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202. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

À travers leurs figures classiques, j’ai fait entrevoir le jeu des phénomènes atmosphériques ou solaires qui les ont créés à l’horizon lointain de la haute Asie. […] Minerve, dépouillée des vertus guerrières et des grands traits héroïques qui caractérisent Pallas-Athéné, reparaît à Rome sous la figure pédantesque d’une déesse scolaire.

203. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Doyen » pp. 244-247

Après ce vide la première figure qu’on aperçoit sur la gauche, vers un des angles du tombeau d’Hector, est belle, très belle. […] C’est une figure à garder pour la procession du Suisse de la rue aux Ours.

204. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Appliqué aux figures, ce profond respect du vrai amène des conséquences bien plus graves encore. […] Ce petit paysan est la meilleure figure du tableau. […] Cela ne signifie nullement que toute figure belle ou laide soit le but de l’art. […] À côté de Valentin viennent d’autres figures, et comme M.  […] On ne peut pas plus oublier les figures qui passent dans les contes de M. 

205. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

C’est une figure magique, sans vie, une idole. […] S’il crée l’intéressante figure de Marguerite, il se gardera pourtant de nous la montrer sous une forme trop angélique. […] Chacun sait de reste que dans la poésie fantastique toutes ces figures sont de libres allégories. […] Sa figure était celle d’un grand homme conduisant un grand triomphe… oui… le triomphe du czar du Nord, vainqueur de jeunes enfants ! […] Béranger avait la figure très rustique, mais son œil était d’un oiseau, tour à tour puissant et léger.

206. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Sous le couvert des doctrines générales dont ils sont épris, outrageusement pour la réalité des détails et les humbles notions de l’évidence, ils vont fabriquant un masque grandiose à des figures avant tout hideuses, à des monstruosités individuelles. […] A voir la fatale et croissante préoccupation qu’inspirent aux survenants ces figures gigantesques, trop souvent salies de boue ou livides de sang en même temps qu’éclairées du tonnerre, à voir la logique intrépide des doctrines qui s’y rattachent et qui servent tout aussitôt d’occasion ou de prétexte à des craintes et à des répressions contraires, on peut juger que le mal, les moyens violents, iniques, inhumains, même en supposant qu’ils aient durant le moment de crise une apparence d’utilité immédiate, laissent ensuite, ne fût-ce que sur les imaginations frappées des neveux, de longues traces funestes, contagieuses, soit en des imitations théoriques exagérées, soit en des craintes étroites et pusillanimes. A mesure donc que le tumulte des souvenirs, qui redouble pour d’autres, s’éclaircit pour moi et s’apaise, je me replie de plus en plus vers ces figures nobles, humaines, d’une belle proportion morale, qui s’arrêtèrent toutes ensemble, dans un instinct sublime et avec un cri miséricordieux, au bord du fleuve de sang, et qui, par leurs erreurs, par leurs illusions sincères, par ces tendresses mêmes de la jeunesse que leurs farouches ennemis leur imputaient à corruption et qui ne sont que des faiblesses d’honnêtes gens, enfin aussi par le petit nombre de vérités immortelles qu’ils confessèrent, intéressent tout ce qui porte un cœur et attachent naturellement la pensée qui s’élève sans sophisme à la recherche du bonheur des hommes. […] Cicéron et Sénèque consolaient davantage par des lieux communs, par des considérations lointaines et médiocrement touchantes ; Marc-Aurèle eût été plus stoïque et serait moins entré dans une douleur : mais je me figure que le gendre d’Agricola, s’il avait eu à entretenir un ami sur la mort d’un père, l’aurait abordé ainsi dans des termes a la fois mâles et compatissants, sobrement appropriés à une réalité grave, Pour qui lirait superficiellement toute cette Correspondance, il pourrait se faire qu’un des traits les plus intéressants à y saisir échappât. […] On ne la voit pas prendre feu par la tête, à quinze ans, pour un M. de Guibert, et M. de Boismorel, dont le rôle près d’elle semble analogue, ne fut qu’une figure très-régulière et très-calme à ses yeux.

207. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Quelque singulier bonheur neuf et barbare l’asseoit à considérer, se mouvant d’après toute la subtilité savante de l’orchestration, la figure solennelle d’idées qui ont présidé à sa genèse. […] pas de fixes, ni de séculaires et de notoires, mais un être dégagé de personnalité, car il figure notre aspect multiple : que, de prestiges correspondant au fonctionnement de l’existence nationale, évoque l’Art, pour le mirer en tous. […] Alors y aboutissent, dans quelque éclair suprême, d’où s’éveille la Figure que Nul n’est, chaque attitude mimique prise par elle à un rythme inclus dans la symphonie, et le délivrant ! […] Et tous ces menus détails, le palais, le lac, la grande salle d’hôtel remplie de figures étrangères et résonnante d’une langue que je comprenais mal, tout cela se perd dans le rayonnement de la représentation dont les moindres détails sont demeurés gravés en moi. […] Longtemps, avec, d’abord, un profond saisissement, ensuite avec une mélancolie presque accablante, elle considère la figure de Siegfried.

208. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il avait, à ses débuts, la figure la plus charmante, « enfant de l’Amour, beau comme lui, plein de feu, de gaieté, impétueux et malin, studieux et espiègle ». […] Chamfort fut ainsi précepteur dans deux maisons ; mais bientôt sa jolie figure et son peu de timidité lui valaient des succès qui dérangeaient le bon ordre domestique. […] Cette modestie si difficile à observer me rappelle un mot de Diderot, parlant, en 1767, d’un « jeune poète appelé Chamfort, d’une figure très aimable, avec assez de talent, les plus belles apparences de modestie, et la suffisance la mieux conditionnée. […] Ne sachant pas conduire ses passions, il s’y était livré, en se flattant de les étouffer : « J’ai détruit mes passions à peu près comme un homme violent tue son cheval, ne pouvant le gouverner. » On nous dit de cette figure, d’abord si charmante, que le plaisir l’altéra étrangement et que l’humeur finit par la rendre hideuse. […] Ce portrait de Chamfort par Chateaubriand est admirable de touche et de vie, et je ne sais vraiment pourquoi l’illustre auteur l’a rétracté et désavoué depuis : Chamfort, disait-il, était d’une taille au-dessus de la médiocre, un peu courbé, d’une figure pâle, d’un teint maladif.

209. (1925) Proses datées

Son œuvre énorme est en toutes les mains sa figure en pleine lumière. […] Des guirlandes s’esquissent vaguement, et des figures effacées se devinent. […] Sa figure est attachante par plus d’un trait et l’on comprend qu’elle ait tenté les biographes. […] J’aime cette figure fraîche et nette, aux yeux francs, sous la poudre de la perruque courte. […] C’est le seul dont la figure me soit connue par la miniature dont j’ai parlé.

210. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Figure l’article des figures de diction qui regardent le matériel du mot. […] Figure  : il n’y cite l’hellénisme, que comme un exemple de la figure qu’il appelle imitation. […] R. traité des figures de constr. ch. vj. de l’hyperbate. […] C’est la figure que l’on nomme communément hyperbate. […] Si l’usage autorise une locution contraire aux lois générales de la Syntaxe, c’est alors une figure que l’on nomme ordinairement figure de construction, mais que j’aimerois mieux que l’on désignât par la dénomination plus générale de figure de Syntaxe, en réservant le nom de figure de construction aux seules locutions qui s’écartent des regles de la construction proprement dite.

211. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Il est ainsi disposé à voir partout des échos, des figures, des emblèmes ; c’est un penchant naturellement superstitieux et qui le mènera à ses crédulités futures48. […] Qu’on se figure le jeune Saint-Martin, âgé de vingt-trois ans, à cette date où il devint l’innocente proie d’une doctrine secrète. […] Les jambes étaient débiles, la tête paraissait un peu trop grosse pour le corps ; mais il avait une figure charmante, et des yeux dont une femme lui disait qu’ils étaient « doublés d’âme ». Tout annonçait en lui la chasteté et la pudeur : Dans mon enfance et dans ma jeunesse, dit-il, j’ai eu une figure et des yeux assez remarquables pour m’avoir attiré des regards et même des éloges embarrasants pour moi qui étais timide, notamment à Nantes, de la part de Mmes de La Musanchère et de Menou ; et cela en pleine table ; et quelquefois dans les rues de la part des passants. […] Ce n’était pas, comme l’avait été Vauvenargues, un jeune stoïque croyant fermement aux vérités morales et se fondant sur les points élevés de la conscience pour fuir le mal et pour pratiquer le bien, ce n’était point une âme héroïque condamnée par le sort à la souffrance et à la gêne de l’inaction : c’était une âme tendre, timide, ardente, pleine de désirs pieux et fervents, inhabile au monde et à ces scènes changeantes où elle ne voyait que des échelons et des figures, avide de se fondre dans l’esprit divin qui remplit tout, de frayer sans cesse avec Dieu, de le faire passer et parler en soi, une âme née pour être de la famille des chastes et des saints, de l’ordre des pieux acolytes, et à qui il ne manquait que son grand-prêtre.

212. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Je n’ai à suivre cette querelle des anciens et des modernes qu’en tant que l’abbé de Pons y intervient et y figure. — Il eut affaire avec Gacon. […] Je déclare donc ici que tout homme qui voudra m’offenser n’y réussira pas en attaquant ma figure ; il y a longtemps que je l’ai abandonnée à son mauvais sort ; il y a longtemps que ses querelles ne sont plus les miennes : mais comme je ne connais point M. l’abbé Couture, que je n’ai pu par conséquent lui faire cette déclaration, il n’a pas dû croire qu’il fût de mon goût que cette liberté devînt le droit de Gacon même. […] — Ils auraient imaginé des figures variées : voilà nos lettres ; ils auraient différemment combiné ces figures entre elles : voilà nos mots ». […] Cette phrase ne figure pas dans la 1re édition.

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