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574. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

La passion de Dieu et de l’intelligence des choses divines, qui précipitait alors tant d’âmes dans la solitude, l’arracha, dans la fleur de son adolescence, au monde. […] Béatrice mourut dans la fleur de sa beauté, à vingt-cinq ans. […] Les collines sur lesquelles serpentait la route étaient couvertes dans leurs vallées et sur leurs flancs de forêts d’amandiers en fleurs. Ces fleurs innombrables répandaient leurs teintes lactées et rosées sur toute la campagne ; elles tombaient des branches à chaque légère bouffée du vent tiède de la mer ; elles semaient d’un véritable tapis de couleurs riantes l’intervalle d’un arbre à l’autre ; elles remplissaient l’air soulevé par la brise d’une nuée de papillons inanimés qui venaient tomber jusque sous les roues sur le chemin. […] Mais surtout quand Béatrice quitta la terre dans tout l’éclat de la jeunesse, il la suivit par la pensée dans ce monde invisible dont elle était devenue l’habitante, et il se plut à la parer de toutes les fleurs de l’immortalité.

575. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Où sont ces fleurs qui sortirent subitement du sein de la terre, pour former un lit à la déesse, un lit voluptueux au milieu des frimats, de la glace et des torrents ? […] La terre s’entr’ouvrit et se hâta de produire des fleurs. […] Au-dessus de ces eaux, au-dessous de Pégase, sur la traînée nébuleuse, un petit amour tenant le bout d’une guirlande de fleurs ; fort au-dessous de cet amour, plus sur le devant et vers la gauche, Persée un pié sur le rivage, l’autre dans l’eau, emportant entre ses bras Andromède, et l’emportant sans passion, sans chaleur, sans effort, quoiqu’il soit ou doive être amoureux, et que son Andromède bien potelée, bien grasse, bien nourrie, n’ayant rien perdu de ses chairs ni de son enbonpoint dans sa chaîne et sur son rocher, soit très lourde et très pesante. […] Sur le rivage, à quelque distance du groupe d’Andromède et de Persée, un second amour tient l’autre extrémité de la guirlande de fleurs qui va serpentant par derrière les deux amants ; en sorte qu’il semble que le projet des deux amours soient de les enlasser. […] La terre autour d’eux est jonchée de roses, de jonquilles, de fleurs qui naissent et qui s’épanouissent.

576. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Michèle de Burne, si jolie dans son éclat doré, avec son nez fin et souriant et son regard de fleur passée, est une mondaine accomplie. […] C’est pour elle que s’exercent des industries innombrables dont les ouvrages sont comme la fleur du travail humain. […] Un livre de Maupassant ou de Loti est un déjeuner de printemps ou d’hiver ; les romans passent comme les fleurs. […] Dans son pavillon de porcelaine, comme une fleur éclatante entourée de feuillage, l’impératrice est assise au milieu de ses femmes. […] Si les minores de l’antiquité étaient perdus, la couronne de la muse hellénique serait dépouillée de ses fleurs les plus fines.

577. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Et qui sait si celui-ci n’a pas été, dans sa première fleur, une âme douce et sans fiel, qui ne demandait qu’à vivre et à laisser vivre ! […] Pétrarque a chanté ses amours, et l’auteur des Fleurs du Mal les siennes. […] Je veux que l’imagination de celui qui parle dans les Fleurs du Mal paraisse quelquefois malade. […] Il sera ami exact, doux, sincère, généreux, désintéressé, galant de la plus fine fleur. […] ne sait pas ce que c’est que le parler français dans sa fleur, un peu amolli par la vie de luxe et l’habitude des pensers délicats.

578. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Or, dans la Satyre Ménippée, l’éloquent et sensé d’Aubray, parlant de la monarchie à fonder et du monarque à prendre et à choisir, disait excellemment : « Nous demandons un roi et chef naturel, non artificiel ; un roi déjà fait et non à faire… Le roi que nous demandons est déjà fait par la nature, né au vrai parterre des fleurs de lys de France, jetton droit et verdoyant du tige de saint Louis. […] Qu’on se figure en effet une poésie véritablement florissante, la moisson abondante et variée des Lyriques, des Élégiaques grecs, cette richesse où puisaient à pleines mains les fils et les héritiers des muses au sortir de l’âge de Solon, à l’entrée de celui de Périclès ; et nous, au contraire, à l’entrée de notre plus beau siècle, réduits, comme ici, à noter çà et là, à souligner quelques beaux vers, à glaner quelques fleurs heureuses et comme de hasard, dans une terre redevenue maigre et pleine de ronces. […] Le centième décembre a les plaines ternies, Et le centième avril les a peintes de fleurs, Depuis que parmi nous leurs brutales manies     Ne causent que des pleurs. […] L’espace d’entre le Rhin et les Pyrénées ne lui semble pas un champ assez grand pour les fleurs de lys ; il veut qu’elles occupent les deux bords de la mer Méditerranée, et que de là elles portent leur odeur aux dernières contrées de l’Orient. […] J’ai été un peu long, mais, quand on est couché sur des fleurs, il y a de la peine à se lever. » L’homme sensé, le bon citoyen clairvoyant et ferme, celui qui semble avoir connu à l’avance le Testament politique du Cardinal, a eu le haut ton dans toute cette lettre : le poëte, proprement dit, ne se trahit et ne reparaît qu’à ces derniers mots147.

579. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Vous ne le connaissez pas, ce remords, c’est d’avoir accolé dans Madame Bovary deux génitifs, l’un sur l’autre : Une couronne de fleurs d’oranger . […] Des dessins de Férogio, une charmante esquisse d’Hébert, un blond Baudry, une Nuit de Rousseau, qui est comme le « Songe d’une nuit d’été » de Fontainebleau, des Chassériau, des fleurs de Saint-Jean, une Macbeth de Delacroix ; enfin, deux petits tableaux de femmes nues, dont le faire va de Devosge à Devéria, — deux tableaux du maître, chez lequel Gautier apprit la peinture au faubourg Saint-Antoine. […] Arbres, ciel, eau, tout cela me fait l’effet d’une concession à temps, dont le jardinier renouvellerait un peu les fleurs au printemps, et où il aurait mis un petit bassin avec des poissons rouges… … Non, rien de tout cela de la nature ne me parle, ne me dit quelque chose à l’âme. […] Et la farce commence, une farce qui paraît écrite au pied levé, une nuit de carnaval, dans un cabaret de Bergame, avec de jolis vers qui montent s’enrouler ainsi que des fleurs autour d’une batte. […] L’autre jour à propos du mot chapeau de fleurs, M. de Noailles a dit que c’était un mot inconnu, qu’il ne l’avait rencontré nulle part.

580. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

Les deux enfants de madame Lauter, après la disparition de son mari, grandissent et deviennent, Léon un artiste charmant, Geneviève une personne adorable et sensible : Albert et Rose, leur cousin et cousine germaine, avec qui ils ont grandi, ont aussi une vive fleur d’âme et de jeunesse.

581. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Et le lendemain, votre bouche est amère, votre estomac brûlant, et vous sentez tout le prix de l’eau fraîche, des légumes au naturel, de l’odeur des fleurs des champs et de la simplicité !

582. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gourmont, Remy de (1858-1915) »

. — Fleurs de jadis (1893). — Histoire tragique de la Princesse Phénissa (1893). — Histoires tragiques (1893). — Lilith (1893). — Théodat (1893). — Le Château singulier (1894). — Hiéroglyphes, poèmes autographiés (1894). — Phocas (1894). — L’Idéalisme (1894). — Proses moroses (1894). — Le Latin mystique (1894). — Les Litanies de la rose (1895). — Le Livre des masques, portraits symbolistes, 1re série (1896). — Le Miracle de Théophile (1896). — Le Pèlerin du silence (1896). — La Poésie populaire (1896). — Les Chevaux de Diomède (1897). — D’un pays lointain (1897). — Le Vieux Roi (1897). — Le Livre des masques, 2e série (1898). — Les Saintes du Paradis, petits poèmes (1898). — Esthétique de la langue française (1899). — Le Songe d’une femme (1899). — Oraisons mauvaises (1900).

583. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre III. Des Ruines en général. — Qu’il y en a de deux espèces. »

Font-ils des décombres, elle y sème des fleurs ; entrouvrent-ils un tombeau, elle y place le nid d’une colombe : sans cesse occupée à reproduire, elle environne la mort des plus douces illusions de la vie.

584. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre V. Ruines des monuments chrétiens. »

Le gothique, étant tout composé de vides, se décore ensuite plus aisément d’herbes et de fleurs, que les pleins des ordres grecs.

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