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709. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Ni l’amour, ni la femme, ni sa destinée, ni la nôtre, à nous qui l’aimons, ne sont là où Michelet les a mis, exclusivement mis dans sa monstrueuse préoccupation. […] C’est le poisson qui est son héros naturel pour l’heure, c’est le poisson sur les destinées duquel il veut attendrir nos sympathies, malgré les écailles et les arêtes de ces bêtes gluantes et désagréables à toucher, même pour cette grande dégoûtée d’imagination qui est la faculté, de toutes nos facultés, la plus profondément matérialiste.

710. (1929) Amiel ou la part du rêve

Les autres, quand elles échappent aux dangers, portent la marque de la destinée, de l’invention. […] Amiel était destiné, dans sa réserve avec les jeunes, ensuite avec les moins jeunes, à badiner indéfiniment avec l’amour. […] Si leurs destinées furent bien différentes, leurs origines, leur esprit, se ressemblent, et des deux côtés de l’arbre calviniste les deux branches s’équilibrent. […] Les républiques sont ingrates, les journalistes indifférents, les collègues distraits et la destinée burlesque. […] Il y avait reconnu quelque chose de son cœur et de sa destinée, de sa vie solitaire et spirituelle de poète traducteur ou d’ami des lacs.

711. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Ces étoffes grossières ne résisteront pas longtemps à l’usage des corps nerveux auxquels elles sont destinées ; si elles coûtent peu, elles ne dureront guère. […] Quel étonnant poëme que le morceau destiné à caractériser la Renaissance et intitulé le Satyre ! […] On demandait à la fois d’autres inspirations pour le théâtre et d’autres destinées pour la France. Les futures destinées arrivaient à la hâte. […] Samson, le Gymnase la rendit paternellement à ses destinées.

712. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Il en est encore de même, bien qu’à un moindre degré qu’autrefois, dans l’ordre religieux, qui intéresse l’âme, sa nature et sa destinée. […] Le solide pain de ménage, destiné à la nourriture des familles, est honnête et louable ; mais comme il n’est pas très appétissant, il moisit quelquefois sur les rayons du boulanger. […]  » D’après cette saine doctrine, la froideur ou l’hostilité de la critique contemporaine ne saurait prévaloir contre la destinée glorieuse assurée à un bon ouvrage ; l’emballement de la critique sur un mauvais livre ne peut pas prévaloir non plus contre l’effondrement certain que l’avenir lui réserve. […] Je sais des critiques d’une pénétration, d’un esprit poétique, d’une sagacité qui surpassent ceux-là même dont la destinée est de laisser à l’âge suivant le compte de notre état intellectuel38. […] Edmond Rostand, plus de cent fois représenté85, aura-t-il la destinée du Cid ou celle de Timocrate ?

713. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Quelle que soit d’ailleurs sa destinée, son action sur ses contemporains est très faible et souvent à peu près nulle.

714. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IV »

Voici quelques-uns de ces termes dont plusieurs sont familiers à tous sous leur double signification : marron, talon, barbe, jet-d’eau, valet, chevron, poutre, dos-d’âne, poitrail, corbeau, œil-de-bœuf, gueule-de-loup, tête-de-mort, queue-de-carpe, et tous noms d’engins destinés à soulever des fardeaux : bélier, mouton, moufle, grue, chèvre, vérin 46.

715. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 20, de quelques circonstances qu’il faut observer en traitant des sujets tragiques » pp. 147-156

Le théatre est, pour ainsi dire, un livre destiné à être lû en public, et les bienséances doivent être observées, tous les égards doivent être gardez dans les pieces qu’on y répresente, avec encore plus de severité que dans l’histoire la plus grave.

716. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Parlons des préjugez sur lesquels on peut, non pas attribuer, mais promettre à des ouvrages publiez de nos jours et de ceux de nos peres, la destinée d’être égalez aux anciens par la posterité.

717. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Cet accent étoit destiné à faire entendre qu’après avoir d’abord élevé la voix, il falloit la rabaisser sur la même syllabe. […] Au reste, cette pratique ne s’observe que dans les Livres d’Eglise destinés à des lectures publiques. […] Parle-t-on d’un objet singulier : l’adjectif doit avoir la terminaison destinée à marquer le singulier. Le substantif est-il de la classe des noms qu’on appelle masculin : l’adjectif doit avoir le signe destiné à marquer les noms de cette classe. […] On a destiné ces sons à être le signes des idées, des pensées & des jugemens.

718. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Mais enfin ce n’est plus permis : nul moyen désormais de mériter d’eux sans faillir à la Destinée. […] Pour rendre la vie à l’Imagination, cette fois, la destinée décrétera d’autres ressources que celles d’une Révélation nouvelle. […] J’admire ce suicide, combien plus que la majestueuse destinée et la vieillesse glorieuse d’Hugo. […] Je ne crois pas qu’il ignore les destinées de l’Art : il sait toute la Forme et la Forme, qui sait tout, a dû les lui dire. […] Mais, destinée mélancolique !

719. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Toute vieille évidence est destinée à s’effacer devant une évidence nouvelle. […] Il est remarquable qu’en ses romans, destinés en apparence au peuple, Victor Hugo ne fit jamais au peuple aucune concession. […] Songez à des créatures auxquelles on enseignerait longuement la cuisine et tous ses secrets et qui seraient destinées à vivre de lard et de pot-au-feu  ! […] la grammaire qu’à ceux qui sont destinés à la pouvoir comprendre ou à la devoir pratiquer ! […] L’accord des participes à qui est destiné à n’écrire jamais que de rares lettres de famille, d’une main gauchie par la charrue ou la pioche !

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