La foule considéra le livre de l’Allemagne comme un roman, comme un livre d’imagination qui exagérait à dessein les mérites germaniques. […] Lerminier trouvèrent dans la philosophie allemande une foule d’arguments qui furent les bienvenus. […] De là résultait pour Schiller la possibilité d’une foule d’allusions rapides que ses compatriotes comprenaient sans peine, mais qu’en France personne n’aurait saisies. […] En s’isolant des hommes, en s’abandonnant à ses songes, il a fait croire à une foule de jeunes gens qu’il est beau de se jeter ainsi dans le vague de la vie. […] Mais la foule, le peuple surtout, s’imprégna de ces idées excentriques.
Maintenant que j’ai fait ma mise en scène, je pourrais — comme tant d’autres — jetant le harpon dans cette foule, en retirer au hasard cinquante types plus ou moins grotesques. […] J’écrème cette foule. […] Je suis de ceux qui pensent que la foule gâte le monument — et qu’il est surtout agréable d’habiter là où il n’y a pas d’habitants. […] Tenez, voici la foule des petits jeunes gens avec leurs petits panamas à petits bords, leur petite raie courant, entre deux haies de cheveux, du front à la nuque, — leurs petits airs qui voudraient bien paraître de grands airs, et leur petite vanité qui s’efforce d’être impertinente.
Il y a une quinzaine d’années environ qu’un critique aussi instruit que spirituel, chargé, dans le Journal de l’Empire, d’examiner les traductions nouvelles qui paraissaient alors en foule, s’avisa un matin, comme par boutade et pour couper court à sa tâche, de signifier nettement que les grands écrivains de l’antiquité étaient et seraient à jamais intraduisibles, et qu’il y avait bien de la simplicité à se donner sérieusement le soin Ingrat de les reproduire. […] Il nous a semblé que son élégance, parfois un peu scrupuleuse, se refusait trop ces expressions familières et fortes, ces tours vifs et francs, que notre vieille langue offrait en foule à son choix, et qui s’adaptaient si naturellement à Tacite.
Les femmes ont découvert dans les caractères une foule de nuances que le besoin de dominer ou la crainte d’être asservies leur a fait apercevoir : elles ont fourni au talent dramatique de nouveaux secrets pour émouvoir. […] Les philosophes anciens, exerçant pour ainsi dire une magistrature d’instruction parmi les hommes, avaient toujours pour but l’enseignement universel ; ils découvraient les éléments, ils posaient les bases, ils ne laissaient rien en arrière ; ils n’avaient point encore à se préserver de cette foule d’idées communes, qu’il faut indiquer dans sa route, sans néanmoins fatiguer en les retraçant.
Il a eu beau représenter que les quatre ou cinq malencontreuses pages vides qui escortaient la première édition, et dont le libraire s’est obstiné à déparer celle-ci, lui avaient déjà attiré les anathèmes de l’un de nos écrivains les plus honorables et les plus distingués1, lequel l’avait accusé de prendre le ton aigre-doux de l’illustre Jedediah Cleishbotham, maître d’école et sacristain de la paroisse de Gandercleugh ; il a eu beau alléguer que ce brillant et judicieux critique, de sévère pour la faute, deviendrait sans doute impitoyable pour la récidive ; et présenter, en un mot, une foule d’autres raisons non moins bonnes pour se dispenser d’y tomber, il paraît qu’on lui en a opposé de meilleures, puisque le voici maintenant écrivant une seconde préface, après s’être tant repenti d’avoir écrit la première. […] Il a fallu, pour triompher de cette tentation nouvelle, toute la crainte qu’a éprouvée l’auteur de ne pouvoir percer la foule de ces noircisseurs de papier, lesquels, même en rompant l’anonyme, gardent toujours l’incognito.
Lorsque ce comique en donnoit, que le peuple y couroit en foule, & que Socrate disoit le moindre mot contre la pièce & l’auteur, les défenseurs de celui-ci l’accusoient d’avoir mis en jeu tous les ressorts imaginables pour arrêter l’enthousiasme des Athéniens, & nuire à l’illusion théâtrale. […] Ils se plaignoient amèrement de ce que ses gestes & ses discours en imposoient, & de ce que ses jugemens étoient repétés, comme autant d’oracles, par une foule de subalternes totalement subjugués.
… Il nous reste une foule de gens d’esprit, assez forts pour mettre chez toutes les nations de l’Europe la carte de la France, comme celle de la nation la plus spirituelle ; mais, à cela près, — à cela près de ce qu’il peut tenir d’esprit sur une carte de visite, nous n’avons rien, ni œuvres, ni hommes, parce que les grands sentiments qui font naître les grandes œuvres, et les croyances générales qui font naître les grandes passions, ne subsistent plus. […] On y rencontre une foule d’écrivains qui, sans l’être dans l’acception pleine et absolue de ce grand mot, ont du style pourtant, — comme on y voit des artistes qui ont ce qu’on nomme, en terme du métier, « de la palette », — mais cela suffit-il pour l’Art d’un pays ou pour sa Littérature ?
Aux hommages de la foule, qui flattent d’autant plus qu’ils tiennent toujours un peu de la superstition et de l’enthousiasme d’un culte, il joignit le suffrage de quelques-uns de ces hommes qu’on pourrait, au besoin, opposer à un peuple entier. […] Il en est d’un peuple qui entend parfaitement une langue, et de l’orateur qui lui parle, comme de deux amis qui ont passé leur vie ensemble, et qui conversent ; les lieux, les temps, les souvenirs attachent pour eux, à chaque mot, une foule d’idées dont une seule est exprimée, et dont les autres se développent rapidement dans l’âme sensible.
Là les plus habiles professeurs voient chaque jour la foule des étudiants se presser pour les entendre et recueillir le fruit de leurs doctes leçons. […] La salle des cours était assez vaste, et le public s’y pressait en foule. […] Lorsqu’à grand-peine on était parvenu à se placer sur les bancs, sur les chaises et jusque sur les marches de l’estrade du professeur, on voyait se glisser à travers la foule un petit homme, déjà vieux, dont les traits étaient empreints de cette laideur spirituelle qui, chez les hommes, est souvent préférable à la beauté. […] Le hasard, qui de tout me paraît se mêler, Avait, dans ce château, pris soin de rassembler, Comme jadis Noé dans son arche sacrée, Des grands hommes du jour la foule bigarrée. […] Celui qui doit parler est le seul à se taire ; Et, perdu dans la foule où s’égarent ses pas, Le lecteur est bientôt comme s’il n’était pas.
II, chap. 6] Outre les projets de réforme et d’amélioration qui sont venus à la connaissance du public, on prétend que l’on a trouvé depuis la révolution, dans les anciens papiers du ministère, une foule de projets proposés dans le conseil de Louis XIV, entre autres celui de reculer les frontières de la France jusqu’au Rhin, et de s’emparer de l’Égypte. […] Bouillant de verve et de pensée, Et fort de ses expressions, L’orateur, sur la foule, autour de lui pressée, Promenoit à son gré toutes les passions. […] Le lendemain, jour destiné à la célébration des saints mystères, le peuple accourut en foule à l’église pour y voir dans Eutrope une image éclatante de la faiblesse des hommes, et du néant des grandeurs humaines. […] C’est ainsi que ce qui rehausse l’éclat ; et l’image d’un prince, n’est pas qu’il soit assis sur un trône, revêtu de pourpre, et ceint du diadème ; mais qu’il foule aux pieds les barbares vaincus et captifs. […] Au point du jour l’oiseau par son chant matinal Du champêtre labeur donnoit-il le signal, Soudain retentissoit la cloche vigilante : Dans le temple accouroit la foule impatiente ; Femmes, enfants, venoient au pied du saint autel Pour la moisson naissante implorer l’Éternel.
On nous citera en foule des œuvres et des noms d’artistes qui paraissent détruire cette opinion. […] Et voilà, pour le dire en passant, ce qui condamne la foule des imitateurs que Scott et Cooper ont trouvés, et qui, nés sur le sol volcanisé par les Philosophes, les Jacobins et Napoléon, ont eu la maladresse de vouloir contrefaire l’allure qui sied si bien à ces enfants de l’Amérique et de l’Écosse, peignant d’après nature et selon leur propre nature. […] Autour de ces grands hommes gravitent, comme les planètes autour des soleils, une foule d’écrivains remarquables, mais d’un ordre inférieur. […] C’est surtout pour Lamartine qu’il existe un préjugé qui le fait considérer comme un poète chrétien, je dirais presque comme un poète sacré, et qui cache ainsi à la foule séduite le véritable caractère de son œuvre. […] À la suite de ces deux grands maîtres, une foule de disciples et d’imitateurs se lancèrent dans la voie qu’ils ouvraient.