Racine savait très bien ce qu’il faisait quand il inventait Aricie pour développer Phèdre et Eriphile pour déployer Iphigénie. […] Avec le goût du spectacle, que Voltaire avait développé chez ses contemporains, les hommes du dix-huitième siècle rêvaient en action tous les dénouements classiques, et cela n’a fait que croître. […] Transformer des velléités en volontés formelles et ces idées en passion véritable, par conséquent, non seulement exposer, mais faire naître, développer et mûrir le caractère d’Alceste, tel est, selon moi, l’objet du Misanthrope. « Si je ne me fais pas illusion sur ce point, vous conviendrez sans doute avec moi, Monsieur, que l’action du Misanthrope, envisagée de ce point de vue, n’est ni lente, ni médiocre en ses effets et qu’elle a, même, vis-à-vis de celle des autres pièces de Molière, cette rare et précieuse originalité de nous présenter mieux qu’un caractère formé d’avance, antérieurement à elle ; de nous offrir un caractère qui se fait sous nos yeux à mesure qu’elle se développe, qui se fait en elle et par elle.
Rien au monde n’est plus dramatique, parce que s’il est intéressant de voir à quel point nous sommes des machines, réglées une fois pour toutes comme une montre, il est bien plus intéressant encore de voir ce que fait de nous, soit une passion qui se développe jusqu’à devenir très différente de ce qu’elle était quand elle nous a saisis une première fois, soit la vie elle-même agissant sur nous et nous modifiant et pétrissant à son gré. […] Je l’allongerai. » Elle avait paru longue parce qu’elle n’était pas claire : il fallait la développer. […] Donnay n’a point réprimé, ce qui est signe qu’il y tenait, et qui, du reste, est trop du meilleur Donnay pour que je ne vous en régale pas en passant : « r Peut-être aussi que viendra le règne du surhomme et que chacun s’appliquera à développer sa volonté de puissance.
M. de Buffon en développe un semblable dans la septième des époques de la nature. […] Quintilien en développa dignement les savantes beautés. […] Continuel acteur de cette scène, ses passions, toujours intéressées à ce qu’il raconte, augmentent encore son éloquence ; mais cette éloquence est rapide, simple, négligée ; elle peint d’un trait ; elle jette, sans s’arrêter, des réflexions profondes ; souvent les idées sont à peine développées ; c’est un nouveau langage que parle l’orateur romain. […] Dès les premières pages le bel Abrocome et la belle Anthia, l’ornement de la ville d’Éphèse, sont heureux amants et heureux époux ; mais il arrive bientôt de cruelles séparations et de longues traverses, qui ne servent qu’à développer davantage la fidélité d’Abrocome et la vertu d’Anthia, jusqu’au moment d’une paisible réunion.
Cette tendance intérieure de la littérature à se rendre plutôt l’interprète des « idées communes » ou générales que des opinions particulières, et qu’on a déjà vue poindre chez quelques écrivains de l’âge précédent, ce sont nos précieuses qui l’ont développée, fortifiée et consolidée. […] La vieillesse de Corneille. — Œdipe, 1659 ; Sertorius, 1662 ; — Sophonisbe, 1663 ; Othon, 1664 ; Agésilas, 1666 ; Attila, 1667 ; — Tite et Bérénice, 1670 ; Pulchérie, 1672. — De Corneille, peintre d’histoire ; — et de la fausseté du paradoxe de Desjardins dans son Grand Corneille historien. — La couleur locale dans l’œuvre de Corneille. — Que les défauts de ses dernières pièces se développent du même fond que les qualités de ses chefs-d’œuvre. — Qu’elles ne sont plus que plaidoiries et thèses. — Le machiavélisme des motifs [Cf. […] Le contenu du Dictionnaire. — Lacunes singulières qu’on y remarque ; — il n’y a point dans le Dictionnaire historique d’articles sur Socrate, sur Platon, sur Cicéron, sur Thomas d’Aquin, sur Descartes, sur Pascal, — ni généralement sur les auteurs dont le dogmatisme eût gêné les opinions de Bayle ; — mais en revanche il y en a sur Épicure, sur Anaxagore, sur Zénon d’Élée, sur Lucrèce, sur Xénophane, sur Érasme ; — et, par hasard, ce sont les plus développés. — La clef du Dictionnaire de Bayle. — Il se propose, en entrechoquant les leçons de la religion et les enseignements de la raison [Cf. les articles Manichéens et Pyrrhon] — d’ébranler fondamentalement le dogme de la Providence [Cf. les articles Rorarius, Timoléon, Lucrèce] ; — et d’en conclure que l’humanité ne doit tenir compte que d’elle-même dans l’établissement de sa morale. — Comparaison de ce dessein avec celui de Malebranche — et de Spinoza. — Subtilité de la dialectique de Bayle ; — et sa manière d’user des « renvois » [Cf.
À travers ces dévergondages d’esprit, parmi ces exigences raffinées et cette exaltation inassouvie de l’imagination et des sens, il y avait une passion, l’amour, qui, les réunissant toutes, s’était développée à l’extrême, et montrait en abrégé le charme maladif, l’exagération foncière et fatale, qui sont les traits propres de cet âge, et que la civilisation espagnole reproduisit plus tard en florissant et en périssant.
Je lui contais alors, qu’Eisen père avait développé le talent de son fils, le merveilleux vignettiste du xviiie siècle, en lui faisant faire chez lui, des copies de mémoire, des tableaux de musées, devant lesquels il allait passer des heures, deux ou trois jours de suite.
Hugo apparaît à l’Académie après quinze ans de la plus curieuse lutte intellectuelle qui se puisse voir, et à la tête d’une œuvre littéraire qui se déroule sous trois faces : la poésie, le roman et le drame, toutes trois faces pareillement développées, pareillement fécondes.
Je pense à cette idée qu’il développe si ingénieusement que l’angoisse névrotique, c’est-à-dire, sans objet, et même l’angoisse avec objet absurde, c’est-à-dire la phobie, ne sont que des substituts de la libido, et naissent quand la libido ne trouve pas son emploi naturel. […] Il y a là une indication très précieuse et qu’il nous faut développer.
Ceci, si je ne me trompe, est un bon sophisme que je vais tâcher de développer. […] C’est-là que se déployent les caracteres, et que se développent les sentimens.
Mais vouloir peindre les anciens, s’efforcer de développer leurs ames, regarder les évenemens comme des caracteres avec lesquels on peut lire sûrement dans le fond des coeurs ; c’est une entreprise bien délicate ; c’est dans plusieurs une puérilité. […] On sait assez que la méthode & le style de Tite-Live, sa gravité, son éloquence sage, conviennent à la majesté de la république romaine ; que Tacite est plus fait pour peindre des tyrans, Polybe pour donner des leçons de la guerre, Denys d’Halycarnasse pour développer les antiquités.
L’Ancien Testament n’est-il pas l’allégorie que le Nouveau Testament développe ? […] Une idée qui se développe n’est pas à tout moment splendide. […] L’idée se développe ainsi d’un mouvement large et fort, que ne ralentissent pas les reprises d’élan, que ne fatigue pas la longueur de l’étape et qui va jusqu’à son terme sans défaillance. […] Or, au cours de cinquante volumes et à mesure que se développe, s’enrichit d’exigences nouvelles, s’épanouit l’âme d’un écrivain par la vertu même de la vie, que deviennent et l’instrument de son premier effort et les bases qu’il a jetées pour l’édifice lent à bâtir ?