Berkeley j’eusse tenté moi-même quelques expériences, on ne savait pas même combien de temps des graines pouvaient résister à l’action nuisible de l’eau de mer. […] De sorte que 1/1000000, 1/100000000 ou 1/1000000000 des graines que je soumis à l’expérience germèrent après une immersion de 28 jours, et parmi les plantes portant des fruits mûrs que je pris soin de faire sécher, mais qui n’appartenaient pas toutes aux mêmes espèces que dans l’expérience précédente, 1/229 flottèrent pendant plus de 28 jours. […] Depuis mes expériences, M. […] Mais je ne doute pas que des plantes exposées aux vagues ne flottent moins longtemps que lorsqu’elles sont protégées contre tout mouvement violent, comme dans ces expériences. […] Certains Faucons et certains Hiboux avalent leur proie entière, et après douze à vingt heures ils dégorgent de petites pelotes renfermant des graines qui se sont trouvées propres à la germination, d’après les expériences faites au Jardin Zoologique de Londres.
Ce qu’il a avancé sur l’excellence du Gouvernement féodal, prouve qu’il est des Auteurs capables de fermer les yeux au flambeau de la raison & à celui de l’expérience.
Effrayé de la sentence, il prit aussi-tôt le parti de se soustraire à l’expérience de ces Messieurs, & leur dit avec indignation : Vilem animam appellatis pro quâ Christus mortuus est ?
Je sais par expérience que ces sortes de comparaisons avancent infiniment dans la connaissance de l’art.
Nous avions constaté depuis longtemps, par expérience, l’urgente nécessité d’avertissements de cette espèce. […] Il est dans la condition d’un chimiste qui connaîtrait une série d’expériences seulement par les rapports de son garçon de laboratoire. […] La méthode convenable pour la purification et la restitution des textes a été dégagée des expériences accumulées par plusieurs générations d’érudits. […] La réponse est donnée par l’expérience. […] L’image historique finit ainsi par être une combinaison de traits empruntés à des expériences différentes.
Des expériences récentes nous les montrent variant dans n’importe quel sens quand arrive la période de « mutation » ; au lieu que l’animal a dû évoluer, croyons-nous, dans des sens beaucoup plus définis. […] Sans doute, il y a intelligence partout où il y a inférence ; mais l’inférence, qui consiste en un fléchissement de l’expérience passée dans le sens de l’expérience présente, est déjà un commencement d’invention. […] Ainsi pour les cadres, antérieurs à toute expérience, où notre expérience vient s’insérer. […] S’il y avait, dans toute notre expérience actuelle, un seul exemple indiscutable d’une transmission de ce genre, l’hérédité des caractères acquis ne serait contestée par personne. […] On verra que le problème de la connaissance, pris de ce biais, ne fait qu’un avec le problème métaphysique, et que l’un et l’autre relèvent alors de l’expérience.
À travers ces expériences, il constate que la débauche est une libération des plus hautes parties de son être, et que ses expériences de libertin exaltent en lui son culte pour cette créature idéale qu’il croirait profaner en osant la désirer. […] Autant dire qu’une œuvre littéraire suppose une expérience de la vie et une philosophie. […] Si notre société de prétendus civilisés n’est que cette misère, que cette veulerie, que cette bassesse, pourquoi ne pas tenter une autre expérience ? […] Il a considéré qu’elle n’était encore qu’une des expériences d’un dilettantisme dont il allait violemment sortir. […] Il faut qu’il ait été notre expérience.
Zola de vouloir bien nous indiquer quelque part une expérience psychologique plus personnelle. […] Zola veut qu’on appelle des expériences. […] Il n’est bruit, dans toute une province du monde savant, que des expériences d’un habile professeur ; M. […] Zola ne pèse pas la valeur des mots, car il n’appellerait pas l’idée d’une expérience à faire une « idée expérimentale » : si ces deux mots associés voulaient dire quelque chose, ils ne pourraient signifier qu’une idée induite, conclue, tirée de l’expérience ; quelque chose de postérieur à l’expérience, non pas d’antérieur ; une acquisition faite, et non pas une conquête à faire. […] Il instituait enfin, lui, de véritables expériences.
Mézeray, nous racontant la Saint-Barthélemy et le contrecoup de cette nuit sanglante dans les provinces, me fait l’effet d’un historien qui raconterait les massacres de Septembre après en avoir recueilli toutes les circonstances dans les auteurs originaux et de la bouche de quelques témoins survivants : un historien qui déroulerait aujourd’hui, comme il le fait, la longue traînée de forfaits qui s’alluma à ce signal dans les provinces, la bande de massacreurs en bonnets rouges à Bordeaux, les massacres des prisons à Rouen en dépit du gouverneur, « si bien qu’il y fut assommé, tué ou étranglé six ou sept cents personnes qu’ils appelaient par rôle les uns après les autres », les scènes de Lyon qui surpassèrent tout le reste en horreur, arquebusades, noyades dans le Rhône, le tout par le commandement de Pierre d’Auxerre, homme perdu de débauche, arrivé tout exprès de Paris, le Collot d’Herbois de ce temps-là ; — un historien qui écrirait, de nos jours, ces mêmes pages de Mézeray, paraîtrait avoir voulu faire des allusions aux personnages et aux événements de la Révolution française : et c’est en cela que le récit de Mézeray me paraît préférable à tous autres et d’un intérêt inappréciable, en ce que l’historien, encore à portée de ces temps, a résumé dans son propre courant tous les narrateurs originaux du xvie siècle, et qu’en nous rendant naïvement les faits et les impressions qu’ils excitent, il nous en fait sentir l’expérience toute vive, sans soupçon de complication ni de mélange. […] Ainsi, dans l’un des premiers pamphlets attribués à Mézeray29, je vois l’auteur parler de la France et des Français, et « de la longue durée de plus de treize siècles, et de l’expérience qui devrait être acquise par tant de guerres civiles et étrangères, et des périls de totale ruine si souvent encourus par le changement des races royales », tout comme nous ferions aujourd’hui. […] En ce temps-là aussi on se croyait arrivé au comble de l’expérience humaine et de l’histoire (il en est ainsi de chaque génération), et, si le monde tournait autrement qu’on n’avait compté, on s’écriait : « Eh !
On voudrait savoir, deviner ; c’est un curieux qui en éveille d’autres ; moraliste fin, piquant, satirique, on le cherche lui-même derrière ses descriptions ; exquis et délicat dans ses maximes, on voudrait saisir l’occasion où elles sont nées, et connaître la part de son cœur qui est entrée dans son expérience. […] Dix-huit années d’études, d’exercice continuel, de préparation laborieuse, voilà ce qu’il y a au fond de cette éloquence si forte et si pleine, et ce qui plus tard, l’expérience du monde s’y joignant, l’a composée et nourrie. […] Je faisais ces jours-ci une expérience : je lisais, et avec le plus de fruit que je pouvais, l’admirable sermon de Bourdaloue Sur la pensée de la mort, mais je le lisais haut et devant de jeunes amis.
Vous êtes plus heureux ; et, quoi que vous ayez la bonté de me dire, vous n’avez plus besoin des avis de mon expérience : votre cœur est là, et vous savez il y a longtemps quels sont les devoirs de l’honnête homme. […] « Mettre des faits dans la mémoire, c’est se donner de l’expérience, c’est rivaliser avec le temps. » Il lui explique Phèdre, Britannicus, et en quoi l’une ou l’autre de ces pièces est supérieure. […] « L’homme qui te parle ainsi, lui dit-il, n’a certes pas à se plaindre du public ; ce n’est pas un renard sans queue qui cherche à te dégoûter de celle que tu veux t’attacher au derrière pour faire courir les petits polissons après toi… Pardonne ces conseils à un vieil ami qui te parle avec expérience, et garde tes vers dans ton portefeuille.