Ils étaient dépositaires des joies et des chagrins des femmes, de leurs désirs, de leurs jalousies, de leurs haines et de leurs amours ; ils les faisaient rompre avec leurs galants, les brouillaient, les réconciliaient avec leurs maris, et profitaient des interrègnes436.
Nous parlons d’une intime transfusion, grâce à laquelle les forces que la nature a dirigées vers des opérations différentes seraient employées à une même fin. » Ces rêves, ces imaginations nous paraissent aujourd’hui monstrueuses, peut-être parce qu’elles sont monstrueuses en effet, surtout parce que les sciences naturelles ont depuis continué à marcher, et parce que de toutes parts nous avons reçu de la réalité de rudes avertissements ; nul aujourd’hui, de tous les historiens modernes, et de tous les savants, ne les endosserait ; et non seulement il n’est personne aujourd’hui qui ne les renie, mais il n’est personne au fond qui n’en veuille à l’ancien d’avoir aussi honteusement montré sa pensée de derrière la tête ; nous au contraire, qui n’avons aucun honneur professionnel engagé dans ce débat, remercions Renan d’avoir, à la fin de sa pleine carrière, à l’âge où l’homme fait son compte et sa caisse et le bilan de sa vie et la liquidation de sa pensée, achevé de nous éclairer sur les lointains arrière-plans de ses rêves ; par lui, en lui nous pouvons saisir enfin toute l’orientation de la pensée moderne, son désir secret, son rêve occulte.
C’est ce que Dante appelle quelque part : lo grand disio d’eccellenza , l’âpre désir d’exceller, et Boccace l’ambition de se survivre à soi-même : perpetuandi nominis desiderium .
Cet amoureux d’initiative, mais ce tempérament de plus de désir que de puissance, qui cherchait partout où se dégonfler et qui concubinait avec toutes les idées, s’était cru de force prolifique à féconder le théâtre épuisé.
Cuvillier-Fleury, qui, après les avoir étudiés avec une scrupuleuse sollicitude, ne peut s’empêcher d’attribuer les accusations dirigées par madame Sand contre ses proches, au désir de se justifier elle-même. […] « De là au dégoût de la vie et au désir de la mort, écrit-elle, il n’y a qu’un pas. […] L’auteur a conçu ce caractère comme un vivant contraste avec celui des types modernes des riches héritières, un peu plus vaines encore de leurs millions que de leur beauté, de même qu’il a conçu celui de Maxime comme une réaction contre ces jeunes hommes de nos jours qui s’enquièrent du chiffre de la dot avant de s’enquérir des qualités de la future, et trouvent, comme l’Harpagon de Molière, que la cassette peut avoir les plus beaux yeux du monde ; seulement cette double réaction est forcée et elle va au-delà du réel ; l’auteur, dans le désir de produire plus d’effet, a trop appuyé sur le trait. […] Il faut donc entrer dans ce sombre et douloureux royaume de la misère avec une sympathique pitié pour les souffrances, un ardent désir de les soulager, avec le cœur de saint Vincent de Paul ou de saint François de Sales, mais sans haine contre la société, sans révolte contre la Providence, avec un cœur doux, miséricordieux et soumis, avec la conviction que, quoi qu’on fasse, on n’abolira pas la misère que le Christ lui-même, qui traversa le monde en faisant le bien, n’a pas abolie.
Il s’agit de mettre à la rampe cette idée, que les femmes, une fois infatuées d’une croyance ou emportées d’un désir, ont un bandeau sur les yeux, et que l’homme qui a su leur inspirer cette foi ou cette passion, les mène ensuite, comme il veut, par le bout du nez. […] Elle n’est pas capable de ces haines vigoureuses que donne le vice ; peut-être même sent-elle pour ce gros homme, chez qui elle devine d’instinct de secrets et puissants désirs, une sorte de pitié presque attendrie ; car elle est coquette au fond, et cet amour la flatte. […] Tartuffe est sérieux ; il aime, il désire tout au moins, et tandis qu’il parle, Elmire entend distinctement pétiller dans les veines de ce gros homme horriblement sanguin le feu de ses désirs inassouvis. […] Il faut la voix d’un homme pour ces mots brûlants, la main d’un homme pour ces caresses tendres, les yeux d’un homme pour ces regards noyés de désir.
Il était si complètement un bonhomme malin, spirituel et sincère ; il avait si peu vécu avec ses semblables et ses pareils ; il avait prolongé par tant de pénibles travaux, à travers tant de poussières que jetaient sous ses pas les siècles écoulés, une jeunesse inaltérable ; il avait si bien mis à profit la pauvreté, le chagrin, l’isolement, la solitude et la vieillesse enfin, quand elle vint tout d’un coup le surprendre au terme de ses travaux et de ses jours, qu’il était impossible, en dépit de mille difficultés de tous genres, de résister au désir de mettre en œuvre ces derniers efforts d’une ardeur qui s’éteint . […] Oui, cette humble limite des plus humbles désirs, ces vignes et ces pêchers, la chicorée et les œillets, il fallut vendre en bloc tous ces biens, et l’empereur les acheta au prix de cinq mille francs en bel or des contributions de tous les États de l’Europe. […] Une distraction, une fête, un plaisir, une soirée, un désir d’ami, une belle voix qui chante au piano, une réunion de beaux esprits et de femmes ajustées à ravir, les discours, les causeries, l’ironie et la vie à cinq ou six amis qui, de temps à autre, s’abandonnent au plaisir de faire bonne chère et de boire à petits coups des vins choisis, ces heures légères durant lesquelles il est impossible de vieillir, M.
La courte durée de la révolution, en rapprochant toutes les scènes de ce drame terrible, et en ne laissant vieillir aucune injure, donnait plus de vivacité à toutes les haines et à tous les désirs de punition et de vengeance. […] La reine Caroline marqua plus d’une fois le désir de le visiter dans sa retraite ; et Pope évita cet honneur.
Faut-il dire que ce que nous appelons devoir n’est point un messager divin et un guide, mais un fantôme terrestre et trompeur fabriqué avec le désir et la crainte, avec les émanations de la potence et le lit céleste du docteur Graham ?
La seconde raison de l’impossibilité de réformer entièrement notre orthographe, c’est qu’il y a bien des mots dans lesquels le besoin ou le désir de conserver l’étymologie, ne pourra être satisfait par de purs accents, à moins de multiplier tellement ces accents, que leur usage dans l’orthographe deviendrait une étude pénible.
MARTINE Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie et que je ne me suis point mariée avec toi pour souffrir tes fredaines etc… À propos de Corneille et de Racine, Péguy parlait du « départ en falaise », le souverain accent des premiers mots, abrupts, qui posent l’action et nous y font entrer dans la seconde : Impatients désirs d’une illustre vengeance… Ou bien : Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle… Ou bien encore : Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel.