C’est un jeu d’enfant ; et, si un philosophe recueilli a inventé l’écriture, si un oiseau inspiré a inventé la musique, si un opticien coloriste a inventé la peinture, nous pensons que la sculpture a été inventée par un enfant. II Plus tard, l’enfant ou l’homme, voulant donner plus de solidité et d’immortalité à l’image façonnée en argile par ses doigts, a pris un bloc de marbre ou a coulé un torrent de bronze liquide pour perpétuer sa pensée palpable, et l’ébauche est devenue un art divin, le plus monumental de tous les arts après l’architecture. […] Les débris du toit paternel de Saint-Lupicin vendus à l’encan, que tu n’oseras plus regarder inaperçu que de loin, pendant que la fumée de l’étranger, se levant au souffle d’hiver, te rappellera ce cher foyer où ta jeune mère réchauffait dans ses mains tes mains d’enfant glacées par la neige ! […] Il ne se réveillera complètement qu’en Grèce, chez les enfants d’une race privilégiée entre les races ariennes. […] Gropius joint, à l’érudition la plus consciencieuse et la plus approfondie de l’antiquité, ce caractère de naïve bonhomie et de grâce inoffensive qui est le type des vrais et dignes enfants de l’Allemagne savante.
« Timide et contraint devant son père, il ne rencontrait l’aise et le contentement qu’auprès de sa sœur Amélie. » La gêne et la lésine, les hôtes inévitables des familles nobles, chargées d’enfants, ruinées et humiliées par le luxe des parvenus bourgeois, aigrirent son caractère dès l’enfance. […] Malvina a fait un vœu, non de consacrer sa virginité à Marie comme l’Atala de René Chateaubriand, mais de dévouer sa vie à son enfant. […] Elle se consacra à Jésus, l’amant divin, le cœur ravagé par une passion criminelle : la mère d’Atala, alors qu’elle sentait remuer dans son sein l’enfant de Lopez, de l’Espagnol, de l’ennemi de sa race, épousa « le magnanime Sinaghan, tout semblable à un roi et honoré des peuples, comme un génie ». […] Des enfants ont hérité de cette folle terreur : le pauvre Taine a tremblé toute sa vie de la peur que son grand-père avait eue pendant la période révolutionnaire ; c’est ce qui explique la rage imbécile qui le fait déraisonner si lourdement contre la révolution : elle l’avait cependant émancipé. […] Raison, folie, chacun son mot : petit conte moral à la portée des vieux enfants, par P.
Il était l’aîné de cinq sœurs et de six frères, et lui-même aura dix enfants. […] Dès le premier instant qu’il eut à commander à d’autres, dès qu’il eut à porter enseigne, dit-il, il voulut savoir ce qui est du devoir de celui qui commande, et se faire sage par l’exemple des fautes d’autrui : « Premièrement j’appris à me chasser du jeu, du vin et de l’avarice, connaissant bien que tous capitaines qui seraient de cette complexion n’étaient pas pour parvenir à être grands hommes. » Il développe ces trois chefs, et particulièrement, et avec une verve singulière, les inconvénients de l’avarice en un capitaine : « Car si vous vous laissez dominer à l’avarice, vous n’aurez jamais auprès de vous soldat qui vaille, car tous les bons hommes vous fuiront, disant que vous aimez plus un écu qu’un vaillant homme… » Il ne veut pas qu’un homme de guerre, pareil à un citadin ménager, songe toujours à l’avenir et à ce qu’il deviendra en cas de malheur ; le guerrier est enfant de l’État et du prince, et il pose en maxime « qu’à un homme de bien et vaillant, jamais rien ne manque. » — Après ces trois vices qui sont à éviter à tout prix, car ils sont ennemis de l’honneur, il en touche plus rapidement un quatrième dans lequel, sans raffiner sur les sentiments, il conseille du moins toute modération et sobriété : C’est l’amour des femmes : ne vous y engagez pas, cela est du tout contraire à un bon cœur. […] Il ne la garda pas toujours ; il reparaît comme simple volontaire et parmi les enfants perdus, à la journée de Pavie, mais il avait pris son rang de capitaine.
Quand il fait dire à chaque portion souffrante de la société et de la famille, à l’enfant, à la jeune fille, à l’épouse indigente, à l’aïeule glacée, quand il leur fait dire tour à tour à chacun : Cherchez l’or, nous en avons besoin pour vivre, pour grandir, pour travailler même et avoir toutes nos vertus, pour vieillir et pour mourir, — il a touché les fibres de tous et il arrache des larmes. Ce passage éloquent et tout semé d’images poétiques a enlevé les suffrages du jury : qu’il enlève aussi les vôtres, messieurs ; car la pièce entière ne pouvant vous être lu, comme va l’être tout à l’heure la première, je demande au moins à vous en dire le plus bel endroit : Cherchez l’or, dit l’enfant qui souffre ; Au travail, joug prématuré, Je meurs ; — ni le beau ciel doré Ni le bel arbre vert ne viennent, à ce gouffre. […] — Apportez le bien-être ; De la grande famille acquittez la rançon ; Au joug des ateliers l’enfant ne doit plus naître, Et le beau lis éclos des larmes du gazon, La vierge, qu’au travail comme un bœuf ou attelle, La vierge, en fredonnant, doit tisser la dentelle, Et briller dans son charme au seuil de la maison.
Il nous représente bien, en effet, avec toutes leurs qualités et dans leur bel enthousiasme, ces jeunes hommes enfants de Révolution, sortis de la classe moyenne éclairée, ces volontaires de 92, patriotes, républicains francs et sincères, mais instruits, bien élevés ; non moins opposés à tout regret et retour royaliste qu’à tout excès terroriste et au genre sans-culotte ; ces Girondins aux armées et qui n’eurent point à y commettre de faute. […] De plus, il a cela de particulier d’être un pur produit de l’armée républicaine d’Italie, et celui de ses enfants peut-être qu’elle eût pu présenter le plus avantageusement comme parfait émule en regard et en contraste d’un enfant de l’armée du Rhin.
Et c’est cet homme, enchevêtré, il est vrai, par son éducation, par sa naissance, par ses alentours (son Journal en fait foi) et tous ses liens originels de famille, de paroisse, de cléricature, dans l’idée ecclésiastique la plus étroite, c’est cet homme religieux, d’ailleurs, et qui se croit charitable, qui a des pratiques vraiment chrétiennes, qui chaque fois qu’il lui naît un enfant, par exemple, le fait tenir sur les fonts baptismaux « par deux pauvres », c’est lui qui va devenir un persécuteur acharné, subtil, ingénieux, industrieux, impitoyable, de chrétiens plus honnêtes que lui, un tourmenteur du corps et des âmes, et le bourreau du Béarn. […] Le temple démoli, et privés de leurs ministres ordinaires, qui étaient relégués, par ordre, au moins à six lieues de là, les protestants de Montauban se voyaient obligés d’envoyer leurs enfants à quelque ville voisine pour y être baptisés, et souvent ces nouveau-nés mouraient en chemin. […] les enfants seront portés, d’urgence, à l’église catholique, pour y être baptisés.
Dans les Cornemuses par exemple, c’est un pauvre enfant italien qui va jouant de la piva ; il va de maison en maison, et personne ne l’écoute. […] Il fait jouer plus d’un air à l’enfant, et toute son Armorique lui repasse à l’horizon, jeune fille, Océan, blanche fée ; et, complétant sa pensée dans l’avenir, il ajoute : Un jour, si le corn-boud chante aux brouillards d’Arvor, Je dirai : Levez-vous devant moi, pays d’or ! […] Jacques est une belle idée : un pauvre homme du peuple, un maçon qu’on a vu le matin quitter sa femme et son enfant, tombe, ou plutôt se précipite du haut d’un toit, victime d’un dévouement héroïque.
Pendant qu’ils furent fermés et leur personnel dispersé, et plus tard avant que l’Université impériale eût solidement renoué la tradition, s’éleva librement la génération qui, vers 1820, commença d’écrire ; au reste, il était impossible de vivre au collège, comme autrefois, absorbé dans l’antiquité : et le présent disputait victorieusement au passé les âmes des enfants. […] Les enfants élevés entre 1804 et 1814, n’ayant pas senti les misères et n’ayant éprouvé que la fascination des victoires impériales, gardèrent sous la paix des Bourbons des exaltations, qui cherchèrent à se satisfaire par les passions lyriques et les aventures romanesques des livres718. […] Il y a un fond de vérité dans ce qu’ont dit Vigny (Servitude militaire, ch. 1) et Musset (Confessions d’un enfant du siècle).
Scaramouche dit à la reine que si elle voulait lui permettre de prendre l’enfant royal dans ses bras, il se flattait de le calmer. La reine l’ayant permis, il fit alors tant de grimaces et des figures si plaisantes, que non seulement l’enfant cessa de pleurer, mais encore qu’il fut pris d’une hilarité dont les résultats gâtèrent les habits de Scaramouche, ce qui redoubla les éclats de rire de la reine, et de toutes les dames et seigneurs qui étaient dans l’appartement. […] À l’époque où les Italiens offraient au public ces attrayants spectacles, une jeune troupe d’enfants de famille, la plupart Parisiens de naissance, s’étant associés pour jouer la comédie sous le titre de l’Illustre Théâtre, donnèrent, d’abord au Jeu de paume des Métayers, proche la tour de Nesle, puis au Jeu de paume de la Croix-Noire, sur le quai des Ormes, au port Saint-Paul, des représentations beaucoup moins fastueuses.
Il faudra donc rechercher quelles sortes de mouvements l’œuvre retrace : mouvements souples, ondoyants, rapides, comme ceux des torrents, des fauves, des enfants ; mouvements lents, solennels, majestueux, comme ceux d’un grand fleuve, d’un cortège d’apparat, d’une procession religieuse, etc. […] Il a pour les enfants une tendresse infinie, une tendresse de grand-père et presque de grand’mère. […] Qu’il s’agisse de contes de fées qui émerveillent les enfants ou d’histoires de revenants qui leur font si grand’peur, qu’il s’agisse d’hymnes religieuses essayant de percer le mystère de la tombe ou d’utopies sociales s’efforçant d’esquisser l’avenir de l’humanité, qu’il s’agisse de méditations métaphysiques sur l’origine et la fin des choses ou de poèmes paradisiaques et prophétiques, nous rencontrons là des qualités nouvelles, des élans d’imagination, des envolées dans le vaste champ du possible, voire même de l’impossible, dans le royaume des hypothèses et des chimères, en un mot de l’idéal.
Elle lui présentoit du tokai : Fanchon porte le dieu du vin Et l’enfant de Cythère, L’un dans ses yeux, l’autre en sa main, Pour nous faire la guerre. […] On ne peut s’empêcher de rire dans les sermons de celui-ci, sur l’enfant prodigue & sur la Magdelaine ; non plus que dans un panégyrique de la vierge d’un autre prédicateur, qui rapporte naïvement que Marie & son fils eurent des altercations au sujet du salut de l’ame d’un ecclésiastique libertin, quoique dêvot à la mère. […] Une abbesse, étant devenue grosse, au scandale de ses inférieures & de l’évêque, eut recours à Marie, qui chargea deux anges de prendre l’enfant, & de le cacher, de façon que, lorsqu’on voulut la convaincre de sa faute, elle passa pour une sainte calomniée.