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432. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Le lendemain, elle soignait encore son bras avec des compresses d’eau fraîche, et le soir, je constatai un gonflement et une rougeur très apparents13. » 2° La transmission des émotions, qui s’accomplit ainsi à distance d’un système nerveux à l’autre, est augmentée au plus haut point par le toucher. […] Il se produit ici des phénomènes mentaux très analogues au phénomène physiologique qui nous fait trouver du plaisir dans les frictions énergiques à la peau, dans les affusions d’eau froide, toutes excitations pénibles au début, mais bientôt agréables par l’afflux de force nerveuse qu’elles provoquent. […] N’oublions pas d’ailleurs que, pour être absolument inexpressive, une sensation devrait être isolée, détachée dans l’esprit ; il n’en est pas une de ce genre, et la cuisine même peut acquérir par association quelque valeur représentative : une salade appétissante est un petit coin de jardin sur la table et comme un résumé de la vie des champs ; l’huître dégustée nous apporte une goutte d’eau de l’Océan, une parcelle de la vie de la mer.

433. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

On va lui broyer ses chevilles délicates, on va lui ballonner le ventre avec des torrents d’eau, ou accomplir sur elle toute autre abomination. […] Décidément, on n’a pas le courage d’en vouloir à ce pauvre diable d’aller fuir sous l’eau le spectacle de la civilisation. […] L’opiniâtreté des poursuites, l’attitude du gouvernement qui s’était affermi, et une certaine lassitude naturelle à l’esprit humain avaient jeté beaucoup d’eau sur tout ce feu.

434. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Le poëte refuse de boire avec cette eau sombre l’oubli des douleurs qui l’ont fait homme et des remords qui l’ont purifié. […] Figurez-vous un paysage extra-naturel ou plutôt une perspective magique faite avec du métal, du marbre et de l’eau, et d’où le végétal est banni comme irrégulier. […] Il s’est calmé et a mis comme on dit de l’eau dans son vin ; mais cette eau est de l’eau du Gange. […] L’eau s’en va par cette fissure inaperçue, les fleurs altérées se dessèchent, penchent la tête et meurent. […] Sully-Prudhomme : un vase de cristal bien taillé et transparent où baigne une fleur et d’où l’eau s’échappe comme une larme.

435. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

celui d’un petit enfant qui vient de recevoir les eaux du baptême. […] » Plus de censure, la Scène à faire, Quelques fleurs… sont des prodiges de gaîté ; mais il en est de la gaîté comme du bleu de l’eau des lacs qui disparaît quand on en rapporte un peu dans un verre ; il faut la voir où le bon Dieu l’a mise, dans son cadre, aller en Suisse pour voir la couleur de l’eau, prendre le livre pour en comprendre toute la belle humeur. […] Seul, un cerf brame au loin vers les eaux. […] Très ordonné, aimant que chaque objet demeurât en sa place, il défendait de rien ôter de lui, excepté l’eau et les flegmes qui s’y pourraient trouver. […] C’est le soleil qui entretient l’eau à l’état liquide et l’air à l’état gazeux ; sans lui tout serait solide et mort ; c’est lui qui vaporise l’eau des mers, des lacs, des fleuves, des terres humides, forme des nuages, donne naissance aux vents, dirige les pluies, régit la féconde circulation des eaux ; c’est grâce à la lumière et à la chaleur solaire que les plantes s’assimilent le charbon contenu dans l’acide carbonique de l’air : pour séparer l’oxygène du carbone et retenir celui-ci, la plante effectue un immense travail ; la fraîcheur des forêts a pour cause cette conversion de la chaleur s

436. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « APPENDICE. — LEOPARDI, page 363. » pp. 472-473

. —  Tout, pour toi, dans ce monde est ténèbres, hasard : Un grand principe aveugle, un mouvement sans cause Anime tour à tour et détruit chaque chose ; Par tous les éléments, sous les eaux, dans les airs, Chaque être en tue un autre : ainsi vit l’Univers ; Et dans ce grand chaos, bien plus chaos lui-même, L’homme, insondable sphinx, ajoute son problème, Crime et misère, en lui, qui se donnent la main ; La douleur ici-bas, et point de lendemain. —  Oh !

437. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre premier. De la stérilité d’esprit et de ses causes »

On tâche donc au contraire de suspendre son activité ; on arrête en soi la vie, comme si de ce calme et de cette langueur allait soudain jaillir la pensée comme l’eau parmi les sables du désert.

438. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Samain, Albert (1858-1900) »

Pierre Quillard Parmi les arbres d’un parc automnal que l’imminence de la mort pare d’une beauté touchante et solennelle, sur des eaux lentes parfumées au crépuscule de pâles roses et de violettes pales, près d’une seigneuriale demeure qui s’écroule au milieu des hautes herbes et atteste une existence dix fois séculaire par l’effondrement des majestueuses salles romanes et des étroits boudoirs, encore tendus de molles étoffes en lambeaux, là et point ailleurs, il faut se réciter d’une voix mêlait colique et fière les vers de M. 

439. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre premier. Musique. — De l’influence du Christianisme dans la musique. »

Il faut qu’il connaisse les sons que rendent les arbres et les eaux ; il faut qu’il ait entendu le bruit du vent dans les cloîtres, et ces murmures qui règnent dans les temples gothiques, dans l’herbe des cimetières, et dans les souterrains des morts.

440. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Amédée Van Loo  » pp. 139-140

Je vois ici un homme qui dort, là un homme à qui l’on verse de l’eau sur la tête.

441. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Les grandes sources sentimentales et lyriques que notre époque a comme trouvées en elle et fait jaillir plus abondamment que tous les anciens jets d’eau de Chantilly ou de Versailles, ne sauraient dissimuler et masquer ce noble fond régulier, harmonieux, de l’édifice, ce portique d’un beau temple qu’on ne referait plus. […] Rien de plus… Et si, murmurante, Dans ce bois, devenu le mien, Venait à luire une eau courante, Alors,… si ce n’est quelque rente,… Il ne me manquerait plus rien. […] Et nous lisions Homère ; et, dès la blonde aurore, Je sentais, vers la mer l’œil fixé tout le jour, Pour l’eau bleue et profonde un indicible amour, Et j’écoutais le vent sonore. […] c’était un charme puissant D’entendre sa présence à la poupe fidèle, Et de voir le vaisseau, sur l’onde alors glissant, Fuir et pencher sa voile, ainsi qu’une hirondelle, Quand rasant l’eau, joyeuse, elle y trempe son aile.

442. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Les vers que voici montrent ce défaut adventice ; ils sont en même temps un bon paradigme des quelques combinaisons d’harmonies auxquelles se prête ce poète : Viens dans les calmes eaux laver tes mains coupables Et ton manteau froissé de vents et d’orages Et les yeux remplis du sable Des routes d’ombre et des plages Interminables à tes voyages Des terres de folie au pays des sages Où l’eau terne languit en âges de sommeil Parmi les arbres grêles et sous de pâles ciels. […] Voici un autre fragment exceptionnellement parfait ; sur une basse continue de syllabes sombres et nasales très habilement conduites, des notes longues et graves s’entrelacent, étoilées çà et là d’un point clair : Des faces mortes sont au fond de nos silences… De grandes ailes ont plané sur les eaux. Le marbre et le basalte et l’ombre et le silence Érigent, dans la Nuit, des tombeaux Où la face sculptée au fronton du silence Éternise sa vigilance À revoir sa durée aux taciturnes eaux.

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