. — Chez les anciens, le héraut qui déclarait la guerre, invitait les dieux à quitter la cité ennemie (evocabat deos).
Dans toute religion la loi du fidèle, son idéal, c’est l’imitation du dieu. […] Dans l’épopée, l’humanité prend pleine possession de la poésie, qui n’appartenait qu’aux dieux. […] C’était la forme exactement conservée des poèmes primitifs, adressés aux dieux et constituant le rituel des cérémonies sacerdotales. […] Pourquoi ces invocations à chaque instant ramenées du poète à la Muse, à la déesse nourricière, au dieu paternel ? […] Quand les poètes antiques ont parlé d’un dieu qui les inspirait, c’est qu’ils l’ont senti.
Ce don des Dieux, nulle ne l’a reçu plus éclatant, plus magnifique et plus souverain que la comtesse Anna de Noailles. […] Cela s’appelait Le Crépuscule des dieux et avait pour auteur un certain Elémir Bourges. […] C’était un livre à lire et à relire, ce Crépuscule des dieux, qui contrastait si fortement avec la morne et basse production naturaliste d’alors. […] Sans Elémir Bourges et son Crépuscule des dieux, je n’aurais peut-être pas écrit la Double Maîtresse et le Bon Plaisir. […] C’était une œuvre d’une singulière beauté et d’un caractère très différent de celui du Crépuscule des dieux.
Pour toi, j’abandonnai, sur l’aile des chimères, L’ombre pâle où les Dieux gisent, ensevelis. […] C’est la vie : écoutez, la source vive chante L’éternelle chanson sur la tête gluante D’un dieu marin tirant ses membres nus et verts Sur le lit de la Morgue… et les yeux grands ouverts. […] Ce n’est peut-être pas mensonge ; c’est plutôt incapacité de nature à se penser soi-même, à prendre conscience de soi en son propre cerveau et non dans les yeux et sur les lèvres d’autrui ; même quand elles écrivent ingénuement pour elles-mêmes en de petits cahiers secrets, les femmes pensent au dieu inconnu qui lit — peut-être — par dessus leur épaule. […] Il n’y eut pas de présent pour Laforgue, sinon parmi un groupe d’amis : il mourut comme allaient naître ses Moralités Légendaires, mais offertes encore au petit nombre, et à peine put-il savoir de quelques bouches que ces pages le vouaient inévitablement à vivre, de la vie de gloire, parmi ceux que les Dieux créèrent à leur image, dieux aussi et créateurs. […] Oubli de flûte, heures de rêves sans alarmes, Où tu as su trouver pour ton sang amoureux La douceur d’habiter un séjour odoreux De roses dont les dieux sylvains te font des armes.
Les Grecs croyaient à leurs dieux, mais leur obédience se conciliait avec une indépendance marquée. […] Il combattit la divination et les dieux. […] Le même amour se retrouve à l’origine de toutes les mythologies, chez les dieux et les héros. […] Lui, si fervent adorateur du beau, n’était-il pas heureux de servir son dieu ? […] André Hallays insiste-t-il sur les fées, les sorciers et les dieux du Nord ?
ce « Sacrifice au dieu Cuculcan », photographié par M. […] Un brouillard scolaire avait défiguré les dieux. […] Sacaze traduit : « Au dieu Iscitt, Hunnu, fils de Huoloxis5 » Le dieu Ilixon ! Le dieu Iscitt ! […] Ce financier répugnant est un roi, presque un dieu.
Du moment que l’homme était dieu, il fallait des dieux de toutes les grandeurs et de toutes les qualités, et comme les romantiques étaient tous poètes, le poète était le dieu le plus parfait. […] Nous disséquerons jusqu’à ce que nous soyons dieux, et nous ne le serons jamais, car nous l’aurions toujours été. […] Le caillou est dieu ! […] Qu’ils aient des passions de héros et de dieux. Ne connaissant que des gens pareils à nous, nous ne savons comment s’expriment des passions de dieu ou de héros, mais il est mathématiquement évident qu’en représentant ces passions autrement que tu le ferais pour des petits-bourgeois du dix-neuvième siècle, en les représentant, par exemple, comme étant un peu gens de pierre ou de bois, tu éviteras la trivialité, et tes personnages n’étant pas de vrais hommes, ne pourront être acclamés que dieux ou héros.
Sully-Prudhomme l’a écrit dans le Zénith, les anciens dieux n’ont plus de prêtres ; ce sont des astres qui portent aujourd’hui les noms sacrés de Jupiter ou de Vénus, — des astres que l’homme a découverts et pesés. […] Les vers avaient leur dieu, et il semblait qu’un beau vers fût l’incarnation même d’Apollon. […] Legouvé47, qui a pour lui son expérience de lecteur consommé, croit aussi à l’existence de deux types de vers distincts, qu’il tâche, il est vrai, d’unir dans la même admiration : ce sont « deux puissants dieux », dit-il en empruntant un vers Athalie, et il faut les servir tour à tour ; par malheur, il a toujours été difficile de maintenir le bon accord entre les dieux comme entre les rois. […] Le poète, dit-il, ajustera ses vers « en bouchant les trous avec sa main d’artiste », et, pour boucher les trous, il a toujours la « cheville », ce secours des dieux. […] Plus tard, l’architecture (qui est comme le troisième art humain) s’est développée dans la construction des palais des chefs et des dieux.
La pièce est bien, elle est conduite conformément à l’histoire, et raisonnablement ; il y a d’assez beaux vers et il n’en est pas qui choquent ; la couleur locale, les apostrophes aux dieux lares, les allusions aux coutumes romaines, la farine et le miel, l’orge et le sel, tout cela est assez à point employé ; mais ce qui donne le caractère dramatique, c’est l’accent de mademoiselle Rachel en deux ou trois moments, c’est son attitude simple, noble, virginale, dans toute la pièce ; elle est belle comme certaines figures des vases antiques. — Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que toute cette couleur d’André Chénier romain, où la scène se retrempe et rajeunit tant bien que mal sa teinte en ce moment, a été pour la première fois essayée et appliquée par un poëte peu connu, M.
Guizot, mais une résurrection ; il a voulu y apporter la vie, l’étincelle directe, l’amour ; tentative hardie, bien scabreuse, car enfin l’historien n’est pas un dieu ni un thaumaturge pour ressusciter par sa vertu les morts.
Leur criai-je en colère, et, dans l’ardeur du feu, Les dévots n’étaient bien frappés que dans leur dieu.