se répètent, se juxtaposent, toujours reliées par la conjonction et : c’est la nature même, et l’allure générale de la conversation. […] Par contre, il n’y a pas de comédie de caractères qui le soit purement, qui exprime les caractères généraux sans les formes particulières des ridicules contemporains : voyez les Femmes savantes, le Misanthrope, Tartufe.
Et parmi celles-là ils accentuent celles qui se rapportent le mieux à l’impression générale qu’ils veulent produire. […] Ils accumulent les détails, mais toujours ils en résument la couleur générale et le sens. « De cette pauvre rivière opprimée, disent-ils en parlant de la Bièvre, de ce ruisseau infect, de cette nature maigre et malsaine, Crescent avait su dégager l’expression, le sentiment, presque la souffrance18. » Ce que Crescent fait pour la Bièvre, ils le font pour tout ce qu’ils décrivent. […] Et ayant ainsi traduit l’impression générale, qui correspond au premier moment de la vision, ils la précisent par les mots qui viennent ensuite et qui marquent ce qu’on distingue au second coup d’oeil Si donc Mme Gervaisais entre dans une église de Rome, MM. de Goncourt ne diront pas : « Elle se mit à regarder… des femmes agenouillées…, des paysans vautrés… » Non, car ce qu’elle a vu d’abord, ce sont des lignes et des mouvements, c’est quelque chose d’agenouillé et de vautré ; après quoi, elle a remarqué que c’étaient des femmes et des paysans. MM. de Goncourt écriront donc : « Elle se mit à regarder, dans l’obscurité pieuse, des agenouillements de femmes, leur châle sur la tête…, des vautrements de paysans enfonçant de leurs coudes la paille des chaises…, un prosternement général…, des prières de jupes de soie et de jupes d’indienne côte à côte couchant presque leurs génuflexions par terre…40 » — Ils écriront, toujours dans le même système : « Cette sculpture des poses, des lassitudes, des absorptions… Le tableau la frappa surtout des confessions élancées de femmes qui, debout…41 » — «… Des adorations d’hommes et de femmes à quatre pattes…42 » — « Et je ne voyais qu’une sauvage et toute brute idolâtrie, un peu de la ruée de l’Inde sous une idole de Jaggernat43. » — « Un mur de colère, gâché de couleurs redoutables, plaquait au fond l’avalanche et le précipitement des damnés…44 » — « Sur l’escalier se faisait l’ascension lente et balancée, la montée sculpturale des Romaines…45 » — « Leurs femmes étaient là… immobilisées… dans un arrêt qui hanchait 46. » Notons, pour finir, l’emploi presque continuel, dans le récit, de l’imparfait au lieu du passé défini, l’imparfait ayant quelque chose d’indéterminé et prolongeant l’action pour nous permettre de la mieux voir et de la suivre.
Mais qu’on ne parle pas de Scott et de Cooper pour nier le caractère général que nous assignons à la poésie de ce temps. […] De là toute cette poésie de la Restauration, dont le caractère général est un retour vers le passé, une exploration du passé, un enthousiasme vrai ou faux pour le passé, sans élan, sans impulsion en avant : comme si, après la philosophie novatrice et enthousiaste du Dix-Huitième Siècle, une réaction d’immobilité et de rétrogradation fût nécessaire, afin que l’esprit humain, après avoir reconquis son passé, revu son héritage et sa vie antérieure, pût, riche d’expérience et de savoir, se lancer de nouveau, avec plus d’assurance et d’espoir, dans la voie de l’avenir. […] Toujours abîmé dans la contemplation de la force divine, les êtres finis ne lui apparaissent que sous des traits peu arrêtés, comme des ondulations de la Vie générale. […] Ainsi ils arrivent tous deux au même vide et au même néant, par des routes diverses : : l’un par la contemplation de la vie universelle, l’autre par la contemplation de la vie dans ses formes particulières : l’un ne voyant que la vie générale, l’infini, l’absolu, l’éternel, Dieu enfin, sans l’Humanité, et en Dieu même une œuvre de génération et de destruction perpétuelle, sans but et sans résultat ; l’autre ne voyant que des êtres jetés dans l’espace et le temps, sans lien, l’Humanité sans Dieu, et dans l’Humanité même des forces isolées, des phénomènes transitoires, des générations sans succession, des hommes enfin sans vie humanitaire, une Humanité sans but et sans résultat.
De ses pensées sur la morale générale. — § V. […] Ils avaient adopté la démonstration cartésienne de l’existence de Dieu et de l’âme, et quant à la méthode générale pour la recherche de la vérité et la composition des écrits, tout Port-Royal s’y était rangé38. […] La méthode, qui est comme une première vérité générale et éternelle, et donne de la vie à tout écrit ; l’invention ; l’expression parfaite de toutes les vérités générales intéressées dans le débat ; le style, par lequel se révèlent avec éclat ces trois grandes qualités des écrits durables.