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1087. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Du moins se montre-t-il çà et là très content de la façon dont on la donne. […] Zola, retenu dans le second empire, est une façon de Walter Scott. […] Le monde se réfléchit en eux d’une autre façon qu’en nous. […] mais ils en rappellent quelque peu le ton grave et la façon didactique. […] Sa façon était bonne, mais il se trompait en croyant qu’elle était la seule bonne.

1088. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Il ne pouvait trouver une fable qui exprimât d’une façon plus ingénieuse et plus claire l’idée de la tolérance en matière religieuse. […] Car Champfleury était à sa façon un homme d’esprit. […] Ce terrible homme m’a beaucoup fâché, pour ma part, et de diverses façons. […] Je m’accuserai d’une façon plus générale de n’avoir point assez marqué à M.  […] Il l’a fait d’une façon beaucoup plus explicite que ne pouvait le faire aucun peintre.

1089. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Un mousquetaire entra brusquement dans la loge et se mit à causer sans façon avec la dame. […] C’est la façon moderne de prêcher la morale. […] Ces façons de dire font penser à une quantité de choses aristocratiques et par conséquent défuntes. […] Jusqu’à nouvel ordre, c’est encore la plus honnête façon, et la plus commode, d’être l’un à l’autre. […] Il y a une politesse du style, que Mignet possédait d’une façon singulière, et dont M. 

1090. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

On voulait jouir, et jouir d’une façon nouvelle ; car un nouveau monde, celui des courtisans et des oisifs, s’était formé. […] Des entremetteurs et des dévergondées, des courtisans spadassins ou bourreaux qui vont voir éventrer Harrison ou qui mutilent Coventry, des filles d’honneur qui accouchent au bal, ou vendent aux planteurs les condamnés qu’on leur livre, un palais plein de chiens qui aboient et de joueurs qui crient, un roi qui en public lutte de gros mots avec ses maîtresses en chemise719, voilà cet illustre monde ; ils n’ont pris des façons françaises que le costume, et des sentiments nobles que les grands mots. […] D’autre part, quand Shakspeare veut, non plus éveiller un songe, mais imprimer une croyance, il nous dispose encore et par avance, mais d’une autre façon. […] À côté de lui, un autre aussi l’a senti, un jeune homme, un pauvre aventurier, qui tour à tour étudiant, acteur, officier, toujours désordonné et toujours pauvre, vécut follement et tristement dans les excès et la misère, à la façon des vieux tragiques, avec leur inspiration, avec leurs fougues, et qui mourut à trente-quatre ans, selon les uns d’une fièvre causée par la fatigue, selon les autres d’un jeûne prolongé au bout duquel il avala trop vite un morceau de pain donné par charité. […] D’ailleurs Dryden y réussit mal : son fonds d’esprit est trop solide ; son naturel est trop sérieux, même réservé, taciturne. « Son ton libre, dit très-bien Walter Scott, ressemble à l’impudence forcée d’un homme timide. » Il voulait avoir les belles façons d’un Sedley, d’un Rochester, se faisait pétulant par calcul, et s’asseyait carrément dans l’ordure où les autres ne faisaient que gambader.

1091. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Oh, ce temple à Thiers, sur le modèle du logis de l’éléphant au Jardin des Plantes, pour cet homme si petit de toute façon, est-ce assez ridiculement énorme ! […] Malheureusement, je crois déjà l’avoir dit, je ne peux pas formuler quelque chose, sans que mon écriture soit une façon de dessin, d’où sort mon talent d’écrivain. […] Et Drumont dit cela, en se donnant des coups de doigts révoltés, dans sa noire crinière, où une mèche se déroule, tortillée sur son front à la façon d’une mèche de Gorgone, tandis que ses yeux de scribe moyenageux, encastrés dans leurs minces lunettes, sont abaissés sur les fleurs de son assiette. […] Des Charlemont qui font de la peinture historique, jolie à la façon de la peinture historique, qui se commande sur les vases de Sèvres. […] Mais ce que je trouve de tout à fait remarquable dans l’ordre de l’imagination théâtrale, c’est la trouvaille de la façon dont le poison vient naturellement dans la poche de Paul Astier, et comme l’auteur fait d’une manière, pour ainsi dire explicable, de ce flacon presque un agent provocateur.

1092. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

La seule question que nous puissions résoudre par nous-même est la question littéraire envisagée d’une façon générale, c’est-à-dire abstraction faite des détails philologiques. […] Bulwer, serait tenté de les prendre pour des hommes supérieurs, et cependant, dès qu’ils ouvrent la bouche, leur nullité se révèle d’une façon irrécusable. […] La conversation vulgaire de Grammont et de Lauzun prépare, d’une façon insuffisante, la scène entre le roi et mademoiselle de La Vallière. […] Le second titre : Amour et Orgueil, résume d’une façon vulgaire, mais assez nettement, les ressorts que M.  […] Pour bien comprendre toutes les difficultés que présente un pareil sujet, il faut le réduire aux termes les plus simples, et l’exprimer d’une façon assez claire pour ne laisser aucun doute dans l’esprit du lecteur.

1093. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Si j’y ai ajouté quoi que ce soit de ma façon, ce sont les fautes qui ont échappé à mon attention. […] Il agitait aussi quelquefois la tête d’une façon étrange, et sa respiration était précipitée. […] Oui, les Russes meurent d’une façon vraiment étrange. […] Ses modulations étaient très-hardies, et quelquefois il changeait de ton d’une façon très-originale ; un connaisseur l’aurait écouté avec plaisir, et un Allemand l’aurait trouvé insupportable.

1094. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

… Puisqu’il en est ainsi, pensa Kobus, tâchons au moins de profiter de notre souffle, pendant qu’il nous est permis de souffler. » Or, durant quinze ans, Fritz Kobus suivit exactement la règle qu’il s’était tracée d’avance ; sa vieille servante Katel, la meilleure cuisinière de Hunebourg, lui servit toujours les morceaux qu’il aimait le plus, apprêtés de la façon qu’il voulait ; il eut toujours la meilleure choucroute, le meilleur jambon, les meilleures andouilles, et le meilleur vin du pays ; il prit régulièrement ses cinq chopes de bockbier à la brasserie du Grand-Cerf ; il lut régulièrement le même journal à la même heure ; il fit régulièrement ses parties de youker et de rams, tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre. […] Le grand Frédéric Schoûltz, ancien secrétaire du père Kobus, et ancien sergent de la landwehr, en 1814, avec sa grande redingote bleue, sa perruque ficelée en queue de rat, ses longs bras et ses longues jambes, son dos plat et son nez pointu, se démenait d’une façon étrange, pour raconter comment il était réchappé de la campagne de France, dans certain village d’Alsace, où il avait fait le mort pendant que deux paysans lui retiraient ses bottes. […] Ce n’est pas cela, Kobus, ce n’est pas ainsi qu’on raisonne. » En parlant, le vieux rebbe faisait des gestes si comiques, il imitait la façon de rire de Kobus avec des grimaces si grotesques, que toute la salle ne put y tenir, et que Fritz lui-même dut se serrer l’estomac pour ne pas éclater. […] Si ton père boulanger avait raisonné comme toi, s’il avait voulu se débarrasser de tous les tracas et mener une vie inutile aux autres, et si le père Zacharias Kobus avait eu la même façon de voir, vous ne seriez pas là, le nez rouge et le ventre à table, à vous goberger aux dépens de leur travail.

1095. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Cet eunuque fut disgracié, sans néanmoins qu’on touchât à ses biens en aucune façon. […] Vis-à-vis du grand portail, il y avait deux carrosses à l’indienne, fort jolis, attelés de bœufs, à la façon de ce pays-là, dont les cochers, aussi Indiens, étaient vêtus à la mode de leur pays. […] Il y a dans ces grands plats du pilo de cinq ou six sortes, au chapon, à l’agneau, aux poulets, aux œufs farcis avec de la viande, aux herbes, au poisson salé, et, par-dessus, du rôti de plusieurs façons en quantité. […] Cela est vrai, la chose passerait pour une espèce d’infamie ; et de plus, ils disent qu’en voyant les habits d’une dame, on peut juger dessus de sa taille et de sa façon, et faire avec cela des sortiléges sur sa personne.

1096. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ce jour-là donc, qui était le cinquième de l’assassinat du premier ministre, le roi, vêtu tout de rouge, selon la manière du pays, qui fait que le roi s’habille de cette façon lorsqu’il doit faire mourir quelque grand seigneur ; le roi, dis-je, se rendit le matin à la salle où tous les grands seigneurs étaient assis à l’ordinaire, et s’adressant à Janikan, Sa Majesté lui dit: « Perfide, rebelle, de quelle autorité avez-vous tué mon vizir ?  […] Tous les chrétiens furent donc mis hors de la ville, à la réserve des missionnaires et des gens des Compagnies d’Europe, qui étant, en quelque façon, personnes publiques, sont sous la protection immédiate du roi. […] Ce n’est pas ici le lieu d’expliquer ceci plus au long, non plus que quelques façons de parler persiennes, que nous avons exprimées en leur naturel, dans la croyance que nous avons eue que les savants y prendraient plaisir. […] Cela arriva néanmoins d’une façon que l’on peut appeler miraculeuse, tant pour les circonstances que nous avons déjà observées, que pour celles que nous allons marquer, et qui font dire qu’il y a une puissance supérieure qui se mêle souverainement dans les affaires humaines, qui se rend maîtresse des événements, et qui fait réussir les choses bien souvent contre notre attente, comme il arriva ici, où Sefie fut élu malgré le complot des personnes intéressées, et les dispositions favorables qu’ils avaient données à leur entreprise.

1097. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Ce sont là des éléments communs à toutes les langues ; elles s’en servent de mille façons différentes ; chacune a ses lois et ses usages particuliers, son alphabet, son vocabulaire et sa syntaxe. […] L’individualité de chaque voix humaine, constituée principalement par le timbre, est complétée par d’autres éléments : une certaine intensité habituelle, — des intonations préférées, — une certaine façon de prononcer certaines voyelles ou consonnes, — enfin des mots et des tournures favorites. […] La parole intérieure n’est l’objet d’aucun de ces deux jugements, parce qu’elle ne se présente pas avec les caractères intrinsèques ou les associations qui les motivent156 : 1° Aucune étendue, aucune position ne fait partie de son essence, et elle n’est associée ni à des sensations locales par elles-mêmes, ni à des images de telles sensations : nous avons prouvé [§ 6] que, la plupart du temps l’image du tactum buccal ne l’accompagne pas. — Sans doute nous avons reconnu [§ 6] que la parole intérieure est localisée d’une façon vague et indéterminée dans la tête, avec l’ensemble des autres états que le moi ne se refuse pas, et au même titre qu’eux ; et nous avons ajouté que son association avec les tacta buccaux, quelque évanouis que ceux-ci soient d’ordinaire, est peut-être la raison secrète de la localisation générale de cette série des états intérieurs dont elle est un élément perpétuel et important. […] L’antithèse de ces deux jugements est celle de l’espace et de la durée : la perception externe enveloppe toujours d’une façon ou d’une autre l’affirmation de l’étendue ; de même, la reconnaissance est l’affirmation du temps ; — non pas du temps, dira-t-on, mais du passé seulement ; — du passé, en effet, c’est-à-dire du temps, du temps réel, car le présent est un point indivisible, un néant de durée, qui ne peut contenir aucun événement ; l’avenir n’est qu’une hypothèse, un simple possible auquel nous croyons ; ce n’est pas une réalité dont nous ne puissions douter.

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