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36. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Je suis le descendant des pages chevelus Qui, sveltes, se levaient après les vidrecomes, À la fin des repas — poètes gentilshommes Dont la couronne avait des baisers pour fleurons, Et qui, l’épée au flanc, coupe en main, fleurs aux fronts, Parmi l’or héraldique et fin des marjolaines, Chantaient le hennin blanc des hautes châtelaines… — Et quoique le fil des beaux siècles soit rompu, J’ai gardé de leur race autant que je l’ai pu3. Là, et dans ses sonnets de couleur, il faisait montre d’une belle virtuosité où l’on retrouvait à la fois Banville et Coppée, mais il exagérait dans ses vers d’amour, lorsqu’il affectait les langueurs d’un amant éconduit, accablé de sa disgrâce, et quand, pour apitoyer les âmes sensibles il présageait sa fin prochaine : Et je ne vivrai pas du reste bien longtemps. […] Il y avait là, le couple Jacquemin : elle, longue, fine, éthérée, l’air d’une princesse de légende ; lui, sérieux, attentif, avec sa face soucieuse d’alchimiste, cuivré par les vapeurs du nitre et le feu des laboratoires, instruit de la vie des métaux et de la flore sous-marine. […] C’est le « trio de fins poètes » de Lutèce dont les numéros traînent sur les tables et où déjà Verlaine publie ses Poètes maudits.

37. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Peu à peu ce charme, devenu plus fort, les étonne, puis les inquiète, et à la fin les domine. […] A la fin elle verra clairement dans son cœur, et c’est elle-même qui ordonnera son mariage avec Dorante. […] La tante au commencement, la nièce à la fin ; ni l’une ni l’autre, pour peu que la chose soit trop difficile. […] Qui verra la fin d’un genre de comédie dont les conditions seront le fond ? […] Il dit un geste fin, un cœur fin.

38. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

La réunion de différentes fins dans ma personne ne peut se concilier que d’une façon avec la division des moyens par lesquels, dans la société, ces fins se réalisent : il faut que je m’inscrive sur plusieurs listes à la fois et adhère à plusieurs « sociétés ». […] De plus en plus les associations partielles, spécialisées, instituées en vue d’une fin déterminée et ne demandant à leurs membres que la part d’activité exigée par cette fin, remplacent les associations totales et absorbantes166. […] De même, dans une société très civilisée, les associations deviennent de plus en plus nombreuses, mais chacune tend à préciser sa fin et à n’exiger que les portions des activités individuelles qui sont directement intéressées à cette fin même. […] L’office des grands groupements intersociaux, quelles que soient d’ailleurs leur origine et leurs fins, les intérêts ou les sentiments qu’ils servent, est d’élargir ainsi les idées sociales. […] C’est qu’elles mêlaient dans une même troupe, orientée vers une même fin, seigneurs, bourgeois, manants, hommes de toutes les situations et de toutes les provinces.

39. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

(Fin.) […] Regnault, à partir de ce jour, devint la plume et l’orateur du Conseil d’État sous la fin du Consulat et durant l’Empire. […] Il y administra depuis la fin de 1806 jusqu’en juillet 1808. […] À la fin de 1813, envoyé à Strasbourg comme commissaire impérial, il y resta pendant tout le blocus. […] [NdA] Voir à la fin de ce volume l’Appendice où je cite une curieuse scène inédite de Roederer

40. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

C’étaient déjà ou des réflexions fines sur le cœur humain, ou des tours d’expression ingénieux, mais le plus souvent des réflexions. […] C’était un homme d’assez d’esprit, d’une littérature facile et assez ornée, mais qui, vers la fin, s’était jeté dans une dévotion méticuleuse. […] Ici l’idée de religion s’agrandit ; elle n’est plus un simple sentiment décent, mais la plus haute des convenances humaines, la fin et le terme des devoirs. […] Avec ses égaux on se néglige ; l’esprit s’assoupit. » Voilà une remarque fine et juste. […] Dès ce premier écrit adressé à son fils, on distingue aisément en elle et on lui reconnaît des qualités mâles, fières et fines, une manière de voir qui suppose beaucoup de discernement et d’analyse, et une manière de dire qui sort toujours du commun.

41. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Les quatre moments religieux au XIXe siècle (suite et fin.) […] La lutte notamment entre l’Université et les établissements d’éducation ecclésiastique était flagrante dès la fin de l’Empire, et M.  […] Tous les moyens paraissaient bons en vue de la fin. […] Tout cela se retrouve ou devrait se retrouver en nous, vers la fin de la vie, avec un rafraîchissement et un ravivement de souvenirs mêlés d’une secrète tendresse. […] On trouvera à la fin du volume, dans l’Appendice, quelques détails plus particuliers sur mes anciens rapports avec l’abbé Lacordaire.

42. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Germond de Lavigne, s’est avisé (car toute cause trouve à la fin son avocat) de prendre en main la défense du continuateur anonyme de Don Quichotte, de celui qui avait essayé, dans l’intervalle des deux parties, de supplanter Cervantes et de se substituer en son lieu et place dans la faveur du public. […] Et d’abord il n’y a nul doute qu’il devait se rencontrer dans Don Quichotte quantité d’allusions satiriques et fines que les contemporains saisissaient au passage et qui nous échappent aujourd’hui. […] L’analogie entre ces deux puissantes créations est des plus frappantes, et on ne peut pas admettre que Goethe, depuis le commencement jusqu’à la fin, ait côtoyé Cervantes à son insu. […] Je ne sais si je vais par trop le dégrader, mais, lui-même, il n’était qu’un homme du plus aimable génie, de la plus fertile imagination et de la plus belle humeur, dont les heureuses qualités ont jailli jusqu’à la fin, comme par un miracle de nature, du sein de la pauvreté extrême et de l’infortune. […] J’ai beau y revenir après eux, le relire et l’ouvrir vingt fois au hasard, il m’est impossible de trouver en Cervantes rien de l’amertume d’Alceste dans Molière, rien encore moins (cela va sans dire) de l’ironie de Voltaire dans Candide, ni même de cette ironie fine et diffuse de Le Sage, car l’auteur de Turcaret perce parfois dans Gil Blas.

43. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

(suite et fin.) […] A la fin d’une lettre datée du mercredi soir, 6 mai, M.  […] Ce qu’il y a de bien certain, c’est que si chez celui-ci, vers la fin, le poëte était tout à fait fondu dans le chrétien, il se retrouvait tout entier, toujours armé et sur le qui-vive, toujours irritable en Despréaux. […] Il aime fort l’Écriture, et surtout les Psaumes. » Boileau resta donc davantage lui-même jusqu’à la fin ; il était une nature plus fixe que Racine. […] Quand on a lu le Lutrin ou Athalie, l’esprit s’est récréé ou s’est élevé, on a goûté un noble ou un fin plaisir ; mais tout est dit, c’est parfait, c’est fini, c’est définitif ; et après… Il n’y a pas là de canevas ; cela paraît bien court.

44. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

(Suite et fin.) […] Il porta son malheur jusqu’à la fin avec un mélange de dignité, de fierté même, de philosophie et de tristesse, de tristesse au fond, de distraction et de facilité à la surface, et toujours avec honneur. […] Avant la fin de la soirée, le duc de Reichstadt s’approcha une seconde fois du maréchal, et, très prudent et circonspect de caractère comme il était, il lui dit qu’il serait bon peut-être, avant de commencer, d’en dire un mot à M. de Metternich. […] Il lui raconta dans les moindres circonstances ces aventures premières, ces premiers jeux et triomphes de l’habileté et de la fortune ; il mena cet ordre de récits, sans discontinuer, jusqu’à la fin de la première campagne d’Italie. […] Ces contrastes se voient souvent dans les organisations vouées à une fin précoce.

45. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Chapitre VII La littérature française et les étrangers Fin des influences italienne et espagnole. La littérature française et l’Angleterre à la fin du xviie  siècle. — 1. […] La Renaissance des lettres s’était faite en France sous l’influence immédiate de l’Italie, et, après l’effort tenté par Ronsard pour reproduire la beauté des modèles antiques, la poésie était, à la fin du siècle, retournée insensiblement à l’imitation des Italiens. […] Sans doute, à la fin du siècle, les œuvres des Allemands commencent à pénétrer chez nous : on adapte, on traduit leurs drames, on s’enthousiasme pour le Werther de Gœthe589, pour les idylles de Gessner. […] Il est érudit, liseur, penseur, paradoxal avec délices, prophète tour à tour lucide et saugrenu : esprit fin, plaisant, bouffon, ayant gardé dans son style un peu de cet accent napolitain, de cette gesticulation effrénée, qui rendaient sa conversation si amusante.

46. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Un tact très fin, et pour lequel l’esprit ne suffit pas, a pu seul lui indiquer cette mesure. […] Il consiste presque toujours dans des allusions fines, ou à des traits d’histoire connus, ou à des préjugés d’état et de rang, ou aux mœurs publiques, ou au caractère de la nation, ou à des faiblesses secrètes de l’homme, à des misères qu’on se déguise, à des prétentions qu’on ne s’avoue pas ; il indique d’un mot toute la logique d’une passion ; il met une vertu en contraste avec une faiblesse qui quelquefois paraît y toucher, mais qu’il en détache ; il joint presque toujours à un éloge fin une critique déliée ; il a l’air de contredire une vérité, et il l’établit en paraissant la combattre ; il fait voir ou qu’une chose dont on s’étonne était commune, ou qu’une dont on ne s’étonne pas était rare ; il crée des ressemblances qu’on n’avait point vues ; il saisit des différences qui avaient échappé ; enfin, presque tout son art est de surprendre, et il réussit presque toujours. […] Pour les âmes passionnées, il n’existe dans la nature que de grandes masses ; tout ce qui est fin disparaît ; mais lui, toujours tranquille, et à la distance qu’il fallait de tout, avait le loisir d’observer les nuances, et de les peindre. […] On se tromperait pourtant, si on croyait qu’il n’y a dans les éloges de Fontenelle que ces beautés fines et délicates. […] Ce mélange d’imagination et de philosophie, de sensibilité et de force, ces expressions, tantôt si énergiques et tantôt si simples, ces invocations si passionnées, ce désordre, ces élans, et ensuite ces silences, et, pour ainsi dire, ces repos ; enfin cette conversation avec son lecteur, quelquefois si douce, et d’autrefois si impétueuse, tout cela s’empare de l’imagination d’une manière puissante, et laisse l’âme à la fin dans une émotion vive et profonde.

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