Sa femme Sankatsou est obligée de se faire chanteuse de la rue, à jouer du kokiû, espèce de violon-guitare, sur les places publiques, et ils tombent dans une telle misère, lui, sa femme et sa fille, la femme de lettres future, déjà grandelette, que le malheureux est au moment de se suicider, quand l’inspiration lui arrive de fabriquer des chignons pour femmes, — les Japonaises portant de faux cheveux tout comme les Européennes, — et nous voyons le ménage installé dans une boutique où commence pour ces pauvres gens la bonne fortune. […] Désespérée, la mère se rend sur la route pour savoir quelle est cette mariée et la voit arriver en norimon, mais elle est tellement troublée que, voulant la saluer, elle fait un faux pas, la couvre de boue et se sauve sans la connaître. […] Signé : Hokousaï, — bien certainement une signature fausse sur un dessin vrai, mais du temps où Hokousaï signe Manji.
Chaucer décrit une troupe de pèlerins, gens de toute condition qui vont à Cantorbéry, un chevalier, un homme de loi, un clerc d’Oxford, un médecin, un meunier, une abbesse, un moine, qui conviennent de dire chacun une histoire. « Car il n’eût été ni gai ni réconfortant de chevaucher, muets comme des pierres184. » Ils content donc ; sur ce fil léger et flexible, tous les joyaux, faux ou vrais, de l’imagination féodale viennent poser bout à bout leurs bigarrures et faire un collier : tour à tour de nobles récits chevaleresques, le miracle d’un enfant égorgé par des juifs, les épreuves de la patiente Griselidis, Canace et les merveilleuses inventions de la fantaisie orientale, des fabliaux graveleux sur le mariage et sur les, moines, des contes allégoriques ou moraux, la fable du Coq et de la Poule, l’énumération des grands infortunés : Lucifer, Adam, Samson, Nabuchodonosor, Zénobie, Crésus, Ugolin, Pierre d’Espagne.
Le roman historique est un mensonge, et le plus dangereux de tous, puisque l’histoire ici ne sert que de faux témoin à l’invention ; c’est mentir avec vraisemblance, c’est tromper avec autorité.
Le bruit d’une téléga se fait entendre ; c’est un paysan qui vient au pas, et il choisit d’avance pour son cheval un endroit ombragé… Vous échangez le bonjour avec lui, et à peine l’avez-vous dépassé que le son métallique de la faux qu’il aiguise frappe vos oreilles.
Ses doigts sautaient d’un bout du clavecin à l’autre, il marquait la mesure du pied, et, de temps en temps, regardait la petite dans le miroir en face, en se pinçant les lèvres comme il arrive lorsqu’on a peur de faire de fausses notes.
La vaine déclamation qu’il y mêle, par fausse chaleur on par flatterie, n’empêche pas de sentir ce que ce portrait a, pour l’époque, de vrai et de vivant.
Nous ne changeons pas de personnalité, comme de vêtement, parce qu’en rêvant nous nous croyons successivement ou même simultanément César et Napoléon, mais il y a dans notre conscience une fausse classification de nos souvenirs, mal ramenés à l’unité.
Au contraire ce sont les « savants » qui ont proclamé « la sainteté de la guerre » avec leur fausse interprétation de la concurrence vitale, et si quelqu’un en a fait, de nos jours mêmes, l’école de toutes les vertus, c’était encore une autre espèce de savant, puisque c’est le maréchal de Moltke.
De ces deux erreurs, la première est très fréquente, et ce qui, en pareil cas, séduit l’esprit à juger à faux, c’est évidemment la perturbation des lois que nous venons d’établir.
Cette erreur se fortifie en route, comme nous verrons, des arguments qu’elle emprunte à une fausse conception du rôle de l’espace et de la nature de l’étendue.
Le spirituel avocat aurait ainsi fait le portrait de Trochu : « Il est honnête et faux ! […] L’un d’eux, déblatérant contre ces fausses anticailles, émet l’idée que l’argent consacré à ces achats stupides, est détourné d’une destination utilitaire et profitable au peuple, et conclut à la vente de ces bibelots au profit de la nation.