/ 1649
21. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Ses maîtres furent les jurisconsultes romains, le divin Platon, et ce Dante avec lequel il avait lui-même tant de rapport par son caractère mélancolique et ardent. […] Qui ne ressentira un divin plaisir en ce corps mortel, lorsque nous contemplerons ce monde des nations, si varié de caractères, de temps et de lieux, dans l’uniformité des idées divines ? […] Le droit est fondé sur une autorité divine. […] On vit renaître l’âge divin et le gouvernement théocratique. […] Vico présente, par ce double caractère, une analogie remarquable avec l’auteur de la Divine comédie.

22. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Son rôle longtemps silencieux, ç’a été d’être spiritualiste et adorateur du divin au milieu du débordement des doctrines naturalistes ou matérielles. […] Sa destinée divine, comme il l’appelle, lui semblait douce et belle si on l’eût laissé faire ; mais les obstacles ici-bas n’ont jamais manqué. […] Il se faisait apôtre à sa manière ; c’était un amateur et un volontaire de la philosophie divine qui faisait ses recrues à petit bruit. […] S’il se sépare de son siècle par la pureté morale et par une vive pensée de spiritualité divine, il en participe sur d’autres points essentiels de sa doctrine, et il en porte le cachet. […] Lorsque arrive la Révolution avec ses rigueurs et ses spoliations fatales, persuadé de l’idée que c’est une expiation divine, il a une pitié médiocre pour les personnes.

23. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Dans la Judée, au contraire, le Dieu unique est seul célébré, et la pureté du culte, la grandeur et l’unité de l’Être divin éclatent avant tout, dans la magnificence des hommages qui lui sont adressés. […] La rencontre des mêmes notions dans l’homme atteste, non pas une transmission unique et directe, mais l’identité des âmes et leur affinité naturelle avec la vérité divine. […] et n’a-t-il pas en même temps prétendu que cette première imposition des noms venait d’une nature divine et supérieure il l’homme ? […] « Ô Dieu, tes conseils sont tout divins. […] Les soins et les bonheurs apparents de la vie, les émotions même de la charité, se perdaient pour elle dans une pensée plus haute de contemplation divine.

24. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Ils ferment les yeux aux monuments sublimes ou divins de l’histoire de la sagesse, des théogonies, des poésies primitives ; ils tiennent tout cela pour non avenu. […] De plus, cette faculté de la conscience est plus divine, en quelque sorte, en nous, que les deux autres, car elle est indépendante de nous. […] Voilà, non pas sans doute le mot, mais l’ombre du mot divin de l’énigme de nos misères et de nos ténèbres dans notre condition humaine. Le mot est dur et lourd, mais il est divin. […] Derrière cette apparente dérision des choses humaines il y a donc un divin mystère ; ce mystère, c’est la sagesse et la bonté de Dieu.

25. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

« Et moi », s’écrie le poëte, « moi qui, dans ce divin langage, entends la consolation et la plainte de si nobles bannies, je tiens à honneur l’exil qui m’est imposé. […] L’ensemble de la Divine Comédie nous offrirait souvent des marques de ce progrès du temps et du génie, malgré les accessoires barbares qui s’y mêlent. […] Platon l’eût affirmé ; et sa Diotime, cette image de la sagesse et de l’amour, dont il a fait l’inspiratrice de Socrate, était moins divine que Béatrix. […] « Après qu’il se fut davantage approché de nous, l’oiseau divin parut plus brillant ; et l’œil, n’en pouvant soutenir l’éclat, s’abaissait ébloui. […] Quelques-unes des plus grandes beautés éparses dans la Divine Comédie sont empruntées à ce caractère militant de l’enthousiasme poétique.

26. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Le prieur de ce monastère, pour faciliter au jeune artiste la représentation de la mort divine, prêta à Michel-Ange la clef des salles où l’on exposait les cadavres de la paroisse avant la sépulture. […] Si jamais l’imagination d’un mortel se jouant des formes et des couleurs pour reproduire la création par l’image, donna quelque idée de la conception divine se jouant dans sa puissance créatrice des temps, des espaces, des éléments, des êtres naissant et disparaissant sous ses yeux, c’est dans ce monde du pinceau de la chapelle Sixtine qu’il faut chercher, bien plus que dans la Divine Comédie de Dante, cette divine comédie de l’infini. […] On s’étonne que cette force du Titan du marbre et du pinceau puisse se plier, s’attendrir et s’efféminer jusqu’à la rêverie mystique et jusqu’à la dévotion langoureuse de l’amour divin. […] « L’œuvre divine en elle manifeste tellement l’ouvrier, qu’elle me ravit à lui par des impressions aussi divines, et que j’y puise intarissablement mes idées, mes inspirations, mes œuvres, mes paroles, dans le feu dont je brûle pour l’angélique modèle ! […] On dressa son catafalque et on déposa son corps sous ce dôme de San Lorenzo, au milieu de ces statues du Jour et de la Nuit, du Crépuscule et de l’Aurore, ses plus divines conceptions.

27. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

« Mais cela signifie surtout :Émancipons la vie divine. […] Mais tous les trois nous ont montré la voie de la régénérescence et du salut dans un même accord au sein de la réalité seule divine, dans une foncière amitié sous l’aile du tout. […] Mépriser dans l’humanité la foule des êtres et dans la nature la fouie des choses, c’est nier toute intime vérité, toute conscience mondiale, n’est nier le divin, au nom duquel vous insultez la vie. […] De l’autorité politique à l’autorité divine, nous trouverons le même changement radical, la même révolution dans la pensée — dans la pensée, hélas ! […] Le « divin » pris dans ce sens, réel et véridique, n’est-il pas l’ensemble de toutes les solidarités, le faisceau de tous les biens, la synthèse de tous les accords ?

28. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

L’événement capital de l’histoire du monde est la révolution par laquelle les plus nobles portions de l’humanité ont passé des anciennes religions, comprises sous le nom vague de paganisme, à une religion fondée sur l’unité divine, la trinité, l’incarnation du Fils de Dieu. […] Comme l’instinct de l’amour, qui par moments élève l’homme le plus vulgaire au-dessus de lui-même, se change parfois en perversion et en férocité ; ainsi cette divine faculté de la religion put longtemps sembler un chancre qu’il fallait extirper de l’espèce humaine, une cause d’erreurs et de crimes que les sages devaient chercher à supprimer. […] En tout cas, la Perse n’a pas converti le monde ; elle s’est convertie, au contraire, quand elle a vu paraître sur ses frontières le drapeau de l’unité divine proclamée par l’islam. […] Israël n’aura plus désormais d’autre direction que celle de ses enthousiastes religieux, d’autres ennemis que ceux de l’unité divine, d’autre patrie que sa Loi. […] L’éternelle poésie des âmes religieuses, les Psaumes, éclosent de ce piétisme exalté, avec leur divine et mélancolique harmonie.

29. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

et l’enthousiasme de la Jeune Italie qui fait de la Divine Comédie son Évangile ! […] Pour s’affermir dans sa résolution, il se faisait lire Platon, le divin. […] Il est très-malaisé de quitter la Divine Comédie, plus malaisé encore d’en parler dignement. […] Mais enfin votre Dante ne l’a pas fait, lui, ce mensonge divin. […] Elle n’a inspiré ni une Vita Nuova ni une Divine Comédie.

30. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Était-ce parce que les langues humaines leur paraissaient insuffisantes à contenir les vérités divines qu’ils annonçaient aux hommes ? […]  » Saint Paul écrit quelques années après aux Hébreux : « Dieu a créé les siècles par son Fils, le Verbe, la parole divine, la lumière, la vie !  […] Nous ne la voyons que dans un atome et dans une seconde : c’est l’universalité et l’éternité qui justifient sans aucun doute l’œuvre divine. […] Socrate part de là pour exposer la partie fondamentale de son système philosophique, tout spiritualiste et tout divin, système qui a scandalisé de tout temps les partisans de l’axiome matérialiste : Tout vient à l’esprit par les sens. […] L’Inde primitive, en admettant les incarnations de ses divinités, admettait, avant tout, l’Être divin et unique, source et une de ces incarnations.

31. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Les sphères elles-mêmes se meuvent aux mesures d’un rythme divin, les astres chantent ; et Dieu n’est pas seulement le grand architecte, le grand mathématicien, le grand poète des mondes, il en est aussi le grand musicien. […] Il continua à parler en langage divin avec les hommes lettrés, et à s’entretenir, jusqu’à son dernier soupir, avec les hommes simples dont il avait décrit tant de fois les mœurs, les travaux et les misères dans ses poèmes. […] Ils y roulèrent une roche, sur laquelle ils gravèrent au ciseau ces mots : « Cette plage recouvre la tête sacrée du divin Homère. » Ios garda à jamais la cendre de celui à qui elle avait donné ainsi la suprême hospitalité. […] Sous Ptolémée Philopator, les Smyrnéens lui érigèrent des temples et les Argiens lui rendirent les honneurs divins. […] Puis vint Solon, ce fondateur de la démocratie d’Athènes, qui, plus homme d’État que Platon, sentit ce qu’il y avait de civilisation dans le génie, et qui fit recueillir ces chants épars, comme les Romains recueillirent plus tard les pages divines de la Sibylle.

/ 1649